Elections 2023 : Femmes et jeunes filles à l’épreuve du pouvoir politique en RDC

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Les élections générales de décembre 2023 approchent à grand pas en République démocratique du Congo. Cependant, les femmes ne semblent pas très engagées dans le processus électoral actuel plus que dans les précédents. Pourtant actuellement, les partis politiques doivent promouvoir la représentation de la femme. Ceux qui présenteront une liste électorale  alignant 50% hommes-femmes dans une circonscription électorale, seront exemptés du paiement de la caution. Telle est l’incitation de la nouvelle loi électorale.

La Commission électorale nationale indépendante (CENI) renseigne que la synthèse des statistiques provisoires des enrôlés sur l’ensemble du pays fait état de 48,83% d’hommes et 51,17% de femmes. On remarque seulement un léger dépassement du nombre d’enrôlées femmes par rapport aux hommes.

Certains observateurs estiment que ce pourcentage semble faible par rapport au nombre de femmes à l’âge de voter à travers le pays. D’autant plus que les femmes sont majoritaires au sein de la population congolaise. Ce qui risque d’être un mauvais départ car les femmes doivent se mobiliser pour être actives en tant qu’électrices et candidates à tous les niveaux.

Pour sa part, Laurel Sosongo (photo ci-contre), présidente de l’association de jeunes filles dénommée « Espoir de la Jeunesse féminine » (E.J.F), dans un entretien exclusif accordé à L’Avenir, estime que les filles et femmes ont des antécédents qui les fragilisent actuellement pour être actives dans le processus électoral en cours. « Les problèmes des femmes sont complexes. Les unes ont des problèmes de formation, ceux des autres liés à l’information », explique-t-elle.

Elle a renchéri en disant : « Au moment où l’on parle de la parité et de l’égalité des sexes, plusieurs femmes sont encore analphabètes. Celles qui sont instruites, ont un faible pourcentage de représentativité dans les postes de prise de décision », constate-t-elle. Et d’ajouter : « Certes, il y a des avancées très significatives sur l’évolution des droits des femmes mais en revanche, persiste le problème de vulgarisation. Pour elle, toutes les femmes n’ont pas l’information et surtout la compréhension de l’évolution du droit à leur faveur ».

De son coté, Mme Nadine Kangafu Zaza, présidente du conseil d’administration de la plateforme des organisations des femmes des quartiers populaires pour le développement, la participation politique et élections (POFQ), abonde presque dans le même sens que Laurel Sosongo en affirmant que, la femme congolaise généralement n’est pas bien formée et, elle n’est pas assez informée non plus. Et pour que cette femme soit formée et informée, il faut qu’il y ait des séances de sensibilisation et de formation en faveur de cette dernière.

Elle déplore cependant, le fait que comparativement à leurs challengers hommes, la plupart des femmes  manquent de moyens financiers pour faire face aux élections en tant que candidates. Et elle fustige que le plus souvent, les femmes ne travaillent jamais en synergie, et il n’y a pas de cohésion entre elles. « Voilà pourquoi, les femmes doivent multiplier des rencontres entre elles et mener des plaidoyers en synergie », estime-t-elle.

Mme Nadine Kangafu est d’avis que les femmes doivent se battre dans les partis politiques, afin d’être alignées sur les listes électorales. Ainsi a-t-elle recommandé aux partis politiques de se référer à la nouvelle loi électorale et d’aligner beaucoup de femmes sur leurs listes électorales, afin de ne pas payer la caution en promouvant les femmes et filles dans leurs formations politiques.

La société civile offre des opportunités aux candidates femmes

 

Toutefois, au niveau de la société civile, les organisations se préparent pour parvenir à l’élection massive de femmes lors des prochains scrutins. En tout cas, c’est ce que confirme Me Arthur Omar Kayumba, une personnalité de la société civile congolaise.

« Depuis l’année dernière, la société civile a commencé à organiser des activités qui visent à consolider la participation politique et électorale des femmes. Pour la société civile, en effet, le point d’orgue de la participation politique et électorale, c’est la mobilisation électorale », rassure Me Arthur.

Et de poursuivre en ces termes : « Voilà pourquoi, dès l’entame du processus électoral, la société civile a d’abord tenu à obtenir l’alignement paritaire sur des listes électorales des partis et regroupements politiques lors des réformes électorales de 2022. Ensuite, la société civile s’est penchée à l’éducation civique et électorale et à la mobilisation électorale des femmes. Des sensibilisations ont été organisées autour des progrès de notre démocratie et du bilan des relations entre les élus et les électeurs. Avant, pendant et après la phase d’enrôlement des électeurs, la société civile a mobilisé les femmes à s’enrôler d’avantage dans la perspective d’avoir une masse électorale des femmes. Aujourd’hui, les données de la CENI démontrent que le fichier électoral est constitué à majorité des femmes », a-t-il affirmé.

Il a martelé que : « En vue de réaliser les promesses du fait que lors des réformes électorales de 2022 nous avons obtenu l’exemption de caution électorale pour les listes électorales qui auront plus de femmes, aujourd’hui, nous offrons aux femmes candidates des opportunités de réseautage entre femmes candidates expérimentées et non expérimentées, les opportunités de formation et de renforcement des capacités sur la communication politique pendant la campagne électorale et sur l’élaboration et la présentation des messages et projets de société. Cette dynamique se poursuit ».

Et en interrogeant la loi ?

En ce qui concerne les garanties spécifiques aux femmes pour leur sécurité électorale, Me Arthur Kayumba explique que la seule garantie de sécurité électorale en faveur des candidatures féminines c’est l’alinéa 3 de l’article 13 de la loi électorale que je cite : « la liste qui aura alignée 50% au minimum des candidatures féminines dans une circonscription électorale, sera exemptée du paiement du cautionnement électoral … ».

A Me Arthur d’ajouter : « Cette sécurité électorale n’intervient qu’avant les opérations, c’est-à-dire ; dans l’élaboration des listes électorales. Pour la suite, les femmes et filles seront soumises à des règles générales. Autant que c’est seulement avant le vote proprement dit que les femmes peuvent capitaliser les opportunités qu’offre l’alinéa 3 de l’article sus-évoqué », a-t-il expliqué.

Aux femmes de se soutenir en votant la femme

Le journaliste Alex Tutukala Kibambe de son côté rappelle que la vie politique est un combat où la méritocratie doit supplanter le favoritisme. Pour lui, « la solution pour augmenter le nombre de femmes dans les institutions du pays est tributaire de la qualité de l’instruction et de l’éducation scolaire que la femme doit recevoir avant d’embrasser une carrière politique. D’autant plus que la déperdition scolaire constatée chez cette dernière ne lui permet pas d’avoir des grandes ambitions politiques, voire d’accéder aux emplois formels. Et rend plus difficile son accès aux fonctions politiques. Cette barrière est traduite par un nombre très réduit de femmes dans les institutions politiques. A cela s’ajoute le mythe et croyance au tour de l’exercice du savoir politique par la femme. Un autre handicap ce que les femmes ne lisent pas beaucoup pour se cultiver ».

Aussi, recommande-t-il aux femmes de se soutenir en votant la femme lors des échéances électorales. « Il faut lutter contre les facteurs qui expliquent les disparités persistantes entre les hommes et les femmes. On doit continuer à vulgariser des connaissances des droits de la femme parce que beaucoup n’en sont pas informés », a déclaré ce chevalier de la plume.

Et de poursuivre, « Il a été démontré que les hommes et les femmes sur le plan intellectuel sont tous égaux et doivent tous être représentés équitablement dans les institutions. Le fait que l’homme est dans la sphère publique de même la femme doit se retrouver. Le monde doit soutenir la vulgarisation des connaissances des droits de la femme car beaucoup n’en sont pas informés ».

La femme doit être autant que l’homme, une actrice majeure dans tous les événements de la société

La coordonnatrice nationale a.i de la Ligue des femmes de la DCU/ville de Kinshasa, Mme Magalie Dosi Kisansa, a déploré qu’il y aujourd’hui, un déséquilibre criant de la participation des femmes aux institutions politiques. Est-ce qu’il faut continuer à laisser les choses comme telle ?, se questionne-t-elle, et elle dit « non ».

« Cela doit changer. Et pour que ce changement arrive, nous avons l’obligation de passer à l’action et cesser de demeurer dans des plaintes et jérémiades… La femme doit être autant que l’homme, une actrice majeure dans tous les événements de la société. Lorsqu’une femme est autonome dans sa prise des décisions, dans ses participations, dans ses engagements, cela est une plus-value pour la société ».

Elle a demandé aux femmes de la DCU et de tous les partis politiques, et même les hommes, de s’impliquer de toutes leurs forces par des actions concrètes, pour soutenir les candidates féminines lors des prochaines élections. Il est certes vrai que, la femme doit avant tout croire en elle pour faciliter la cristallisation de ses ambitions, a souligné Mme Magalie Dosi Kisansa.

Elle a appelé toutes les femmes des partis politiques de s’unir autour des autres femmes, afin de rééquilibrer la société congolaise. « Transcendons nos querelles personnelles et autres luttes de positionnement qui ne feront qu’amener notre lutte vers le bas, plutôt que de créer une émulation qui devrait nous pousser vers nos semblables afin de lutter, comme un seul homme, et promouvoir la femme en général et la femme congolaise en particulier. Mettons de côté ce qui nous sépare, ce qui nous divise, pour atteindre l’égalité que nous recherchons tant. Cherchons l’unité, soutenons les femmes », a-t-elle déclaré.

Laurel Sosongo, également potentielle candidate députée provinciale pour sa part, appelle les femmes à prendre conscience des défis qu’elles doivent relever. « Nous souhaitons avoir un grand nombre de femmes à l’Assemblée nationale, au Sénat, aux assemblées provinciales ; beaucoup de femmes gouverneurs, bourgmestres et ministres. Ainsi, l’on salue les prescrits de l’article 13 de loi électorale qui incite et favorise la participation des femmes candidates aux élections. Elles sont ainsi appelées à s’impliquer dans le processus électoral, imprégnées de valeurs patriotiques, ne pas être instrumentalisées, ne pas voter pour l’argent, polo, pagne, etc… Mais plutôt voter par conviction, voter utile car l’avenir de notre beau et grand pays en dépend », rappelle-t-elle.

Propos recueillis par Lepetit Baende, JDH

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