Les Etats-Unis ont officiellement tiré la sonnette d’alarme en Algérie concernant la situation des droits de l’Homme et en particulier des droits des journalistes et la liberté d’expression. La situation de répression et de non droit est devenue très intense mais toutes les capitales européennes se taisent devant l’innommable.
Toutes les dérives les plus autoritaires et les plus impensables se déroulent depuis 2019 en Algérie depuis la présidence d’Abdelmadjid Tebboune, sans foi ni loi, qui dirige avec ses acolytes de l’institution armée, une Algérie devenue l’ombre d’elle-même. Les Algériens en viennent même à regretter l’époque d’Abdelaziz Bouteflika, et sa maladie invalidante qui laissait au moins du répit et de la marge à la liberté d’expression.
Dans un message signé de l’ambassade américaine à Alger, l’administration US a signifié son total rejet de la chasse aux sorcières, et les arrestations arbitraires de journalistes, militants et opposants politiques.
Le message de l’ambassade des Etats-Unis est intervenu quelques heures seulement après le verdict rendu dans l’affaire du journaliste Ihssan El Kadi, dimanche.
« La liberté d’expression est un droit fondamental reconnu par l’ONU. L’administration Biden a et continuera d’indiquer clairement que la liberté de la presse et la liberté d’expression sont des priorités américaines dans le monde entier, y compris en Algérie », a écrit la représentation diplomatique US à Alger.
Ce lourd rappel à l’ordre fait suite à la condamnation contre le patron de presse à cinq ans de prison dont trois fermes, d’une amende de 12 millions de dinars (900.000 dirhams), et la dissolution de son entreprise de presse, Interface Médias, qui détient la fameuse Radio M et le site Maghreb Emergent. Tous les équipements ont été saisis afin d’empêcher la création d’autres médias.
Ihssan El Kadi a également été victime d’une autre accusation, proférée à tort et à travers en Algérie depuis 2019 contre les militants du mouvement Hirak et des indépendantistes du MAK. Il a été condamné pour « réception de fonds depuis l’étranger pour commettre des actes contre la sécurité de l’État et l’unité nationale », et « réception de fonds depuis l’étranger afin de faire de la propagande politique», et l’unité nationale », « publication de tracts de nature portant atteinte à l’intérêt national» et «collecte de fonds sans autorisation » pour avoir reçu près de 27.000 livres sterling de la part de sa fille établie à Londres.
Le président algérien est personnellement impliqué dans cette affaire, il avait traité le journaliste de « khabbardji » (espion) dans une récente interview en février. Ihsane El Kadi, depuis son arrestation, a toujours refusé de parler aux juges comme signe de protestation. Dimanche, les seuls mots qu’il a prononcés étaient qu’il avait rêvé d’avoir porté plainte contre le président de la République pour diffamation et d’avoir gagné son procès.
Plus de 300 prisonniers d’opinion croupissent dans les geôles algériennes dans l’absence totale de mises en garde ou sanctions internationales. Pire, l’Algérie échappe à toute condamnation de la part de l’Union européenne ou du Parlement européen, premiers à sauter sur le cas Maroc pour bien moins que cela.