« La non requalification du mandat de la Monusco à la base de la mort de 42 congolais » (Lutundula)

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Au Conseil de sécurité le 28 septembre 2023 à New York, M. Christophe Lutundula Apala Pen’Apala, Vice-Premier Ministre, ministre des Affaires Étrangères et Francophonie a fait un bref rappel de l’approche actuelle de la République Démocratique du Congo sur la crise sécuritaire grave qui sévit depuis un quart de siècle dans sa partie orientale, plus précisément dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, victimes des activités criminelles des groupes armés terroristes dont le Mouvement dit du 23 mars, M23, soutenu en matériels de guerre et en hommes des troupes par le Rwanda, agresseur de notre pays connu des Nations Unies.

Dans son discours, il a rappelé que par ma lettre du 1er septembre en cours, adressée au Président du Conseil de Sécurité, j’ai communiqué à votre haute institution la vision et les propositions du Gouvernement de la RDC pour un partenariat efficace et fructueux avec l’Organisation des Nations Unies afin de rétablir réellement et durablement la paix ainsi que la sécurité sur l’ensemble de notre territoire national ; ce qui, sans nul doute, contribuera à restaurer la confiance rompue entre elle et le Peuple congolais et à redorer l’image ternie de notre Organisation. Je confirme le contenu de cette lettre et remercie à l’avance le Conseil de bien vouloir s’y pencher en profondeur, avec la plus grande lucidité et objectivité, dans un esprit constructif.

« Permettez-moi donc de vous rafraichir la mémoire en relevant qu’en décembre de l’année dernière, j’ai eu le privilège d’appeler l’attention des membres du Conseil sur le fait que les massacres des populations congolaises, les atrocités les plus barbares, les violences sexuelles sur les femmes, le recrutement des enfants soldats, les violations massives des droits de l’Homme et l’exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC perpétrés par les groupes armés terroristes continuaient et s’amplifiaient à l’Est de notre pays et ce, en dépit de la présence au Congo d’environ 16.000 hommes des troupes de l’O.N.U pendant 25 ans et des milliards des dollars américains dépensés pour y restaurer la sécurité et la paix », dit-il.

Et de poursuivre que je vous ai également alertés sur les vives tensions qui envenimaient les relations entre la Mission de l’Organisation des Nations Unis pour la stabilisation au Congo, MONUSCO et les populations congolaises, plus spécialement celles des territoires ravagés par ces groupes armés et qui ne cessent jusqu’à ce jour de reprocher à cette mission onusienne sa passivité et son incapacité avérées de les protéger contre ces groupes des criminels et de contribuer à mettre fin à l’insécurité quasi permanente dont elles sont victimes.

Afin d’arrêter la dégradation continue de la situation, de donner les chances de réussite aux processus de paix de Nairobi et de Luanda et de prévenir le pire, je vous ai non seulement suggéré de « clarifier le mandat de la MONUSCO » mais aussi signifié « la préférence du Gouvernement de la R.D.C de voir la MONUSCO concourir à l’imposition de la paix, Peacemaking, et équipée d’un armement adapté aux défis et enjeux du moment » face à une armée conventionnelle d’un État membre de l’O.N.U, les Forces de Défense du Rwanda, RDF, et à ses supplétifs du M23.

Au demeurant, cette demande recoupait la déclaration du Secrétaire Général de l’O.N.U, M. Antonio Guterres, à la presse internationale, reconnaissant avec beaucoup de sincérité et un sens élevé de responsabilité, l’impossibilité pour la MONUSCO d’affronter le M23, en possession d’armes lourdes et plus sophistiquées que les siennes, d’une part, et, d’autre part, proposant, lui aussi, de renforcer son mandat ainsi que ses équipements militaires pour qu’elle accomplisse ses missions statutaires de protection des populations civiles et d’appui aux FARDC.

Par ailleurs, poursuit-il, j’ai, à la même occasion, renouvelé la requête du Gouvernement congolais au Conseil de condamner fermement l’agression de notre pays par le Rwanda et de sanctionner sévèrement les auteurs matériels et intellectuels des crimes de guerre et de ceux contre l’humanité commis sur notre territoire national.

Cependant, dans sa résolution 2666 (2022) du 20 décembre 2022, le Conseil de Sécurité n’a tenu compte ni des préoccupations et propositions du Gouvernement de la RDC ni des conseils judicieux du Secrétaire général. Il a renouvelé le mandat de la MONUSCO sans aucun ajustement, comme si de rien n’était.

A l’évidence, cette attitude figée du Conseil de Sécurité, fermant les yeux sur les réalités du terrain, faisant fi des revendications légitimes des Congolais et refusant de requalifier le statut de la MONUSCO, n’a pas donné à la dynamique de la paix à l’Est de la RDC une impulsion nouvelle.

Bien au contraire, comme on pouvait s’y attendre, l’hostilité de la population contre la MONUSCO au Nord-Kivu s’est accrue, plaçant son personnel dans la psychose de l’insécurité et provoquant les incidents violents du 30 août dernier à Goma avec la mort de 42 Congolais, après ceux de juin-juillet 2022 à Goma, Béni, Butembo et Kasindi au cours desquels 30 Congolais et 5 casques bleus ont perdu la vie.

Comme en témoigne le dernier rapport du Secrétaire Général au Conseil de sécurité en date du 02 août dernier, la situation sécuritaire au Nord-Kivu n’a fait que se détériorer et la tragédie humanitaire s’est amplifiée touchant à ce jour environ 5 millions des personnes déplacées. La tension dans la Région n’a pas, non plus, baissé.

 

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