36è lettre sociale congolaise : Les propos de Corneille Nangaa sur « l’arrangement après les élections de décembre 2018 et sa co-rédaction de l’accord de stabilité de la RDC » constituent-ils un discours politique ?

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«  C’est une règle générale : l’homme  qui réussit  le  mieux dans la vie  est celui qui détient la meilleure information ».  Benjamin Disraeli.

Chères lectrices, chers lecteurs,

  1. Cette 36ème  lettre sociale congolaise  est un questionnement des propos de l’ancien Président de la CENI sur « l’arrangement  après les élections  de  décembre  2018 et sa co rédaction de l’accord  de stabilité de la RDC».  Ce questionnement se fait à la lumière de la conception aristotélicienne de la politique  et de l’anthropobibliologie.
  2. D’un côté, la conception aristotélicienne de la politique présente le minimum requis  pour qu’un acte, voire une pratique, puisse être  qualifié de politique, c’est-à-dire  la considération de la vie en commun des hommes  selon les structures existentielles de cette vie. La vie en commun  renvoie donc  au but de la politique qui est, selon  Julien Freud, le bien commun lequel bien appartient à tous les membres de la société. La primauté du bien commun sur l’intérêt  de l’individu est donc la tâche  que  tous les théoriciens de la politique  se sont donnés, depuis Platon, avec le sentiment du devoir  pour le progrès de l’espèce humaine.  C’est  alors que  le Discours  politique  est , comme montré  au point  6 de la  35ème  lettre sociale congolaise, «  un lieu de manifestation du sens de la  politique  en tant qu’effort de donation de sens à  une vie  pour la liberté, la paix  sociale et la justice ». Le discours  politique  doit  alors avoir  l’unité, la clarté  et la  cohérence.
  3. De l’autre côté, l’anthropobibliologie confère la rationalisation  aux  actes et pratiques  que l’homme est appelé  à poser  afin  qu’ils (elles) revêtent un caractère humain.  Car, c’est grâce  à l’anthropobibliologie  que l’homme agit par la raison pour se distinguer  de l’animal qui agit par l’instinct notamment l’instinct de survie qui est devenu la règle d’or de la plupart des politiciens congolais.
  4. La démocratie étant un discours  rationnel qui permet de distinguer le bien du mal, deux raisons  fondamentales justifient  la  production de  cette 36ème  lettre sociale congolaise.   La première raison  est  fondée sur le prix que les congolaises et congolais  ont attaché et attachent encore à  la démocratie  comme régime politique qui leur permet  d’affirmer leur  dignité humaine  par le choix de leurs  représentants et

Au sujet  de ce prix, la revue  Congo Afrique alors Zaïres affriquée n° 267( 1992, septembre)  a pris soin de mettre par écrit  le discours  programme du 14 août 1992  d’Etienne Tshisekedi, s’ adressant  aux délégués du peuple  congolais alors zaïrois  réunis  en  la salle  du congrès au  palais du  peuple,  avant  son élection à la Conférence Nationale Souveraine.  Le passage de ce discours  qui corrobore  fort bien  le prix que les congolaises et congolais attachent  à la démocratie est : « Nous voici  enfin sur le point  de poser  notre premier acte  de démocratie et de liberté. Idéaux pour lesquels  des compatriotes  d’infortune et moi-même   avons lutté toute notre vie  durant ces douze dernières années ».  Il ressort de la lecture de ce passage  que la lutte pour la démocratie  n’a pas été  seulement l’affaire des politiciens, mais  aussi  et surtout des patriotes congolais parsemés à travers le pays.  Ces derniers (patriotes) ne doivent pas être laissés pour compte quant aux retombées de leur lutte.

  1. Ainsi donc, le premier acte dont il était question dans le discours d’Etienne Tshisekedi susmentionné était l’élection d’un premier par les délégués du  peuple à la conférence Nationale Souveraine. Et, c’est Etienne Tshisekedi qui a été élu  Premier Ministre.  Son élection fut un motif de joie non seulement pour lui-même  mais aussi pour  peuple  congolais alors zaïrois. Cette élection fut  la source  de la fierté qu’éprouvait Etienne Tshisekedi jusqu’au moment où il a quitté cette terre des hommes.
  2. Par cette élection, le peuple s’était retrouvé  dans  Etienne Tshisekedi  tout comme  Etienne Tshisekedi s’était retrouvé  dans  le  La compénétration  Etienne Tshisekedi – Peuple  congolais a donné  naissance  à un nouveau concept  politique congolais  du bien commun appelé « le peuple d’abord ». Ce concept est donc né dans un contexte  où  son  auteur ,face à plusieurs  sollicitation d’intérêt  personnel,  accordait toujours  le primat de  l’intérêt général  sur  ses  intérêts  personnels.   Ce primat de l’intérêt général sur les intérêts personnels  a fait qu’Etienne Tshisekedi bénéficiait  inconditionnellement de la légitimité sociologique du peuple congolais.
  3. Disons que «  le peuple d’abord » me semble avoir été une alliance solide et vraie  entre Etienne Tshisekedi  et le peuple congolais. Une alliance qui a fait preuve de son efficacité plus que les alliances  entre Etienne Tshisekedi et certains politiciens à la recherche de leurs  intérêts personnels.
  4. Revenons donc  à la démocratie et à la liberté  comme idéaux  pour lesquels les congolais  ont lutté  toute leur vie. Par respect  à  ces dernières (démocratie et liberté), la  constitution congolaise  consacre en son  titre V des Institutions d’appui à la démocratie  parmi lesquelles figure la Commission Electorale nationale indépendante. Cette constitution dispose en son article 211 «  (…) La Commission Electorale Nationale Indépendante est chargée de l’organisation du processus électoral, notamment de l’enrôlement des électeurs , de la tenue  du fichier électoral, des opérations  de vote, de dépouillement et  de tout referendum.(…) Une loi organique fixe  l’organisation et le fonctionnement de la commission électorale nationale indépendante ».
  5. Dans  son avant-propos  d’un ouvrage intitulé  Guide électoral, Tome I. Lecture croisée des textes, Corneille Nanga Yobeluo, alors Président de la Commission Electorale Nationale Indépendante, écrit : « (…) Ledit ouvrage de référence présente le  mérite des réflexions croisées des institutions susvisées et ce, pour éviter de revivre l’expérience vécue lors de la gestion des contentieux des candidatures. Il est édité en deux tomes : Le Guide  électoral, Tome I et le Recueil de textes, Tome II.  Il se fonde sur la loi électorale et d’autres textes de l’environnement électoral afin  de faciliter la gestion de contentieux des résultats. Il articule donc autant des compétences des juridictions concernées que le rôle  de leurs animateurs ».
  6. Les  thèmes  tels que  « compétences  des  juridictions » et  «  rôle  des animateurs »  invoqués par  Corneille  Nanga Yobeluo dans  son avant- propos  susmentionné  nous ont conduit à la page 120 de ce  Guide sur  Partie II relative  à l’élection du Président de la République et  la proclamation des résultats provisoires.  Sur cette page, le Guide électoral ci-haut cité  mentionne ceci : «  Article 71(modifié par l’article 1er  de la loi électorale).  La CENI reçoit les résultats  de tous les centres de compilation par le SEP. Elle dresse un procès-verbal des résultats  provisoires signés par tous les  membres du Bureau. Le président de la CENI ou son remplaçant rend  publics  les résultats  provisoires du vote. Les résultats sont affichés dans les locaux de la CENI ou consultés selon le cas sur internet. Les procès-verbaux ainsi que les pièces jointes sont transmis  à la Cour Constitutionnelle, à la Cour Administrative d’Appel, au tribunal administratif du ressort».
  7. Dorénavant, les écrits documentaires référencés dans le Guide électoral déterminaient les  documents  que  le président de la CENI  était censé  produire  pour que ses actes et pratiques soient  couverts  de rationalisation. Concernant  l’élection du Président de la République, c’est le procès-verbal  des résultats provisoires.
  8. Sur ce, il n’est un secret pour personne que la CENI  avait dressé un procès-verbal des résultats provisoires. Ces résultats avaient été rendus  publics  par  Corneille Nanga  en  sa qualité  de Président du Bureau de la CENI. Par ce procès-verbal, Corneille  Nanga proclamait en âme et  conscience  Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo élu Président de la République démocratique du Congo au scrutin de décembre 2018. Cette proclamation des résultats provisoires  est un fait évident, vrai et vécu.
  9. Hélas, le Quotidien Econews n°787 du 25 au 26 septembre 2023 reproduit, sous le titre «  Présidentielle de 2018 : les vérités tronquées de Corneille Nanga », les propos  de l’ancien Président de la CENI selon lesquels «  Un accord politique existe bel et bien. Il a PRECEDE la publication des résultats définitifs (c’est nous qui soulignons). J’en suis l’un des corédacteurs. Cet accord inaliénable a été  signé  devant  témoins, par le Président Tshisekedi et son prédécesseur ». Econews renchérit sur cet accord en précisant qu’il est baptisé « ACCORD POUR LA STABILISATION DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO ». L’accord certifié et validé par trois (3) Chefs d’Etat africains qui l’ont facilité du fait qu’il(l’accord) a permis  la passation du pouvoir  sans effusion  de sang ».
  10. Cependant, aucun écrit documentaire qu’il soit légal ou règlementaire ne donne aucun droit à un Président de la CENI d’être corédacteur d’un  quelconque accord  politique pour la passation du pouvoir entre le président sortant et président entrant. Surtout lorsqu’on sait que le Président de la CENI est issu de la société civile.
  11. Dès lors, l’accord dont Corneille Nanga a été corédacteur  est irrationnel,  il n’a  ni d’unité  ni de clarté  moins encore  de coherence. car,  denué  de toute rationalisation  issue des prescriptions documentaires sur les compétences de la CENI et le rôle du Président du Bureau de la CENI. C’est  pour cette raison  que les propos de Corneille Nanga  ne constituent pas un discours politique.
  12. A la veille des élections politiques générales  du 20 décembre 2023, les propos de  Corneille Nanga  sur «  l’accord pour la  stabilité… » ont introduit une confusion dans les esprits de la plupart des congolaises et des congolais dont le sens critique et de jugement est  déjà miné par l’oralité audio-télévisuelle pour reprendre l’expression de Joseph Ki-zerbo.
  13. La première confusion est fondée  sur le fait que  la catégorie  des congolaises et congolais  lieraient cet accord à l’élection présidentielle de décembre 2018.  Si c’était le cas,  du point de vue bibliologique,  le titre de cet accord devrait  l’énoncer  lisiblement dans sa formulation comme étant la thématique principale  de ce dit accord. Or, le titre de l’accord dont Corneille Nanga a été corédacteur n’énonce rien sur l’élection présidentielle de décembre  Donc, ce dit accord s’il existait il n’a rien avoir  avec l’élection du Président de la République. Corneille Nanga lui-même,  en affirmant que le présumé accord avait précédé  la publication des résultats définitifs, c’est-à-dire, la validation des résultats provisoires de la CENI par  Cour constitutionnelle, il confirme que  l’accord n’était pas lié à l’élection du Président de la République.  L’on prêterait l’oreille  aux propos de  Corneille Nanga s’il disait que le présumé accord était signé avant la publication  des résultats provisoires qu’il avait rendu publics.
  14. La seconde  confusion créée par Corneille  est qu’il  feint d’ignorer  la différence entre  un Politicien, un Homme Politique  et un Homme d’Etat.  Certes, tout Homme d’Etat est à la fois homme politique et/ou  politicien, mais tout homme politique et/ou politicien  n’est pas  Homme d’Etat.
  15. Il y a lieu de comprendre à la lumière  de la théorie  d’Instrumentaliste de  Jacques Maritain (1882-1973)  qu’un Homme d’Etat  est  une autorité  exerçant la fonction dans l’Etat qui est un instrument au service du   Ainsi, si ce présumé accord existait et que  Félix Tshisekedi le signait, il  l’aurait  signé  en  sa  qualité  de politicien ou homme politique. Car, ce dernier (Félix  Tshisekedi)  est devenu  Homme  d’Etat  après   sa prestation de  serment  du  24 janvier  2019.  C’est  donc  un chantage  quand  Corneille Nanga  affirme que «  Felix Tshissekedi doit respecter  sa signature d’un Homme d’Etat » apposée  au soi-disant accord de stabilité.
  16. Le fonctionnement des hommes humains et  des organisations humaines  y  compris   les  institutions politiques étant essentiellement fondé sur l’information scientifique  et technique, il importe  de préciser  que les propos de Corneille Nanga ne constituent pas un discours  Mais, ces propos révèlent comment un petit groupe d’individus  sur autant  de millions des congolais  s’obstine à  faire de leurs intérêts personnels une priorité des priorités au détriment de l’intérêt général.
  17. Mais, pourquoi Corneille n’a-t-il attendu  qu’à la fin du mandat de Félix  Tshisekedi pour  informer  le peuple congolais de l’existence d’un «  Accord de stabilité de la RDC » dont il  a été  co rédacteur ?
  18. En informant, plus ou moins 4 ans après l’élection Présidentielle de  décembre 2018, le peuple congolais de l’existence d’un « Accord de stabilité de la  RDC » dont il a été co rédacteur, Corneille Nanga n’a –t-il pas, d’un  côté,  discrédité la CENI  et, de l’autre, méprisé souverainement le peuple congolais qui aspire constamment   à affirmer sa dignité humaine  en choisissant ses représentants et  ses dirigeants ?
  19. En informant, plus ou moins  4 ans après l’élection Présidentielle de  décembre 2018, le peuple congolais de l’existence d’un « Accord de stabilité de la RDC »  dont il a été co rédacteur, Corneille Nanga veut-il remonter le moral des congolaises et congolais de sa communauté politicienne  qui n’ont pas déposé leurs candidatures  pour les élections politiques générales du 20 décembre 2023 ?   Préfère –t-il  le dialogue politicien  aux élections politiques ?
  20. En informant, plus ou moins 4 ans après l’élection Présidentielle de  décembre 2018, le peuple congolais de l’existence d’un « Accord de stabilité de la RDC »  dont il a été co rédacteur, Corneille Nanga veut-il  démotiver les électeurs afin qu’il ait encore la possibilité de  parler de la faible participation aux élections   du 20 décembre 2023 ?
  21. J’ai fait ma part. Si vous êtes intéressés par cette lettre sociale congolaise, rejoignez la coupe pleine  au numéro + 243 994 994 872 pour appel normal, whatsApp ou X et à l’e-mail jsphngandu@gmail.com  pour la suite.

 

Fait à Kinshasa, le 02 octobre  2023

 

Jean Joseph NGANDU NKONGOLO

Anthropobibliologue,  Formateur Psycho SocioProfessionnel

et  Chercheur  à l’Observatoire Congolais du Travail

+ 243 994 994 872.

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