Le Programme alimentaire mondial (PAM) a lancé un appel de fonds de 16,9 milliards de dollars vendredi, pour faire face à l’aggravation de la crise de la faim dans le monde en 2025, un montant qui correspond à peu près à ce que le monde dépense en café en deux semaines.
Cet appel fait suite à la publication du rapport de prévisions globales 2025 [Global Outlook 2025] de l’agence, qui évalue les besoins mondiaux en matière de sécurité alimentaire.
Le document phare du PAM, publié ce vendredi, montre que 343 millions de personnes dans 74 pays sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë. Il s’agit d’une augmentation de 10 % par rapport à l’année dernière et juste un peu moins que le record atteint pendant la pandémie de Covid-19.
Une série de crises mondiales provoquées par l’escalade et le chevauchement des conflits, les extrêmes climatiques et les chocs économiques ont porté la faim à des niveaux records, générant une demande incessante d’aide humanitaire.
Selon le PAM, les 16,9 milliards de dollars demandés lui permettrait d’atteindre 123 millions de personnes parmi les plus affamées dans le monde.
« Les besoins humanitaires mondiaux augmentent, alimentés par des conflits dévastateurs, des catastrophes climatiques plus fréquentes et des bouleversements économiques de grande ampleur. Pourtant, le financement ne parvient pas à suivre », a déclaré la Directrice exécutive du PAM, Cindy McCain. « Au PAM, nous sommes déterminés à parvenir à un monde sans faim ».
Selon le rapport, environ 1,9 million de personnes sont au bord de la famine. La situation à Gaza reste désastreuse : 91 % de la population est en situation d’insécurité alimentaire aiguë, dont 16 % dans des conditions catastrophiques. Le PAM a besoin de 4,9 milliards de dollars pour ses opérations au Moyen-Orient.
Comme à Gaza, le nombre de personnes confrontées à une faim catastrophique a atteint des niveaux alarmants, en particulier au Soudan, ainsi que dans certaines régions du Soudan du Sud, d’Haïti et du Mali.
D’autant que le déclenchement des hostilités au Liban a aggravé la situation déjà désastreuse dans la région du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et de l’Europe de l’Est, où les conflits provoquent également l’insécurité alimentaire à Gaza, en Syrie, en Ukraine et au Yémen où plus de 17 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë.
Avec plus de 170 millions de personnes en situation d’insécurité aiguë, l’Afrique subsaharienne représente 50 % des besoins de financement du PAM prévus pour 2025.
Le conflit au Soudan – où la famine a été confirmée dans une localité au mois d’août – provoque des déplacements massifs de population qui se répercutent sur les pays voisins.
Le conflit plonge également des millions de personnes dans la famine en République démocratique du Congo et au Sahel, tandis que les phénomènes climatiques extrêmes exacerbés par le phénomène El Niño aggravent l’insécurité alimentaire dans toute la région de l’Afrique australe. Le PAM a besoin de 8,4 milliards de dollars pour soutenir ses opérations en Afrique subsaharienne.
L’équivalent de deux semaines de consommation de café
En Asie et dans le Pacifique, où 88 millions de personnes luttent contre les effets dévastateurs de la faim aiguë, le PAM aura besoin de 2,5 milliards de dollars pour répondre aux crises. En Amérique latine et dans les Caraïbes, plus de 40 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire, dont 14,2 millions sont prioritaires pour l’aide du PAM.
Ce nouvel appel de fonds intervient alors que le manque de financement en 2024 a contraint le PAM à réduire ses activités, laissant souvent de côté certains des plus vulnérables.
« Nous avons besoin de toute urgence du soutien financier et diplomatique de la communauté internationale : pour inverser la vague croissante des besoins mondiaux et aider les communautés vulnérables à construire une résilience à long terme contre l’insécurité alimentaire », a ajouté Mme McCain.
Prince Yassa