Sébastien Siani : « Gagner une CAN, c’est le graal »

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Sébastien Siani : « Gagner une CAN, c’est le graal »

Un des hommes clés du dispositif de Hugo Broos lors de la victoire du Cameroun à la Coupe d’Afrique des Nations CAF TotalEnergies Gabon 2017, Sébastien Siani faisait partie des principaux artisans de ce succès qui restera dans les mémoires.

Qui ne se rappelle pas de son but égalisateur face à la Guinée-Bissau à la deuxième journée de la phase de poules qui avait permis de débloquer une rencontre mal embarquée par les Lions indomptables, finalement vainqueurs 2 buts à 1 avec une autre réalisation signée Michael Ngadeu ?

C’est encore lui, qui, d’une passe astucieuse avait localisé Vincent Aboubakar pour le somptueux but victorieux en finale face à l’Egypte (2-1), ce soir du 5 février 2017.

Par ses qualités techniques exceptionnelles, sa puissance et surtout sa vision éclairée du jeu, Sébastien Siani avait su donner une âme et une puissance au milieu de terrain camerounais dont il était le principal régulateur.

Huit ans après ce sacre mémorable, l’ancien joueur du KV Ostende, actuellement en formation (UEFA A) pour devenir entraineur, reste marqué par l’émotion de cette victoire qui représente sans doute le moment le plus important de sa carrière, « le graal », comme il le qualifie lui-même.

Dans une interview accordée à CAFOnline, il raconte cette épopée et nous plonge dans les secrets de la surprenante victoire de cette équipe camerounaise dont personne ne vendait cher la peau avant le début de la compétition.

CAFOnline : Qu’est-ce que ça représente pour un joueur africain de gagner une CAN ?

Sébastien Siani : Gagner une CAN, c’est le rêve de tout joueur africain. C’est une compétition qui rassemble les meilleures équipes du continent et qui porte un poids énorme pour nos pays, nos familles et nos supporters. Cela représente l’accomplissement d’années de travail, de sacrifices, et une immense fierté pour tout un peuple. C’est le graal.

Avec plusieurs défections observées avant la CAN 2017, votre groupe était-il réellement ambitieux au départ ?

Au début, beaucoup de gens ne croyaient pas en nous à cause des absences de plusieurs cadres. Mais dans le groupe, nous étions unis et déterminés à montrer que le Cameroun avait encore des ressources. Hugo Broos a réussi à nous insuffler la mentalité de ne jamais abandonner.

La qualification au second tour au détriment du pays organisateur a-t-elle été le premier déclic ?

Oui, définitivement. Sortir du groupe en éliminant le Gabon chez eux a boosté notre confiance. Nous avons commencé à croire que nous pouvions aller plus loin. C’était un tournant psychologique pour l’équipe. Et on n’oublie pas l’exploit de Ondoa (le gardien de but, Ndlr) pour nous maintenir dans la compétition

En quart de finale face au Sénégal, personne ne vendait cher votre peau, mais vous aviez triomphé. Y avait-il eu une préparation spécifique pour cette rencontre ?

Le Sénégal était une grande équipe avec des stars comme Sadio Mané, Kouyaté, Koulibaly…

On savait qu’on devait jouer un match parfait. Hugo Broos nous a préparés mentalement et tactiquement. On a travaillé sur la discipline défensive et la solidarité, ce qui a payé.

Et contre le Ghana qui avait aussi un effectif solide, vous gagnez 2-0 en demi-finale. Qu’est-ce qui avait finalement rendu cette rencontre facile pour vous ?

Le Ghana est une grande nation de football, mais nous avons senti qu’ils n’étaient pas aussi affamés que nous. Nous avions une motivation supplémentaire, et notre solidarité sur le terrain a fait la différence.

Comment se passait le travail avec Hugo Broos en 2017 ? Quel type d’entraîneur est-il ?

Hugo Broos est un coach calme et pragmatique. Il a su nous écouter, nous comprendre, et tirer le meilleur de chacun. Il a donné une grande liberté à ses joueurs tout en imposant une discipline collective.

Quel a été le secret de ce succès en 2017 ?

Le secret, c’était notre unité. Nous n’avions pas les grands noms, mais nous étions une vraie équipe. Tout le monde jouait pour le collectif, et nous avons mis notre ego de côté pour le Cameroun.

À partir de quel moment avez-vous réalisé que vous pouviez gagner cette Coupe ?

Après la victoire contre le Sénégal en quart de finale. Nous savions que si nous pouvions battre une équipe aussi forte, rien n’était impossible. On ne se mettait pas de pression sur le long terme mais sur chaque match

Quelles étaient les grandes personnalités du vestiaire ?

Des joueurs comme Benjamin Moukandjo, Nicolas Nkoulou, et Vincent Aboubakar étaient des leaders naturels. Malgré notre jeunesse, chacun a joué son rôle pour maintenir l’équilibre du groupe.

Moi j’étais le doyen (rire…)

Vous aviez marqué un but important contre la Guinée-Bissau à la deuxième journée de la phase de poules. Racontez-nous ce moment.

C’était un moment incroyable. Le ballon m’est arrivé à l’entrée de la surface via le Capi Benjamin (Moukandjo) qui connaît très bien ma force de frappe, et j’ai frappé sans réfléchir. Voir le ballon au fond des filets m’a rempli de joie. Ce but a changé la dynamique du match. On avait fait une très mauvaise 1ere mi-temps. Et c’était inadmissible de perdre contre la Guinée-Bissau. Il ne le fallait pas du tout. Et Ngadeu a fait le reste sur une passe décisive de Bassogog.

Dans quel état d’esprit aviez-vous abordé la finale contre l’Égypte ? Etiez-vous calmes ou anxieux ?

Nous étions calmes mais concentrés. On savait que l’Égypte était expérimentée, mais nous étions déterminés à écrire notre propre histoire. On n’avait rien à perdre de toute façon.

L’égalisation de Nkoulou et le chef-d’œuvre victorieux de Vincent Aboubakar dont vous étiez le passeur décisif. Racontez-nous ces moments.

Quand Nkoulou a marqué, cela nous a donné un énorme coup de boost. On était aussi très content pour lui vu son statut durant cette compétition (il était remplaçant, Ndlr) et surtout son comportement exemplaire.

Et puis, le but de Vincent, c’était magique. Je n’ai pas douté une seule seconde pour lui faire cette passe parce qu’on avait discuté plusieurs fois et il me demandait de ne pas hésiter lorsqu’il est en attaque.

On savait à ce moment-là que la Coupe était à nous. On avait brisé la malédiction de perdre face à l’Égypte de Mohamed Salah.

L’hommage à Marc-Vivien Foé, avec le numéro 17 porté après la victoire avait quelle signification pour vous ? Un moment émouvant, non !

Absolument. Marc-Vivien Foé reste une légende du football camerounais. Cet hommage était une manière de lui rappeler qu’il fait toujours partie de notre histoire. Un grand homme

Quels sont vos meilleurs souvenirs de cette CAN ?

Les moments partagés avec l’équipe, la fête après la finale, et l’accueil incroyable de nos supporters en rentrant au pays.

Une expédition victorieuse comme celle-là est forcément parsemée d’anecdotes. Pouvez-vous en partager quelques-unes avec nous ?

Durant le match face au Sénégal, je discute avec Kouyaté et Coulibaly. Ils me demandent si notre attaquant (Ndip Tambe), l’est vraiment.

Tellement il défendait très dur. C’était un monstre pour la défense adverse. Il nous a fait du bien.

Comment avez-vous vécu l’accueil du public et la réception à la présidence ?

C’était incroyable. Voir tout un pays uni pour célébrer notre victoire était émouvant. La population qui a dormi à l’aéroport et qui nous a escortés sur presque 40km à notre arrivée, c’était impensable.

La réception à la présidence était un honneur. De rencontrer le Président de la république, un privilège.

C’est l’unique CAN que vous avez disputée dans votre carrière et elle a été couronnée de succès. Cela a quelle signification pour vous ?

C’est une fierté immense. Cette victoire restera à jamais gravée dans mon cœur. Il n’y a aucun mot assez fort pour la définir.

Le Cameroun, pour la prochaine CAN a été tiré dans le groupe F en compagnie de la Côte d’Ivoire, du Gabon et du Mozambique. Quelle appréciation faites-vous de ces adversaires des Lions ?

Ce sera un groupe assez abordable, mais le Cameroun a l’expérience pour passer. On doit juste garder notre sérieux match après match pour ne pas être surpris. Il n’y a plus vraiment de petites équipes durant une compétition internationale.

Le Cameroun a-t-il les chances de gagner comme en 2017 ?

Oui, si l’équipe joue comme un collectif et reste concentrée sur l’objectif, tout est possible. Le Cameroun est un pays de compétiteurs et même quand on ne rugit pas fort, on reste des lions indomptables.

En tant qu’ancien vainqueur, quels sont selon vous les secrets pour gagner une CAN ?

La discipline, la solidarité, et la détermination. Il faut croire en soi et travailler pour le collectif, pour la nation. Peut-être qu’il y a d’autres secrets mais ceux-là sont primordiaux.

Quel regard portez-vous sur cette compétition aujourd’hui, étant de l’extérieur ?

La CAN est une compétition spéciale. Elle reflète la passion et l’âme du football africain. Elle est à mes yeux, la p

lus importante pour tout Africain qui aime le sport.

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