Un casse-tête kinois

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Le phénomène des embouteillages à Kinshasa, dû à l’impraticabilité des artères et autres voies de circulation, a atteint une telle ampleur et un tel retentissement que son évocation par le Président de la République dans son discours sur l’état de la Nation lui a donné une dimension nationale.

Pour parer au plus pressé, le Ministère du Transport a instauré un sens unique en alternance, selon le moment de la journée, sur certains tronçons, dans le but d’améliorer la fluidité de la circulation routière au moment de grande affluence.

 

A l’observation et à la pratique, force est de constater que cette recette n’a pas amélioré la situation.

Faute d’indiquer les voies de déviation susceptibles d’absorber le trafic, cette disposition n’a abouti qu’à déshabiller Saint Pierre pour habiller Saint Paul, c’est-à-dire à déplacer le problème sur les voies secondaires sans y apporter une vraie solution.

 

Pour résoudre efficacement et de façon durable la problématique des embouteillages à Kinshasa, les autorités urbaines en concertation avec les autorités nationales devraient carrément saisir le taureau par les cornes, c’est-à-dire s’attaquer de front aux causes fondamentales.

Parmi les causes fondamentales, il y a lieu de citer :

L’état des chaussées, c’est-à-dire l’inadéquation au flux actuel des motos et des véhicules, l’impraticabilité à la suite des dégradations, l’absence de marquage et de signalisation ;

 

 

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L’indiscipline des usagers ;

 

Le laxisme, l’absence de l’autorité et les tracasseries des éléments de la Police ;

 

Les méthodes archaïques de surveillance de la circulation routière ;

 

Le non-respect de destination et d’usage des quartiers ;

 

L’implantation anarchique des lieux de culte, des échoppes, des supermarchés, de petits marchés de fortune et le manque de parking ;

 

La structure et l’aménagement polarisé de la capitale ;

 

La croissance asymétrique de Kinshasa.

Cet état des choses a engendré les causes ponctuelles des embouteillages à savoir :

L’encombrement aux lieux et moment de la sortie des écoles et des églises ;

La présence des garages anarchiques le long des rues et avenues dans l’indifférence des autorités urbaines, souvent complices ;

Le mouvement des populations sous forme de balancier, c’est-à-dire le matin dans un sens et à la fin de la journée dans un autre sens ;

Même la présence nombreuse et autoritaire des éléments de l’armée ne parvient pas à endiguer cet encombrement des voies de circulation.

 

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Pour espérer décanter la situation, de façon durable et efficace, les autorités urbaines et de l’aménagement de la ville doivent prendre des mesures rigoureuses et structurelles notamment :

La construction d’infrastructures urbaines adéquates et appropriées ;

La mise en circulation des moyens de transport de masse comme le métro, le train urbain voire la navigation sur le fleuve pour relier le centre-ville à Kinkole, N’sele, Maluku avec comme conséquence attendue la diminution des minibus et des motos en circulation.

A titre d’hypothèse, une rame de métro ou de train urbain d’une capacité de 500 personnes représente au moins 10 bus 207 et signifie à terme l’élimination des motos dites « WEWA ».

 

En complément, il faudrait moderniser la surveillance de la circulation par l’installation d’un centre de monitoring couvrant les caméras installées dans des points névralgiques et par hélicoptère.

Subsidiairement, mais important, la ville devrait disposer d’un service d’évacuation rapide des véhicules accidentés ou en panne.

 

Cette présentation sommaire de la problématique des embouteillages à Kinshasa montre, d’une part, la profondeur et la complexité de la question, d’autre part, la nécessité urgente d’une solution globale, totale et à long terme.

Celle-ci devrait impliquer tous les services techniques concernés comme l’urbanisme, l’Hôtel de ville, les Affaires Foncières, l’OVD,

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l’Office des Routes, les différents services d’aménagement, la Régideso, la SNEL ainsi que les services d’appui comme le

 

Ministère de l’Intérieur, le Ministère de Transport, le Ministère de la Justice, le Ministère du Budget, des Finances et la Police Nationale.

 

Seule la synergie entre les différents intervenants peut garantir le résultat escompté en termes de solution durable et efficace, au-delà des recettes que relèveraient plutôt d’une opération de communication.

 

Dans ces conditions, la Présidence de la République et le Gouvernement devraient exercer et assurer une veille stratégique pour accompagner cet effort multisectoriel et multidimensionnel afin d’en garantir la bonne fin.

 

 

Ambassadeur André-Alain ATUNDU LIONGO

 

 

 

 

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