Comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, Mohamed Gnabaly, maire écologiste français d’origine sénégalaise de L’Île-Saint-Denis, a récemment suscité une vive controverse en décidant de fermer le stand du Maroc à la «Station Afrique», un site dédié aux Jeux olympiques de Paris, suite aux propos de la chanteuse marocaine Saïda Charaf qui n’a fait que remercier le président français pour son soutien à la marocanité du Sahara. Bien au-delà d’une simple maladresse, la réaction du maire est plutôt une manifestation de censure qui trahit son faible pour le régime algérien. Détails.
Mais quelle mouche a piqué Mohamed Gnabaly, maire de L’Île-Saint-Denis qui a décidé de fermer précipitamment le stand du Maroc à la «Station Afrique» après que la chanteuse marocaine d’origine sahraouie, Saïda Charaf, se soit simplement réjouie de la décision du chef d’État français de reconnaître la marocanité du Sahara en ces termes: «Le Sahara est marocain, merci Président Macron»? Pour justifier sa décision totalement absurde, le maire sort complètement du bois en bafouillant qu’il s’est senti «mal à l’aise». «Je voudrais juste rectifier une chose, une seule chose, la grande Saïda Charaf a remercié le président de la République de sa dernière décision et ça me met mal à l’aise», a-t-il soupiré.
Un maire fier de ses «valeurs algériennes»
Loin d’être fortuite, sa décision a l’air d’être parfaitement réfléchie parce qu’elle se met au diapason de ses anciennes prises de position pro-algériennes et anti-marocaines. D’une part, Gnabaly ne manquait aucune occasion d’afficher son tropisme pour l’Algérie, pays d’origine de son épouse qu’il décrit comme «très nationaliste». Cette dernière a en effet récemment liké un communiqué d’une organisation franco-algérienne inféodée au régime algérien accusant le Royaume d’être un «bourreau colonisateur et génocidaire». Pas plus tard qu’en juillet 2024, son mari déclarait au journal du FLN El Moudjahid que «la culture et les traditions algériennes font partie» de sa vie au quotidien et qu’il a «grandi avec les valeurs algériennes».
En juillet 2019, dans une interview pour Le Courrier de l’Atlas, il répond à une question sur «le racisme anti-noir qui sévit dans les pays du Maghreb», il est allé jusqu’à jeter la première pierre sur le Maroc en disant qu’il est allé à Sétif et Constantine où il n’a senti «aucune animosité» à son égard, contrairement au Maroc et la Tunisie où «c’était moins chaleureux». Des déclarations qui sèment la division et soulèvent des préoccupations quant à sa capacité à exercer ses fonctions de maire de manière neutre et impartiale. En favorisant un point de vue clairement marocophobe lors de ses décisions municipales, Gnabaly compromet sérieusement son rôle de garant de l’unité et de la diversité communautaire à L’Ile-Saint-Denis.
D’autre part, sa décision de permettre la présence du fanion de la pseudo-RASD à cet événement est non seulement scandaleuse, mais également incohérente avec le principe de neutralité politique que tout élu local se doit de respecter. Favoriser une entité fantoche et non reconnue internationalement, et par la France elle-même, contre la souveraineté d’un État légitime constitue une prise de position politique flagrante, qui ne devrait pas avoir sa place dans la gestion d’un événement festif et sportif.
En outre, critiquer la décision souveraine du président français de reconnaître la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud, en arguant un «malaise» émotif et subjectif comme si monsieur Gnabaly était encore un enfant immature, mélangeant sentiment personnel et décision étatique, est une atteinte directe à son devoir de réserve en tant qu’agent de l’État, et à la diplomatie nationale française qui relève du domaine réservé du Président de la République. En tant que maire d’une commune française, Mohamed Gnabaly devrait-il plutôt respecter et promouvoir les positions officielles de la France ou celles de l’Algérie?
Enfin, en censurant la liberté d’expression de Saida Charaf, une artiste marocaine, qui plus est, d’origine sahraouie, il envoie un message alarmant sur sa gestion de la diversité culturelle et artistique au sein de sa commune. En tant que maire, il a la responsabilité de protéger et de promouvoir la diversité culturelle et les échanges interculturels, et non de les restreindre arbitrairement en fonction de ses affiliations personnelles ou politiques. L’attitude de Mohamed Gnabaly à L’Ile-Saint-Denis est somme toute préoccupante, car elle montre une propension à la partialité politique et à la censure, allant à l’encontre des principes démocratiques et de la neutralité attendue d’un élu local.
Dans un communiqué réagissant à cette décision, le Consulat général du Maroc à Villemomble a dénoncé l’attitude partiale du maire. «Dans une démarche isolée de fébrilité manifeste, de résilier la convention de mise à disposition du domaine public “Station Afrique” signée le 16 juillet dernier, il a ainsi privé le Maroc et ses ressortissants établis dans la région d’un moment de célébration pour le continent africain pendant les JO.»
«Cette résiliation unilatérale et arbitraire pose de sérieuses questions sur les motivations du maire et sur le respect des engagements pris, sachant que plusieurs membres du Conseil municipal se sont inscrits en faux contre cette décision et ont signifié leur entière solidarité avec le Maroc», souligne, entre autres, le consulat marocain.
Par Saad Bouzrou