L’apocalypse n’est pas loin, en tout cas pas loin dans la ville de Kinshasa. A la suite d’une gestion essayiste de la Capitale congolaise, les conditions sont quasiment réunies pour que les Kinois vivent l’apocalypse tant vantée dans la Bible chrétienne. Les différents programmes pour son assainissement, reposant sur du « m’as-tuvisme », vont être bientôt déversés dans la poubelle de l’histoire.
Kinshasa suffoque, Kinshasa ploie, Kinshasa dégringole ; la capitale vit désormais avec ses montagnes d’immondices, ses décharges polluantes, ses embouteillages burlesques au quotidien, au point que le chaos urbain se dessine bien de façon exponentielle.
Dans une capitale où l’effondrement environnemental ne fait l’ombre d’aucun doute, le tsunami social est désormais au rendez-vous. Les averses engendrant la crasse dévastatrice, l’insécurité grandissante et dont les effets sont même dénoncés par les tenants du pouvoir politique, tout porte à croire que Daniel Bumba Lubaki va déchanter au crépuscule de sa gestion comme gouverneur de la ville-province de Kinshasa.
Catapulté du sérail de son parti politique au pouvoir, l’UDPS, sans peut-être moyens financiers adéquats pour redorer l’image déjà liquéfiée de la ville, le gouverneur Daniel Bumba se cauchemarde désormais de funestes et débridées images de la ville dont il assume la gestion. Conséquence, Il est à la tête d’un Kinshasa qui sombre dans un immense abîme sans fond.
L’on peut, aisément peindre le tableau sombre avec un secteur qui fâche. Assurément, nous dira-t-on que cela ne « dépend pas du gouverneur de la ville »! Le fameux secteur des transports en commun donne désormais de la trouille, du frisson. Kinshasa ploie.
Tenez, sous peu, la mesure prise par le Commissaire provincial de la PNC/ville de Kinshasa, visant à interdire l’arrestation des véhicules sur les artères principales de la capitale, dans le but de fluidifier la circulation, semble avoir produit aucun effet, si pas des effets pervers. Malgré cette décision, les embouteillages persistent et s’intensifient, suscitant interrogations et suspicions.
Ajoutée à cette mesure, celle portant circulation à sens unique dans certaines artères bien déterminés et à certaines heures inclues. Cependant, les espoirs de voir la circulation se fluidifier rapidement, se sont rapidement dissipés. Les embouteillages, sous l’œil plaisant, loin de s’atténuer, se sont aggravés, laissant planer le doute sur l’efficacité réelle de ces mesures.
Mégapole insaisissable, monstre urbain sans véritable plan cadastral, ni plan de développement, Kinshasa * devient plus folle que certaines villes de la RDC, à l’approche des festivités de fin d’année. Sur un continent de plus de 1 milliard d’habitants, la capitale de la RDC, troisième ville d’Afrique, elle se présente désormais comme une cité-Etat à l’administration fantôme, sur laquelle ses autorités ne semblent plus avoir de véritable emprise.
Des monceaux d’ordures, d’immondices et de la crasse qui fondent au soleil, des torrents et montagnes de boue lorsqu’il pleut, des boulevards en surchauffe sous l’air tropical conjugué à la pollution du trafic, des hordes d’enfants des rues qui côtoient des millionnaires, nouveaux riches roulant en 4×4 à vitres fumées, les Kinois de la Plèbe, empressés à chercher leur survie, la suractivité de « Kin » défie le sens, autant que le chaos urbain aux conditions extrêmes où vivent, ou plutôt survivent les autorités de la ville et leur population, champions d’une certaine résilience.
Vous avez dit résilience ? Avec tous ces échecs récurrents des projets-bidons, des programmes boiteux comme ceux passés et une gouvernance demeurée atypique, rivée sur la bombance financière ?
Willy Kilapi