Ça, c’est une grosse arête en travers de la gorge des forces politiques et sociales de l’Union sacrée pendant cette sacrée campagne électorale.
Pour rappel, président du Mlc, Jean-Pierre Bemba s’est vu octroyer la zone linguistique lingala comprenant le Grand Equateur et une bonne partie de la Grande Orientale. Respectivement président de l’Unc et de l’Afdc, Vital Kamerhe et Modeste Bahati ont obtenu la zone linguistique swahili pour le Grand Kivu, zone linguistique en partage avec, pour le Grand Katanga, Jean-Michel Sama Lukonde, membre influent de l’Avc.
Président du Crd, Christophe Mboso a pris la zone linguistique kikongo pour le Grand Bandundu, tandis que le secrétaire général de l’Udps, Augustin Kabuya, gère pour le Grand Kasaï la zone linguistique tshiluba.
La coordination de l’équipe de campagne est assurée par deux cadres de l’Udps : Jacquemain Shabani et Acacia Bandubola.
Depuis le lancement de la campagne électorale le 19 novembre 2023, rares sont cependant les candidats à la députation nationale et à la députation provinciale à opérer véritablement sur le terrain.
Ils attendent le financement leur promis ; l’ultimatum donné étant à terme depuis ce 30 novembre.
Ceux qui sont en campagne le font avec leurs propres moyens.
La question préoccupante et lancinante à la fois se pose toutefois en terme de priorité.
En effet, à la recherche normale d’une majorité confortable au Parlement constitué de députés nationaux et de sénateurs issus, eux, des élections provinciales, l’Udps a positionné ses 500 candidats pour les législatives. C’est-à-dire une candidature pour chaque circonscription électorale, toutes zones linguistiques confondues.
C’est son droit absolu.
Du moment que le Mlc, l’Unc, l’Afdc, l’Aco et le Crd, pour ne citer que ces partis, ont également leurs propres candidats aux mêmes législatives – c’est aussi leur droit absolu – le choix devient cornélien pour les coordonnateurs des zones linguistiques.
En effet, ils sont désormais partagés entre, d’un côté, favoriser leurs propres candidats au détriment de ceux de l’Udps pour espérer survivre politiquement et, de l’autre, favoriser les candidats de l’Udps au détriment des leurs avec pour conséquence logique de disparaître momentanément ou définitivement de la scène politique !
A l’exception d’Augustin Kabuya pour le Grand Kasaï, les coordonnateurs des zones linguistiques qui ne sont pas de l’Udps vont, cela va de soi, favoriser les candidats de leurs partis dans ce qu’ils considèrent comme leurs fiefs naturels.
Ainsi, Bemba est plus sûr avec les candidats Mlc dans les circonscriptions du Grand Equateur et d’une partie de la Grande Orientale qu’avec ceux des circonscriptions, par exemple, du Grand Katanga ou du Grand Kasaï.
Bahati ou Kamerhe de même pour les candidats Adfc ou Unc dans les circonscriptions du Grand Kivu qu’avec ceux du Grand Bandundu. Car ici, Mboso veillera à ce que les candidats Crd l’emportent en priorité, de la même façon que Kabuya voudra voir des candidats Udps réaliser 100 % dans sa zone linguistique.
Et puisque l’enjeu principal pour la plupart des acteurs politiques majeurs est la survie politique, même au Grand Kasaï rien n’est totalement acquis. Car, des acteurs comme Samy Badibanga, Adolphe Lumanu, Evariste Boshab, Lambert Mende et autres Léonard She Okitundu ne voudront pas que ces élections se transforment en funérailles pour leur carrière.
Ce qui va arriver se devine : l’Udps vivra la fameuse tactique d’encerclement chère à Vital Kamerhe, même au sein de l’Union sacrée.
En d’autres mots, de peur de voir le parti présidentiel les marginaliser une fois la majorité absolue lui acquise, les coordonnateurs des zones linguistiques mettront, chacun de son côté, les moyens nécessaires pour survivre et, de ce fait, être en position de négocier des postes dans l’Exécutif national et dans l’Exécutif provincial, ceci impliquant les entreprises, les établissements et les services publics.
Car, les postes au sein de l’Exécutif se négocient au prorata des résultats aux législatives et aux provinciales et aux sénatoriales.
Ce qui laisse entrevoir, à ce stade, de chaudes empoignades au sein de la plate-forme électorale présidentielle.
Si de ces empoignades ils ne tirent aucune dividende, ces leaders préféreraient même l’ajournement des élections. Ou, au cas où ce scrutin a lieu le 20 décembre 2023, ils seraient pour une dynamique interne qui dérangerait fatalement l’Udps.
Il faut admettre, à cette étape, que le parti présidentiel aurait dû placer plus ou moins 200 candidats Udps, laissant 300 à ses alliés pour ne serait-ce que constituer au final une majorité confortable de 300 ou 350 députés nationaux Usn !
C’est raté, malheureusement.
Sauf si on procédait à un réajustement.
Et même là, les partenaires sont comme des chats échaudés…
Omer Nsongo die Lema