Bien qu’elle soit Secrétaire générale de la Francophonie, une organisation internationale réputée apolitique, Mme Louise Mushikiwabo n’a pu se dissocier du cancer de peau qui frappe son pays d’origine le Rwanda, accusé preuves à l’appui, d’agresser la Rdc pays hôte des 9èmes jeux de la Francophonie. Si les autorités congolaises ont pris toutes les précautions d’usage, l’opinion n’est pas surprise de constater que la patronne de la Francophonie va suivre les jeux dans l’hexagone, parce qu’incapable de condamner son pays d’origine qui pille et tue chez son voisin, violant par-là même les règles élémentaires de la Francophonie.
Preuve qu’un seul individu peut prendre en otage toute une organisation internationale et l’empêcher ainsi d’accomplir les missions pour lesquelles elle a été créée. Quoi de plus normal que cette absence-présente soit constatée, surtout qu’elle lui a évité le pire, une humiliation à peine voilée et qu’elle ne serait pas à l’aise de se retrouver nez-à-nez avec les autorités congolaises, saluées du reste pour avoir bravé tous les défis (sécuritaires et politiques) en offrant des infrastructures de qualité à la jeunesse congolaise en particulier et celle de l’espace francophone en général.
La Rdc a fait sa part
Pour revenir à l’actualité du jour, disons qu’il a été organisé dans l’une des salles prestigieuses du Palais du peuple, une conférence de presse de lancement des jeux de la Francophonie. C’était en présence de Patrick Muyaya, ministre de la Communication et médias, de Mme Caroline St-Hilaire, celle-là même qui représente la Secrétaire générale Louis Mushikiwabo, de Mme Zeina Mina et de M. Isidore Kwandja, Directeur national du CNJF.
A la question de savoir ce qui s’est passé dans l’établissement des invitations, Patrick Muyaya a rappelé qu’il y a quelques jours, son collègue des Affaires étrangères, Christophe Lutundula a reçu une note verbale de l’Ambassade de France. « Comme vous le savez, la Francophonie a son siège à Paris et c’est le Gouvernement français qui s’occupe entre autres de la sécurité de la Secrétaire générale, y compris ses déplacements », précise-t-il.
Et de poursuivre que dans la note verbale, il nous avait été demandé de prendre des dispositions d’accueil pour elle et pour ses 6 gardes du corps dont deux devaient arriver hier mardi, ainsi que toute sa délégation. Et un point de contact a été demandé. Le même jour, dit-il, le Vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères a saisi son collègue de l’Intérieur qui a dit que toutes les dispositions sécuritaires ont été prises pour l’accueil de Mme Mushikiwabo.
Muyaya a précisé qu’on parle des jeux de la Francophonie et la Rdc est un pays hôte, qui offre des infrastructures et certains responsables de la Francophonie sont carrément venus s’installer à Kinshasa pour suivre de près l’organisation. Il s’est étonné en disant : vous organisez votre cérémonie, est-ce qu’il faut vous faire inviter ? « Je pense qu’il y a des choses que nous voulons éloigner de l’esprit de ces Jeux : c’est cette forme de politisation. Si dans le chef de Mme la Secrétaire générale, il y a des motivations de cet ordre qui l’empêchent de venir remplir sa part de responsabilité, ceci l’engage », tranche Muyaya.
Et d’ajouter que suivant les règles diplomatiques en la matière, les choses ont été faites pour qu’elle soit accueillie comme hôte de marque à Kinshasa. Ce qui est le plus important, c’est la cérémonie d’ouverture, mais aussi les compétitions. Si les Jeux de Kinshasa sont un succès, qu’elle soit à Kinshasa ou à Paris, c’est à son actif.
Une mobilisation générale
En deux jours, c’est un rêve qui deviendra une réalité. C’est dire que tout a été fait grâce à l’implication du président de la République, du Premier ministre et de tout le gouvernement, pour que nous puissions tenir à ce rendez-vous qui est symboliquement important pour nous. Parce que la Rdc, comme le dit si bien Patrick Muyaya, lorsqu’on en parle, c’est sous les prismes de la guerre, de la violence, mais jamais sur son propre prisme, d’un peuple résilient, un peuple qui s’efforce de construire son pays.
« Les Jeux de la Francophonie représentent un événement particulier, parce que depuis 1974, c’est à Kinshasa qu’Ali et Foreman se sont affrontés et c’est un événement qui a permis à la Rdc d’écrire une partie de sa plus belle histoire. Dans les Jeux, il y a la culture et le sport, ce sont les deux éléments les plus fédérateurs dans tous les Etats », pense le ministre de la Communication et médias.
Et de préciser que ceux qui ont choisi les compétitions sportives et culturelles, ont privilégié les deux éléments qui fédèrent le plus les nations. Ici, il ne s’agit pas seulement de la nation congolaise, mais de tous les membres de l’Organisation internationale de la Francophonie(OIF) qui ont accepté de venir à Kinshasa au cœur même de la Francophonie. Dans les jours qui viennent, la Rdc sera le pays qui comprendra plus de locuteurs de la langue française.
Quelques jours en arrière, informe-t-il, il y a l’expression ou le verbe « cadonner » qui fait partie du nouveau vocabulaire de la langue française. Pour dire qu’à Kinshasa, il y aura de l’enrichissement pour la langue, mais aussi pour toutes les délégations, non seulement à travers les infrastructures, mais aussi les talents énormes.
A l’en croire, les Jeux de la Francophonie représentent le grand retour de la Rdc sur la scène mondiale. Le plus important, c’est l’avenir. « Nous avons la possibilité de façonner l’avenir avec le président Tshisekedi. Autant nous donnons des réponses aux problèmes climatiques, autant nous voulons alimenter d’espoir nos jeunes qui ont beaucoup de talents, beaucoup d’aptitudes, car après ces Jeux, ils hériteront des infrastructures », dit-il, avant d’inviter les Congolais à prendre rendez-vous pour la grande cérémonie de ce vendredi à partir de 14 heures.
Jean-Marie Nkambua