Le gouverneur militaire de l’Ituri, le lieutenant-colonel Johnny Luboya Kashama, a procédé le samedi 22 juillet courant, à l’inauguration officielle d’un nouveau bâtiment devant abriter la salle de chirurgie du centre médical « Karibuni wa Mama » dans la ville de Bunia, chef-lieu de cette province meurtrie de l’Est de la République démocratique du Congo. C’est une salle d’opération spécialement construite pour la réparation des fistules et autres cas de chirurgie dans la province de l’Ituri. Œuvre de la SOFEPADI (Solidarité féminine pour la paix et le développement intégral) qui a construit la clinique obstétrique « Karibuni wa Mama », pour assurer la prise en charge holistique des victimes de violence sexuelle abandonnées.
Dans son discours avant l’inauguration, le chef du gouvernement provincial de l’état de siège a indiqué que la province de l’Ituri qui traverse des moments difficiles avec des violations graves de droits humains surtout envers les femmes qui sont violées, demande une attention particulière pour la prise en charge des victimes de ces actes ignobles.
« Cet ouvrage que nous inaugurons aujourd’hui, vient à point nommé contribuer au soulagement des souffrances des personnes vulnérables et victimes des atrocités de notre province. C’est à juste titre que nous tenons à remercier très sincèrement l’organisation non gouvernementale SOFEPADI pour cet apport et qui depuis plusieurs années s’emploie de façon concrète et efficace à la prise en charge holistique des survivantes des violences sexuelles dans ce centre Karibuni wa Mama qui fait la fierté de la Province », a-t-il déclaré.
Et de poursuivre : « La province de l’Ituri a beaucoup des défis à relever pour son développement et la lutte contre les violences faites à la femme doit concerner tout le monde car une société ne peut pas se développer avec ces genres de violences envers les femmes. C’est l’occasion également de remercier TROCAIRE pour la mobilisation des fonds et sa contribution qui a permis la réalisation de cet ouvrage ».
Selon les estimations, la province de l’Ituri a enregistré 6.747 cas de violence sexuelle en 2022. Au premier semestre de l’année 2023, plus de 3.900 femmes victimes ont été notifiées. L’inauguration de la salle de chirurgie pour la « réparation des femmes » victimes de fistules vésico-vaginales tombe à point nommé, a dit M. Paul Watson, directeur-pays de Trocaire. Ce dernier estime que cette cérémonie c’est aussi l’accomplissement d’un espoir pour l’avenir.
Ces propos ont été appuyés par Piaget Poto, représentant de la ministre du Genre, Famille et Enfant qui estime que cette inauguration vient apporter à la vision du FONAREV (Fonds nationale pour la réparation et réintégration des victimes de violence sexuelle et basée sur le genre). « Au-delà de la participation du projet dans la lutte contre les VBG, ce projet contribue donc également à la Couverture santé universelle car il permet à tout individu pouvant y accéder à bénéficier à des services de santé de qualité dont il a besoin, en profitant de la disponibilité des services de la protection de la population », a-t-il déclaré.
Trois défis ayant motivé la LOFEPADI
A en croire Mme Julienne, coordinatrice adjointe du Mécanisme national de suivi de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba, et présidente du conseil d’administration de la LOFEPADI, celle-ci est une organisation féminine congolaise de la société civile, créée depuis avril 2000 à Bunia et qui a pour mission la défense et la promotion des droits des femmes et de l’enfant. Et la mise en œuvre de cette salle de chirurgie à Bunia, pour la LOFEPADI, a été motivée par trois défis, a-t-elle souligné dans son mot de bienvenu.
« Le premier défi c’est le coût de l’intervention chirurgicale. « La clinique obstétrique ‘’Karibuni wa mama’’ n’était pas en mesure de fournir une chirurgie reconstructive après un incident de violence sexuelle, ni un suivi ou une posture des survivantes. Les cas qui nécessitaient une intervention chirurgicale spécialisée étaient référés à une institution externe, en dehors de l’Ituri. Étant donné que la SOFEPADI, par l’intermédiaire de son centre Karibuni wa Mama, offre des services gratuits de VBG aux victimes de violences sexuelles, la SOFEPADI assumerait le coût de l’orientation et du traitement des victimes dans les institutions médicales externes. Cela a nécessité pour la SOFEPADI d’avoir sa salle de chirurgie fonctionnelle pour fournir ce service vital aux femmes et aux filles », a déclaré Mme Julienne Lusenge.
Le deuxième défi, a-t-elle dit, était le suivi et les soins post-opératoires pour les survivantes, qui ont besoin d’un suivi constant « non seulement de leur guérison physique, mais aussi mentale et émotionnelle. Il est plus productif et plus rentable de fournir un soutien holistique aux survivants lorsqu’ils sont traités par un établissement médical qui fournit une réponse globale à la VBG ainsi que de s’occuper de tout autre problème médical qui survient pendant l’admission et le traitement ».
Le troisième défi était la confidentialité qui devenait de plus en plus difficile à maintenir, de la part de l’établissement médical externe, une fois qu’une survivante lui était référée. Et la mise en place d’une politique de protection des données à la SOFEPADI ne garantissait pas la même chose dans un établissement externe, a-t-elle souligné.
« Motivée par ces défis, la SOFEPADI a pu mobiliser des fonds auprès de son partenaire TROCAIRE qui a compris la nécessité d’avoir ces services et qui est venue en appui pour la construction et l’équipement de ce bâtiment que nous allons visiter. A cela, d’autres partenaires auprès de qui nous adressons également nos remerciements pour leur générosité manifestée à l’égard des femmes et filles survivantes de violences sexuelles dans la province de l’Ituri… », a indiqué Mme Julienne Lusenge.
Avant de quitter le centre Karibuni wa Mama, le gouverneur militaire de la province de l’Ituri a visité les différentes installations, salle des matériels, la salle d’opération, la salle de réveil de l’anesthésie et autres…, avant d’écrire quelques mots dans le livre d’or du centre hospitalier de la LOFEPADI. Occasion pour la femme courage, Mme Julienne Lusenge, Pca de la LOFEPADI, d’expliquer au n°1 de la province de l’Ituri, le parcours de sa structure qui est au service du Seigneur et de la population. Ce, avant de marteler sur la sécurité du personnel de ce centre Karibuni wa Mama se trouvant dans un coin reculé.
Ce centre est situé dans la ville de Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri, et s’est équipé de ce nouveau bâtiment qui va s’occuper de la chirurgie pour réparer les fistuleuses en toute confiance et confidentialité. Cela, grâce à l’appui de l’Agence catholique irlandaise TROCAIRE.
Plus de 50 personnes travaillent dans ce centre pour donner le sourire aux femmes victimes de violence sexuelle.
Lepetit Baende