Grand Inga et usine de fabrication des batteries pour véhicules électriques : Nicolas Kazadi demande à la Banque mondiale d’aider la Rdc à trouver des financements

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« Nous sommes contents de travailler avec la Rdc et nous saluons ce partenariat », cette déclaration est du Président de la Banque mondiale, Ajay Banga au cours d’un échange bilatéral avec le ministre des Finances Nicolas Kazadi, ce 13 octobre 2023 dans le cadre des Assemblées Annuelles du FMI et Banque mondiale à Marrakech au Royaume du Maroc. Cette réunion a porté sur le besoin de financements en Rdc pour la diversification de l’économie, les infrastructures, etc. et plus particulièrement la construction du Barrage d’Inga qui impactera les secteurs prioritaires et  l’industrialisation du pays dans l’agriculture et l’économie verte. Pour le Président de la Banque mondiale, l’investissement dans Inga est capital. A cet effet, il a salué la loi y afférente en préparation qui facilitera les prochains développements. Le Président de la Banque mondiale et le ministre des Finances ont tous deux estimé que parallèlement, il faut construire des mini-grids pour un accès accru à l’énergie en Rdc.

Ci-dessous, l’intégralité du discours de Nicolas Kazadi Ministre des Finances lors de cet échange :

C’est un grand plaisir pour moi de vous rencontrer.

Ces premières assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale sous votre présidence marquent une nouvelle vision pour la Banque mondiale, qui correspond pleinement aux défis auxquels l’Afrique est confrontée.

Ces derniers jours, j’ai eu l’occasion de comprendre progressivement ce qui fait de vous un dirigeant unique, doté d’une grande compréhension des défis auxquels sont confrontés les pays à faible revenu.

  • Vous avez clairement identifié les clés pour un avenir meilleur: Créer des emplois de meilleure qualité et plus inclusifs dans un monde où la population est jeune et dynamique; évoluer vers une économie plus numérique, construire un réseau d’infrastructures solides et lutter contre le changement climatique.
  • En outre, le pragmatisme nous enseigne que les pays doivent travailler sur leur compétitivité et la réduction des risques politiques (ou du moins la perception de ces risques) pour mobiliser les fonds nécessaires au financement des politiques de développement. Le Groupe de la Banque Mondiale a la capacité d’intervenir par le biais de ses garanties (MIGA), mais celles-ci doivent être plus accessibles et plus abordables qu’elles ne le sont actuellement. Au-delà de ces instruments, le plus important est que les pays disposent de feuilles de route claires en matière de réformes pour améliorer la perception des risques politiques.

Ces points que vous avez très clairement identifiés dans votre vision sont au cœur des défis auxquels sont confrontés les pays à faible revenu, en particulier la RDC. Mon pays résume en quelque sorte une grande partie des défis auxquels sont confrontés les pays africains. Nous ne devons pas laisser passer le grand élan que vous impulsez : des actions concrètes sont nécessaires maintenant et c’est une opportunité de bénéficier de votre expérience dans le secteur privé.

L’avenir de la RDC réside dans la diversification de son économie. La diversification verticale au sein du secteur minier est en cours, car il s’agit d’un fruit à portée de main et le plus rapide à mettre en œuvre. Elle implique deux défis à relever :

(i) Créer suffisamment d’électricité pour fournir de l’énergie à ce secteur

(ii)Créer les infrastructures routières nécessaires au transport de nos produits

Les solutions rapides ne suffiront pas: les projets isolés à faible potentiel de production d’électricité ne seront pas suffisants. Certes, cela contribuera à élargir l’accès à l’énergie pour la population, ce qui est une autre de nos priorités, mais nous devons nous orienter vers des projets de grande envergure  pour produire de l’électricité, comme le barrage d’Inga dans sa phase III et au-delà, afin de faciliter notre transition vers l’industrialisation. Le projet est répertorié par la Banque multilatérale de développement du G20 comme l’un des 10 “projets de transformation exemplaires” ayant un impact significatif sur le développement. Ce projet d’envergure permettra de produire 44 GW d’électricité pour moins de 3 centimes USD/kW, ce qui sera utile à de nombreux pays (de l’Afrique du Sud à l’Égypte).

  • Nous avons réhabilité Inga I et II, qui sont des infrastructures détenues par l’État, mais nous devons aller plus loin, avec l’aide d’investisseurs privés. Jusqu’à présent, toutes les initiatives récentes visant à développer Inga I et II n’ont pas abouti.
  • Dans ce contexte, la loi sur le développement d’Inga, qui est actuellement en préparation, a un rôle clé à jouer dans ce processus, puisque cette loi devrait servir de cadre pour les décennies à venir, dépassant ainsi les agendas politiques.
  • Comme vous le savez, Inga est aussi un projet stratégique, au cœur des dynamiques géopolitiques. Le Groupe de la Banque Mondiale, qui est au cœur du multilatéralisme, a un rôle clé à jouer. Les différents centres d’influence doivent s’aligner sur ce projet, qui est si critique pour la RDC mais aussi pour la région dans son ensemble.

Je pense que nous devons nous appuyer sur l’élan considérable que vous donnez pour relancer ce projet, avec la Banque mondiale en tant qu’acteur central. À cette fin, nous nous demandons dans quelle mesure nous pourrions solliciter l’assistance du Laboratoire d’investissement du secteur privé que vous, Monsieur le Président, avez mis en place au sein du Groupe de la Banque Mondiale, afin d’aider la RDC à trouver des financements, tant privés que publics, pour soutenir le développement du projet hydroélectrique du Grand Inga.

Je suis personnellement convaincu que votre expérience unique, apportant votre vision du secteur privé, sera un atout considérable pour mener à bien ce projet.

Un deuxième projet clé à matérialiser est l’usine de fabrication de batteries pour les véhicules électriques.

  • La RDC a signé un protocole d’accord avec la Zambie et les États-Unis afin de faciliter le développement d’une chaîne de valeur intégrée pour la production de batteries de véhicules électriques en RDC et en Zambie, allant de l’extraction des matières premières à la transformation, la fabrication et l’assemblage.
  • Le récent mémorandum économique pour la RDC (“Pathways to Economic Diversification and Regional Trade Integration”) comprend une étude de cas sur la m chaîne de valeur de l’industrie minière.

Nous sollicitons le Groupe de la Banque Mondiale pour qu’il s’associe à la mise en œuvre du projet sur le site de la RDC. La production locale de batteries permettrait notamment à la RDC de réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 30%, ce qui en ferait le 1er producteur à faible émission de matériaux précurseurs de cathodes pour les batteries lithium-ion.

Pour conclure sur ce sujet, M. le Président, la République Démocratique du Congo ne sortira pas de l’extrême pauvreté et de la fragilité, et la lutte contre le climat et le chômage ne sera pas gagnée sans positionner la RDC comme pays-solution à la “pauvreté énergétique” et à la “crise climatique”. Cela passe nécessairement à travers le développement de la centrale hydroélectrique du Grand Inga et  la fabrication locale de batteries pour véhicules électriques.

Au-delà du travail accompli en faveur de la diversification verticale dans le secteur minier, nous disposons d’un potentiel infini de diversification horizontale, dans les secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Je n’ai malheureusement pas le temps d’entrer dans les détails, mais la compétitivité de ce secteur dépend de notre capacité à investir dans les infrastructures de transport à grande échelle et dans l’énergie, ainsi que dans le capital humain.

La diversification -qu’elle soit horizontale ou verticale -est le seul moyen de réduire la pauvreté (tant absolue que relative) et de permettre une création massive d’emplois. Il s’agit également d’un potentiel énorme en termes de création de valeur, nous permettant de passer de milliards à des billions.

Au cours des dernières années, le portefeuille de l’IDA en RDC a considérablement augmenté, passant de 3 à 9 milliards. Malgré cela, nous restons sous-endettés et disposons d’une marge de manœuvre importante pour financer de bons projets.

Une fois de plus, j’espère que vous inspirerez le changement au sein de votre institution en vous appuyant sur votre vision clairement définie. Plus que jamais, nous sommes à un moment critique où nous pouvons faire la différence pour la RDC et pour l’Afrique, que vous avez qualifiée à juste titre d’avenir de l’humanité”.

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