Laurence Tubiana est la directrice générale de la Fondation européenne pour le climat. Elle participe à la COP28 qui se déroule présentement à Dubaï aux Émirats arabes unis. Dans un entretien avec le journaliste de China Media Group (CMG), elle s’est prononcée sur des points comme l’Accord de Paris sur le climat, la transition énergétique, l’exemple de la Chine dans le développement vert et l’Afrique face aux de défis du développement et du changement climatique.
L’Accord de Paris sur le climat se rapporte au traité international sur le réchauffement climatique adopté en 2015. C’est une pièce maîtresse dans la lutte contre le changement climatique d’autant plus que son objectif principal est de maintenir « l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels » et de poursuivre les efforts « pour limiter l’augmentation de la température à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels. » Lors de la COP28 qui se tient actuellement à Dubaï aux Émirats arabes unis, du 30 novembre au 12 décembre 2023, le mécanisme de l’Accord de Paris a été largement abordé. Dans son interview accordée à CMG, la directrice générale de la Fondation européenne pour le climat Laurence Tubiana a souligné l’importance de ce traité et le rôle joué par la Chine dans sa mise en œuvre.
Pour elle, l’intérêt de revenir sur l’accord à la COP28 se justifie pleinement dans la mesure où les discussions entre les différentes parties permettent de faire le bilan des actions mises en œuvre et de renforcer la coopération internationale sur sa mise en œuvre. « On a de grands objectifs, mais on sait qu’ils sont difficiles à tenir. C’est pour cela qu’il faut revenir chaque fois ensemble pour voir où on en est, pour voir quels sont les progrès qui ont été faits, et ce qu’il faut améliorer et en quoi il faut beaucoup plus de coopération internationale », a soutenu Laurence Tubiana. De son avis, en dépit des « problèmes de géopolitique », il faut trouver le moyen de discuter du climat qui est une préoccupation mondiale. La lutte contre le changement climatique, a-t-elle indiqué, doit transcender la logique de blocs, de Nord et de Sud. « Il faut une action internationale et le multilatéralisme dans le cas du climat, c’est la seule solution. C’est pour cela que le rôle de la Chine est très important à la fois comme la politique nationale, mais aussi pour arriver à de bonnes décisions à cette COP », a argué la directrice générale de la Fondation européenne pour le climat.
Aux dires de Laurence Tubiana, pour que les efforts consentis pour endiguer le dérèglement climatique puissent porter fruits, il y a lieu de travailler à la substitution des énergies fossiles par ces renouvelables. « Il faut des étapes bien sûr et il ne faut pas compter sur un miracle technologique. (…) Il n’y a pas d’autres solutions techniques que de passer aux énergies renouvelables dans la transition énergétique. Et c’est toujours du possible avec l’amélioration des technologies sur le stockage, les batteries, l’électrolyse, l’hydrogène vert… », a-t-elle indiqué. Il est possible, selon Mme Tubiana, d’avoir un nouveau plan de transition énergétique et la raison devrait l’emporter d’autant plus la « catastrophe climatique » concerne tout le monde. « Elle touche la Chine, elle touche l’Europe, elle touche les États-Unis. Aujourd’hui, ce n’est pas possible d’assurer sa maison en Californie contre les incendies ou contre les inondations en Floride. On ne peut pas continuer comme ça », a-t-elle rappelé. Selon Laurence Tubiana, même si le changement est difficile, il faut se convaincre qu’il y a de l’espoir sur le chemin de la transition énergétique parce qu’il y a plus d’emplois dans les énergies renouvelables en Chine et en Europe que dans le secteur des énergies fossiles.
La directrice générale de la Fondation européenne pour le climat est convaincue qu’il faut envisager le développement sous l’angle du développement vert. Les emplois, a-t-elle affirmé, sont maintenant de façon croissante dans les énergies renouvelables. « Il faut voir la croissance économique complètement différemment. Et là où on doit faire encore un progrès et ça a été très important, la COP15 à Kunming et à Montréal. Il faut intégrer la protection de la biodiversité de la nature parce que c’est théorique. Le carbone, c’est important, mais aussi la protection de la biodiversité, c’est aussi notre condition de vie, de santé. Et je pense que petit à petit, il faut tout rassembler pour un nouveau modèle de développement », a argumenté Mme Tubiana. Et la Chine, à son avis, a un rôle particulier à jouer dans ce nouveau type de développement parce qu’elle a cette position de « leader d’opinion et de politique » au sein du groupe des pays en développement. Toutefois, elle a laissé entendre que même s’il existe des craintes exprimées par certains pays parce que ce développement différent irait contre leur développement économique, il faut donner l’exemple. « La Chine passe d’un investissement dans d’autres pays sur le charbon par exemple à un investissement aujourd’hui dans les énergies renouvelables. Je crois que c’est ce genre de choses qu’il faut encourager », a déclaré Laurence Tubiana.
L’Afrique, a-t-elle dit, a une population qui croit avec une jeunesse à laquelle il faut trouver de l’emploi. Et pourtant, il faut envisager le développement en tenant compte du changement climatique. Selon elle, l’Afrique peut amorcer un développement vert pour mieux contrecarrer les ravages du changement climatique. « L’Europe et la Chine peuvent montrer l’exemple en disant qu’au contraire, ça peut très bien marcher, que les pays africains peuvent en bénéficier et qu’il y aura beaucoup d’emplois à la clé, puisque c’est le problème principal. Après, il y a un problème de l’impact de la crise climatique sur les pays africains, qui est particulièrement sévère, notamment dans les régions sahéliennes », a relevé la directrice générale de la Fondation européenne pour le climat. En clair, l’Afrique devrait amorcer le développement vert pour mieux affronter les défis du changement climatique.
(Note de l’éditeur : Cet article reflète le point de vue de l’auteur Laurence Tubiana et pas nécessairement celui de CGTN.)