Pour les congolais, le Rwanda est un Etat minus habens sinor carrément nihil habens, et Kagame un crapaud nain qui veut se faire aussi gros que le bœuf, au risque d’exploser.
Hélas, avec le temps, le Rwanda a réussi à se forger une stature internationale des pays sûrs et fiables en affaire, notamment par la vente du coltan auprès de certaines sociétés internationales et grâce à la signature d’un MOU sur les matières stratégiques.
Entretemps, Kagame s’est révélé une dangereuse pieuvre étendant ses puissants tentacules sur l’Afrique subsaharienne et dans les milieux des grands centres de décisions internationales comme l’ONU et l’UE.
Dans cet ordre d’idées, Kagame a conclu des accords militaires et d’affaires au point d’être présent au Mozambique, en RCA, au Benin, en Pologne, en RSA, au Zimbabwe, en Zambie, en Guinée Equatoriale et en République du Congo ; sous le couvert des sociétés écrans qu’il dirige depuis Kigali aidé, en cela, par l’activisme débordant de la Diaspora Tutsi.
Ces Etats et partenaires deviennent ainsi, par la force des choses, ses alliés au détriment de la République Démocratique du Congo. C’est ce qui explique la condamnation de l’agression rwandaise que du bout des lèvres, malgré tous les efforts diplomatiques du Président Tshisekedi.
A la vérité, il faut reconnaître que Kagame a, patiemment et méthodiquement, construit son ambition hégémoniste : d’abord en s’imposant comme technicien et expert dans l’armée ougandaise formé dans les écoles militaires aux USA, ensuite comme meneur d’homme d’Ouganda jusqu’à la conquête du pouvoir à Kigali.
Grâce à sa victoire éclaire sur le régime de Kinshasa sous le couvert de l’ADFL, il s’est révélé un chef militaire efficace et avisé.
Enfin en accédant au poste de Chef d’Etat, il s’est confirmé comme un leader ayant une vision sur l’avenir de l’Afrique et capable d’exercer un leadership en Afrique ou, tout au moins, sur la partie de l’Afrique où il est présent par la présence de ses contingents dans les différentes missions de l’ONU en Afrique par l’accord sur les réfugiés expulsés de Grande Bretagne et par la signature de MOU avec l’UE sur les produits stratégiques que son sous-sol ne détient pas, Kagame s’est affirmé comme un stratège.
Car, en effet, cet accord avec la Grande Bretagne, par exemple a, non seulement, résolu le problème d’immigrés indésirables dans ce pays, mais aussi, par conséquent et éventuellement, dans les autres pays européens. D’où leur silence stratégique.
Par ailleurs, l’histoire de l’humanité est remplie des cas de David tuant Goliath. La leçon à tirer de cette histoire, est qu’une victoire est plus une question d’option stratégique et de réalisme tactique plutôt que de force ou de rage.
Comprendre la nature d’un problème constitue un pas décisif dans la recherche d’une solution adéquate. Et au regard de la situation actuelle au Moyen Orient ou en Ukraine, il apparait qu’aucun Etat n’enverra ses citoyens à la mort pour les beaux yeux d’un Chef ou d’un Pays.
La défense de l’intégrité territoriale et de l’intégrité physique est d’abord, sinon exclusivement, de la responsabilité des citoyens du Pays agressé ou en danger.
Tout au plus, certains Etats pourraient intervenir en cas de victoire pour sanctuariser le territoire conquis. En tout état de cause, la République Démocratique du Congo devrait s’employer, par tous les moyens, à couper toutes les sources d’approvisionnement du Rwanda grâce aux accords militaires, économiques ou d’affaires ; car l’atavisme de notre histoire grandiose et de notre glorieux passé ne suffit pas à nous garantir une victoire décisive sur le Rwanda.
A cette fin, la République Démocratique du Congo doit envisager et étudier une action holistique dans tous les domaines pour forcer la Rwanda à accepter un dialogue stratégique avec Elle sur base d’égalité et de respect mutuel.
Sinon, la pieuvre Kagame risque d’étouffer le Grand Congo par strangulation. Crier ou prier est lâche, seul le silence est grand ! Disait Alfred de Vigny dans ‘La mort du loup’.
Ambassadeur André-Alain Atundu Liongo, Bureau Stratégique