Journée internationale des lanceurs d’alerte et dénonciateurs: Jules Alingete mobilise les Congolais contre le détournement des deniers publics 

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A l’occasion de la journée internationale des lanceurs d’alerte et dénonciateurs, M. Jules Alingete, Inspecteur général des finances et chef de service a mobilisé pour une implication de la population dans la lutte contre la corruption, au risque de voir les antivaleurs se propager à tous les niveaux et à un cercle trop grand. Ainsi, il y a une corrélation entre le développement et la corruption. Les pays les plus développés sont ceux-là où la corruption est suffisamment combattue. « Si vous voulez accroître le niveau du développement, il faut réduire la corruption. Chaque fois que vous tolérer la corruption, le sous-développement prendra des proportions élevées », prévient le n°1 de l’IGF.

A l’initiative de la Ligue Congolaise de lutte contre la Corruption (LICOCO) dirigée par Ernest Mpararo, il a été organisé, le 23 juin dernier, ensemble avec l’Inspection générale des finances (IGF), une journée d’échange avec la presse à l’occasion de la Journée Internationale des lanceurs d’alerte et dénonciateurs. Tout s’explique par le souhait de la LICOCO de voir le Gouvernement de la République s’impliquer pour qu’une loi sur la protection des lanceurs d’alerte et dénonciateurs soit votée urgemment afin de se conformer aux dispositions de la Convention des Nations Unies Contre la Corruption, dont la RDC a ratifié.

Tout a commencé par le témoignage du professeur Muteba, président du Conseil d’administration de l’Observatoire de la dépense publique (ODEP), qui estime que nous sommes tous entrés dans une culture où le mal est devenu le bien ; il n’y a pas de ligne rouge. Les crimes de détournement sont banalisés à telle enseigne qu’on n’a pas l’envie de dénoncer », dit-il, avant de raconter comment il a été obligé d’être en clandestinité en 2018. Il a quand même reconnu qu’actuellement, les choses ont changé et il n’y a plus de brutalité ses services de sécurité comme à l’époque.

De son côté, l’Inspecteur général des finances et chef de service, Jules Alingete a indiqué que la corruption et le détournement des deniers publics est un cancer contre le développement du pays. « C’est un fléau dont aucun pays n’échappe, mais à des degrés différents », dit-il. Et d’expliquer qu’en Afrique, la corruption a trouvé un terrain de prédilection et si on ne se lève pas pour la combattre, l’avenir de nos enfants est compromis.

Jules Alingete a rappelé qu’en 1960, on avait les mêmes infrastructures, les mêmes emplois, à 63 ans, nous sommes passés de 15 millions à 100 millions d’habitants. A ce jour, on a des sérieux problèmes créés par le chômage et une mauvaise gouvernance. « Si on n’a pas bien géré, nous risquons d’avoir des antivaleurs à tous les niveaux et à un cercle trop grand. Nous devons nous impliquer tous. Tant qu’il y aura un nombre impressionnant des détourneurs, ne vous attendez pas à des routes, aéroports et infrastructures », tranche-t-il.

Entre-temps, c’est la population qui augmente et nous devons prendre au sérieux le problème de corruption. Ce problème ne doit pas être celui d’une seule personne, mais de tous les Congolais. De notre point de vue, pense-t-il, les lanceurs d’alertes constituent des personnes qui aident tous les organes à aller dans la lutte contre la corruption pour éradiquer le mal.

L’avantage pour la société européenne, c’est l’alerte. La force de la justice, c’est aussi les lanceurs d’alerte. C’est pourquoi ils sont efficaces. C’est l’esprit que nous devons avoir. Nous pouvons être professionnel, mais nous n’allons pas avancer s’il n’y a pas de lanceur d’alerte.

Selon Jules Alingete, nous devons réfléchir sur comment dénoncer dans un environnement qui est le nôtre. « Nous avons l’obligation morale et patriotique de dénoncer. Parce que vous ne pouvez pas accepter que le Congo qui est notre héritage soit détruit. Nous ne serons pas à l’aide si nous laissons nos enfants dans un environnement sans perspective. C’est là que nous devons prendre conscience et travailler », note-t-il.

A l’en croire, le bonheur individuel n’est rassurant que dans un bonheur collectif. Le bien-être collectif réduit la criminalité, les tensions, les risques d’implosion et d’explosion. Mais comment on va avancer ? Comment on va avoir les routes ? On est dans une situation où chaque personne, lorsqu’il a la possibilité de servir l’Etat, va d’abord se servir. On se rend compte qu’en ce qui concerne l’intérêt commun, chacun s’est servi. L’intérêt personnel ne fera que détruire notre pays. Si nous ne faisons pas attention, notre passeport diplomatique portera le nom de la RDC, car on ne traite pas les individus, mais les nations.

Qu’est-ce qui nous manque ? C’est la conscience, le sursaut d’orgueil. « Ne laissons pas à nos enfants la charge du pays. Les lanceurs d’alerte doivent être là.

Quelles sont les méthodes ?

Pour Jules Alingete, Inspecteur général des finances et chef de service, si nous parlons avec précisions devant les prédateurs, c’est parce qu’on est en contact avec les lanceurs d’alerte. Au stade actuel, nous les conseillons de faire acte de leur patriotisme, mais en ne s’exposant pas. « Vous ne devez pas le faire comme un défi. Pour vous, l’objectif est que les mauvaises pratiques soient extirpées », dit-il, avant de révéler que nous recevons secrètement les lanceurs d’alertes et aviseurs.

Et nous lançons des enquêtes qui peuvent aboutir à la neutralisation des fossoyeurs. Même s’il y des mécanismes de récompense, le souhait c’est d’encourager le patriotisme. Jules Alingete a dit disposer des fonds secrets de recherche, qui lui permettent de prendre en charge des lanceurs d’alerte.

Pour les aviseurs qui dénoncent la fraude douanière ou fiscale, quand nous vérifions et constatons que la fraude est réelle, ils ont droit à une récompense. « Nous gardons leur anonymat. Ils sont récompensés comme motivation. Ils doivent considérer que la plus grande satisfaction, c’est de voir leur pays avancer et que la motivation ne soit pas l’action principale, mais subsidiaire », précise-t-il, tout en soulignant que les dénonciateurs, les lanceurs d’alerte et aviseurs doivent comprendre que la lutte contre les antivaleurs est une affaire de tous. Sous d’autres cieux, quand on parle des actes de corruption, c’est toute la société.

Jules Alingete a expliqué que ceux qui gèrent sont appelés mandataires, parce qu’ils agissent au nom de l’Etat propriétaire. Pourquoi vous payer l’impôt ? C’est pour que cet argent serve à la construction des routes et qu’il ne soit pas le bien des mandataires. Quand ces gens-là utilisent l’argent pour eux-mêmes, c’est là que l’on parle de détournement des deniers publics. Quand on parle d’un détourneur, il faut qu’il y ait une réprobation sociale.

En Chine et en Corée par exemple, c’est la peine de mort qui est appliquée aux détourneurs, au même titre que les traitres. Ici chez nous, les détourneurs se permettent même de parler en public !

Pour le patron de l’IGF, il y a une corrélation entre le développement et la corruption. Les pays les plus développés sont ceux-là où la corruption est suffisamment combattue. « Si vous voulez accroître le niveau du développement, il faut réduire la corruption. Chaque fois que vous tolérer la corruption, le sous-développement prendra des proportions élevées », insiste-t-il.

« Il n’y a pas de bonheur individuel sans bonheur collectif »

C’est le principal message de M. Victor Batubenga, n°2 de l’IGF, qu’il a puisé dans Jérémie 29,7. Ceci, parce que le bonheur individuel doit être soutenu par le bonheur collectif.

« La corruption est un phénomène contre lequel toutes les nations se battent. C’est pour cela en 2005, les Nations unies ont adopté une convention contre la corruption. Donc, elle fait partie intégrante de l’arsenal juridique de la Rdc. Elle impose comme obligation que tous ceux qui sont en dehors de l’administration participent à la lutte contre la corruption », dit-il.

Pour lui, il faut que les institutions chargées de la lutte contre la corruption soient accessibles au public. Cet échange entre dans ce cadre-là. Cette convention impose que chaque pays puisse encourager le doit de recevoir, de rechercher, de diffuser l’information relative à la corruption.

Avant 2006, rappelle-t-il, on n’était dans un flou quant à la définition de la corruption. Le code pénal donne les faits qui constituent les actes de corruption. C’est l’utilisation de la fraude pour échapper ou faire échapper aux obligations fiscales, douanières ou administratives.

Soulignons que l’IGF a une compétence générale en matière de contrôle des finances et des biens publics.

JMNK

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