Contrairement aux rumeurs: Pas de réduction du budget de 16 à 3 milliards Usd

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Une folle rumeur largement partagée sur la toile et alimentée par certains politiques en quête de popularité fait état d’une recommandation qui serait venue du Fonds monétaire international (FMI), demandant au gouvernement congolais de revoir à la baisse son budget 2023, chiffré à 16 milliards USD pour le ramener à 3 milliards USD. Cette rumeur cite comme source la rencontre entre la délégation du gouvernement de la RDC (ministre des Finances, ministre du Budget et la Gouverneure de la BCC) et le FMI en marge des travaux des Assemblées de printemps 2023 entre le Fonds monétaire international et la Banque mondiale.

Une réelle augmentation du budget

Selon des informations fournies par la Primature , il nous revient que l’élaboration du budget pour l’exercice 2023 a tenu absolument compte de plusieurs agrégats dont la bonne gouvernance et les efforts fournis par les régies financières pour maximiser la mobilisation des recettes publiques. Les chiffres de chaque régie sont disponibles. Tout le monde peut les consulter. Dire qu’il s’agit d’un spectre fantaisiste, cela n’est pas correct.

Déjà, à fin mars 2023, les recettes mobilisées seulement en interne par les régies financières sont évaluées à 1,6 milliards USD, soit un taux de réalisation de 93% par rapport aux prévisions linéaires. Et tout indique qu’avec l’échéance fiscale du 30 avril 2023, les recettes mobilisées en cumul pourraient frôler les 3 milliards sinon dépasser ce seuil.

En 2022 par exemple, indique la même source, il a suffi au gouvernement juste 9 mois pour atteindre les assignations financières annuelles de l’exercice budgétaire. Les recettes mobilisées, de janvier à fin septembre 2022, ont été de l’ordre de 14.807,7 milliards de CDF par rapport aux prévisions des recettes estimées à fin septembre 2022 à 11.150,3 milliards de CDF, soit un taux de réalisation de 133%, mais qui représentent 101% par rapport aux prévisions annuelles/2022 des recettes internes fixées à 14.790,9 milliards de CDF. C’est un exploit qu’aucun autre gouvernement n’a jamais réalisé.

En ce qui concerne les performances globales de l’année 2022, les recettes intérieures mobilisées ont enregistré un record historique pour atteindre CDF 18 427 milliards (plus de 9 milliards USD) contre CDF 11 838 milliards réalisées en 2021 (environ 5,7 milliards USD), et CDF 6 968 milliards en 2020 (3,5 milliards USD). Il s’agit d’une hausse de 164% et de 67% par rapport aux recettes réalisées respectivement en 2020 et en 2021. Cela représente un taux de réalisation de 125% par rapport aux assignations inscrites dans la Loi de Finances 2022.

De même, il a été noté un accroissement des ressources extérieures mobilisées passant de 1,63 milliard USD en 2021 à 1,98 milliard USD en 2022 ainsi qu’une gestion rationnelle de la dette extérieure qui demeure en deçà de 20% du PIB, la plus faible d’Afrique.

Comme on peut bien s’en rendre compte, ces performances économiques du gouvernement pour 2022 ont été saluées par le FMI. D’où le succès enregistré lors des trois premières revues du Programme économique. Donc ce n’est pas de la fantaisie, connaissant la rigueur des experts de cette institution. Il en est de même de la BAD.

Dire aussi qu’il n’y a rien de concret sur terrain est faux. Il faut en effet relever qu’il a été observé les efforts pour le maintien du pouvoir d’achat de la population, cas du prix du carburant en dépit des effets de la guerre russo-ukrainienne qui ont imposé une politique de sobriété énergétique dans les pays européens.

De même, que parler de la jouissance d’une clique dans les institutions de l’État est un cynisme. Car, les efforts du gouvernement pour la réduction du train de vie des institutions peuvent être saisis à travers l’augmentation du taux de dépenses d’investissements. L’on a en effet noté le triplement des dépenses en capital. En 2022, les dépenses d’investissement, financées sur ressources propres du gouvernement, se sont accrues de 173 % par rapport à 2021 et de 353,73% de 2020 à 2021.

En tout état de cause, souligne notre source, le budget 2023 est élaboré sur la base des données du cadrage macroéconomique. Il peut être revu si certains de ces agrégats changent. Déjà le FMI a revu le taux d’inflation pour fin 2023 : une projection de 8,3% retenue à l’issue de la troisième revue ; et par la suite une projection de 9,7% issue des conclusions de la visite préparatoire de la quatrième revue de février 2023. Les travaux en cours avec la mission du FMI pourront déterminer de nouveaux agrégats et revoir le budget dans un sens comme dans un autre, sans oublier que la guerre à l’Est, non seulement augmentent les dépenses sécuritaires, mais aussi impactent négativement les activités économiques (production et commercialisation).

Quid du retard constaté dans le paiement des salaires des fonctionnaires 

Il nous revient, selon des informations glanées auprès d’une source proche de la Primature, que la situation actuelle du pays n’est pas forcément à comparer avec celle des gouvernements précédents. Notre économie fait aujourd’hui face à plusieurs chocs exogènes, notamment ceux liés à la situation post COVID-19 et à la crise Russo-ukrainienne qui ont eu un impact négatif sur les économies de plusieurs du pays. Et ce, sans oublier le choc endogène dû à la guerre d’agression que nous a imposé le Rwanda, dont les exigences financières sont prioritaires, la défense de l’intégrité de notre territoire et la sécurité des populations et leurs biens obligent.

La situation actuelle d’inflation n’est pas spécifique à la RDC. Même des pays industrialisés sont butés aux mêmes problèmes, à savoir la hausse des prix des biens et services, l’inflation importée. Ceci est dû notamment à la perturbation dans le circuit d’approvisionnement du commerce mondial. La RDC aujourd’hui a beaucoup évolué. Certes nous avons connu un retard dans le paiement des salaires. Mais il faut préciser que ce retard, pour une partie des fonctionnaires, fait suite à un problème de planification de trésorerie avec les banques commerciales.

Tenez. En ce qui concerne les dépenses publiques au mois de mars 2023, elles se sont chiffrées à 1.381 milliards CDF dont 46%, soit 631 milliards CDF, ont été affectées aux seules rémunérations. Ceci est dû au paiement, au cours de ce mois, du solde des rémunérations du mois de février 2023 et une bonne partie du mois de mars. Pour ce dernier, près de 250 milliards des salaires ont été reportés pour être payés en avril 2023. Déjà à mi-avril 2023, le gouvernement avait libéré la totalité des salaires des fonctionnaires du mois de mars auprès des banques commerciales. Et, le gouvernement s’est engagé devant le corps syndical, dès ce mois d’avril 2023, de libérer les salaires dans le mois concerné. Il n’y aura plus de report d’une partie de salaire sur l’autre mois.

Ce qui fait que la masse salariale des agents et fonctionnaires de l’Etat a sensiblement augmenté. En ce mois d’avril 2023, la masse salariale des agents et fonctionnaires de l’Etat est évaluée à 714 milliards de CDF. Ceci découle du fait que le gouvernement continue périodiquement d’ajouter sur ses listings de paie de nouvelles unités. Rappelons qu’entre avril et juillet 2022, le gouvernement a augmenté les salaires des agents et fonctionnaires de l’Etat de 45%. Mieux, depuis ces deux dernières années, le gouvernement a intégré dans les listings de paie plus de 100 mille nouvelles unités notamment dans le secteur de l’EPST pour consolider la gratuité de l’enseignement de base. Dans la même optique, environ 20 mille écoles sont passées dans le giron de l’Etat, avec la gratuité de l’enseignent de base. Tout aussi, l’Etat-major général des FARDC a-t-il récemment recruté plus de 60 mille jeunes qui sont en formation pour intégrer les Forces armées Congolaises. C’est autant de dépenses en plus par rapport au passé.

Il sied de souligner que le pays traverse une période particulière de son histoire, caractérisée par la guerre d’agression que nous impose le Rwanda. Dès lors, le gouvernement de la République consacre beaucoup d’efforts, y compris sur le plan financier, pour la défense de l’intégrité territoriale, qui fait l’objet de plusieurs convoitises et de la souveraineté nationale et pour ramener la paix en vue de soulager les souffrances de nos compatriotes de l’Est. C’est un impératif et non pas une option.

L’augmentation de dépenses sécuritaires a un effet sur les autres dépenses, même contraignantes comme les salaires. Tenez, en 2022, les états de suivi budgétaire de la Direction générale des politiques et programmation budgétaire renseignent que les dépenses de la Défense ont culminé à 1 352 676 811 137 de CDF (635 millions USD) sur des prévisions annuelles arrêtées à 1 183 492 417 991 de CDF, soit un taux d’exécution de 114%. Il y a eu un dépassement de 14% des dépenses consacrées à la défense en 2022. Mais en même temps, le gouvernement s’occupe de la situation de la paie de l’ensemble des fonctionnaires. Des mesures sont prises pour que le retard constaté au mois de mars ne se répète plus jamais.

La RDC connait une inflation importée

Quant à la flambée des prix, outre l’inflation importée suite à la guerre russo-ukrainienne, chaque coin du pays a ses spécificités. Le marché de Kinshasa subit la baisse de l’offre de certaines denrées acheminées par la RN 1 (tronçon Bandundu-Kinshasa) à cause de l’insécurité liée au conflit Teke-Yaka. Cette situation constitue un obstacle à la production et au transport de produits alimentaires ; la crise du maïs au Katanga est d’abord un problème structurel lié à l’insuffisance de la production locale, mais il sied de reconnaitre que des opérateurs économiques locaux ont commencé à investir dans ce secteur (plantations et minoteries), même si des efforts sont encore à fournir.

Cela fait partie de fragilités structurelles de notre pays que le gouvernement s’emploie à résoudre à travers sa politique de diversification de l’économie et d’amélioration du climat des affaires ; ensuite, c’est un problème conjoncturel lié à la sècheresse qui sévit en Afrique australe obligeant la Zambie d’adopter une politique prudente pour ses exportations de maïs, intensifiant ainsi la pénurie de ce produit au Grand Katanga et au Grand Kasaï.

Pour y remédier, martèle notre source, le Gouvernement vient de proroger la mesure suspendant la perception de la TVA sur les biens de première nécessité jusqu’à la fin de cette année. L’objectif est justement d’éviter cette flambée quitte à ce que les opérateurs économiques soient également de bonne foi dans cette situation économique généralement difficile sur l’échiquier mondial.

A tout prendre, la situation macroéconomique de la RDC fait preuve de résilience malgré les répercussions de la guerre en Ukraine et la détérioration de l’environnement économique mondial. « Foi des experts du FMI avec qui nous sommes en programme triennal depuis juillet 2021. Le PIB réel de la RDC fait preuve aussi de résilience, avec une croissance de 8,5% enregistrée fin 2022. Cette année 2023, le taux de croissance du PIB de la RDC est prévu à 8%, selon toujours les projections de cette institution financière de Bretton Woods », renseigne la même source.

Jean-Marie Nkambua

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