Les résidents du camp de déplacés de Bulengo, dans le Nord-Kivu, en RDC, participent à un festival de football le 6 janvier, organisé par la Confédération africaine de football à laquelle le PAM apporte un soutien logistique. Photo : PAM/Michael Castofas : PAM/Michael Castofas
Des personnes déplacées par le conflit s’inscrivent pour recevoir une aide en espèces du PAM dans le camp de Bulengo, au Nord-Kivu, dans l’est de la RDC ravagé par le conflit. Photo : PAM/Michael Castofas : PAM/Michael Castofas
L’objectif du festival était de promouvoir la sensibilisation, de lutter contre la faim, de s’attaquer à la violence sexiste et de plaider en faveur de la paix. Photo : PAM/Michael Castofas PAM/Michael Castofas
Les femmes vivant dans les camps de déplacés ont le choix impossible de laisser leur famille souffrir de la faim ou d’affronter des violences sexuelles lorsqu’elles s’aventurent à trouver de la nourriture et du bois de chauffage. Photo : PAM/Michael Castofas : PAM/Michael Castofas
Une femme du camp de déplacés de Bunia à Mahagi, en Ituri, tient un étal de fortune créé grâce à l’aide financière du PAM. Photo : PAM/Michael Castofas : PAM/Michael Castofas
Distribution de nourriture par le PAM dans le camp de déplacés de Bulengo, dans l’est de la RDC. Photo : PAM/Benjamin Anguandia : PAM/Benjamin Anguandia
Distribution de nourriture par le PAM aux personnes touchées par les inondations à Kalehe, au Sud-Kivu. Photo : PAM/Benjamin Anguandia : PAM/Benjamin Anguandia
Des personnes déplacées font la queue pour obtenir une aide financière au camp de Rusayo, dans le Nord-Kivu. Photo : PAM/Michael Castofas : PAM/Michael Castofas
Déplacés par le conflit, Anoinette et sa famille trouvent la sécurité dans un camp pour personnes déplacées à Bunai, dans la province d’Itury. Photo : PAM/Benjamin Anguandia : PAM/Benjamin Anguandia
Distribution de nourriture par le PAM dans le camp de déplacés de Bulengo, dans l’est de la RDC. Photo : PAM/Benjamin Anguandia : PAM/Benjamin Anguandia
Distribution de nourriture par le PAM aux personnes touchées par les inondations à Kalehe, au Sud-Kivu. Photo : PAM/Benjamin Anguandia : PAM/Benjamin Anguandia
Des personnes déplacées font la queue pour obtenir une aide financière au camp de Rusayo, dans le Nord-Kivu. Photo : PAM/Michael Castofas : PAM/Michael Castofas
Une femme du camp de déplacés de Bunia à Mahagi, en Ituri, tient un étal de fortune créé grâce à l’aide financière du PAM. Photo : PAM/Michael Castofas : PAM/Michael Castofas
La joie de la Coupe d’Afrique des Nations est entachée par les déplacements et la flambée de la violence sexuelle à l’Est, alors que le Programme alimentaire mondial (PAM)prend des décisions difficiles au milieu de pénuries de financement.
La République démocratique du Congo est, avec l’Afghanistan, le Yémen et la Syrie, l’une des plus grandes urgences du Programme alimentaire mondial – ébranlée par des décennies de conflits et de changement climatique qui continuent de réduire l’accès des populations aux aliments les plus élémentaires, augmentant la faim à des niveaux sans précédent.
Alors que le PAM est aux prises avec une crise de financement mondiale et des besoins humanitaires croissants, les histoires horribles – notamment de violence sexuelle – qui se passent dans l’est de la RDC posent une question simple : comment se fait-il que la tragédie à une telle échelle reçoive si peu d’attention ?
Pour en savoir plus sur les défis auxquels la Rdc est confrontée, nous nous sommes entretenus avec Natasha Nadazdin, Directrice adjointe du PAM en Rdc basée à Kinshasa. Avec tous les yeux rivés sur la Coupe d’Afrique des Nations, c’est peut-être un moment pour réfléchir à ce qui pourrait être possible pour les enfants de la Rdc – et, d’ailleurs, pour les enfants à travers le continent – s’ils devaient recevoir la nourriture, l’éducation et la formation dont ils ont besoin pour créer des règles du jeu équitables à la fois sur le terrain et en dehors.
Pourriez-vous décrire la situation en RDC ?
La situation est si mauvaise, si difficile pour la population, et à une échelle si vaste, que, étonnamment, ses problèmes semblent avoir complètement disparu de l’agenda des nouvelles internationales ; un état de tragédie pour des millions de personnes est largement considéré comme le défaut du pays, son lot, alors que des douzaines de groupes armés se disputent ses richesses naturelles.
Les luttes pour le pouvoir – et pas seulement celles du pays – ont plongé l’est du pays en particulier dans un cycle impitoyable de conflit et d’insécurité. Plus de 6 millions de personnes sont déplacées et coupées de leurs pâturages – dont 720 000 personnes qui ont fui leur foyer depuis octobre. Les moyens de subsistance sont saccagés. Les rapports de viols de femmes et de filles sont déprimants, car l’anarchie expose des dizaines de milliers de personnes à la violence basée sur le genre.
Ensuite, il y a la « malédiction des ressources » de la RDC – la demande de minéraux tels que le cobalt, l’or et le cuivre est très élevée dans le monde entier, mais il n’y a rien pour ceux qui sont déracinés de leurs maisons, car la richesse ne descend pas jusqu’aux plus pauvres.
Quelle est l’ampleur du défi ?
Plus de 25 millions de personnes – un quart du pays – sont à l’IPC3 ou à l’IPC4, les étapes de “crise” et d'”urgence” de la norme mondiale de mesure de l’insécurité alimentaire (IPC5 étant “catastrophe” et “famine”).
Des décennies de conflit, des dizaines de groupes armés, l’instabilité politique – la liste continue bien sûr – se croisent avec le changement climatique, de sorte que chaque jour est encore plus une question de survie pour les Congolais.
Les routes et les ponts sont souvent détruits ou bloqués, ce qui entraîne des pertes de nourriture car les camions empruntent des itinéraires plus longs.
Les sécheresses, les inondations et autres impacts climatiques déciment les cultures. Là où la nourriture est cultivée, les agriculteurs ont du mal à accéder aux marchés. Les routes et les ponts sont souvent détruits ou bloqués, ce qui entraîne des pertes de nourriture car les camions sont obligés de prendre des itinéraires beaucoup plus longs pour se rendre de A à B.
Et l’allègement des pressions commence à l’est ?
Bien qu’il soit important de reconnaître la dynamique unique de chaque région, s’attaquer aux problèmes dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu qui sont le théâtre de conflits, contribuerait à améliorer la stabilité et le développement de la RDC dans son ensemble.
Mais cela nécessite la paix et le retour et la réinstallation en toute sécurité de la population déplacée.
De retour sur leur terre, leur travail inviterait à investir dans les infrastructures rurales et les activités de renforcement de la résilience. Cela nécessiterait également la réintégration des combattants dans une main-d’œuvre qui peut aider la RDC non seulement à se débrouiller seule en termes d’agriculture, mais aussi à exporter de la nourriture.
De quoi le PAM a-t-il besoin pour les six prochains mois ?
Le plan minimum absolu du PAM pour 1,5 million de personnes les plus vulnérables est confronté à un besoin de financement net de 381,2 millions de dollars américains pour les six prochains mois. Mais pour maintenir nos opérations plus larges, nous avons besoin de 567,8 millions de dollars américains.
Comment faisons-nous face à ce déficit ?
Nous appelons cela une hiérarchisation extrême : fournir des rations complètes pour six mois à un plus petit nombre de personnes plutôt que de répartir trop peu l’aide de manière à ce que personne ne soit suffisamment servi. C’est une décision douloureuse – c’est pourquoi nous avons un besoin urgent de fonds.
Pourriez-vous décrire notre travail avec d’autres agences ?
Le PAM travaille en étroite collaboration avec des agences telles que la FAO et l’UNICEF, en particulier dans les provinces du Tanganyika et du Kasai.
Les projets soutenus par la Suède et la Norvège font la promotion des liens entre le travail humanitaire, le développement et la paix. Ainsi, il y a une réponse aux besoins immédiats tout en réduisant les besoins à long terme grâce à des activités économiques, sociales, techniques et de résilience pour améliorer la capacité des gens à répondre aux crises.
Cela nous ramène aux problèmes auxquels sont confrontées les femmes et les filles
Les femmes vivant dans des camps de personnes déplacées ont le choix impossible de laisser leur famille avoir faim ou de faire face à la violence sexuelle alors qu’elles sont à la recherche de nourriture et du bois de chauffe, ou sont forcées de passer à des stratégies dangereuses telles que la prostitution pour survivre.
Un mélange de raisons se cache derrière la hausse alarmante : des relations de genre très inégales, une culture d’impunité, un système judiciaire faible, des déplacements et des conditions de vie dangereuses, la faim et la pauvreté, aggravées par le manque d’accès à la nourriture et un financement insuffisant pour l’aide humanitaire.
Une aide alimentaire régulière et prévisible peut atténuer certaines de ces stratégies de survie. Au PAM, nous sommes tenus à souligner les liens entre l’insécurité alimentaire et les risques élevés de protection auxquels les femmes sont confrontées dans l’est de la RDC. Bien que la fourniture d’une aide alimentaire et d’autres besoins – tels que le logement, l’eau et l’assainissement – soit essentielle, un plaidoyer conjoint, des solutions intégrées et une programmation sont nécessaires avec de nombreux partenaires et parties prenantes.
Cette augmentation alarmante s’explique par un ensemble de raisons : des relations très inégales entre les hommes et les femmes, une culture de l’impunité, un système judiciaire faible, des déplacements et des conditions de vie dangereuses, la faim et la pauvreté, aggravées par le manque d’accès à la nourriture et l’insuffisance du financement de l’aide humanitaire.
Une aide alimentaire régulière et prévisible peut atténuer certaines de ces stratégies de survie. Au PAM, nous tenons à souligner les liens entre l’insécurité alimentaire et les risques élevés de protection auxquels les femmes sont confrontées dans l’est de la RDC. S’il est essentiel de fournir une aide alimentaire et de répondre à d’autres besoins – tels que les abris, l’eau et l’assainissement – il est nécessaire de mener un plaidoyer commun, de trouver des solutions intégrées et de mettre en place des programmes avec de nombreux partenaires et parties prenantes.