Le gouvernement algérien intensifie une fois de plus sa répression répressive et systématique contre les migrants subsahariens. Les déportations massives sans précédent de l’Algérie créent une urgence humanitaire au Niger. Depuis la mi-mars, en trois vagues successives près de 2000 migrants subsahariens ont été expulsés d’Algérie vers le Niger.
Les autorités algériennes les déposent, indépendamment de leur nationalité, le plus souvent de nuit au milieu du désert, dans un lieudit “Point-Zéro” qui marque la frontière entre les deux pays. Entre janvier et fin mars 2023, les autorités algériennes ont abandonné plus de 10 000 personnes dans le désert près de la frontière avec le Niger voisin dans une série de déportations collectives rigoureuses, rapporte le site « Alarme Phone Sahara ».
Le Niger, faut-il le rappeler, est un pays enclavé d’Afrique de l’Ouest, à la lisière sud du désert du Sahara. Il est bordé par la Libye et l’Algérie au nord, le Bénin et le Nigeria au sud, le Burkina Faso au sud-est, le Mali à l’ouest et le Tchad à l’est. Il se situe le long de la frontière entre les régions sahariennes et subsahariennes, et les 4/5èmes de son territoire sont des déserts arides.
Le fait que ce pays ne soit pas en mesure de contrôler réellement sa frontière avec l’Algérie signifie un flux de migrants refoulés en continu. Le Niger est également un pays de transit pour la migration clandestine à la recherche de l’Eldorado, qui passe par son territoire en route, vers le nord et le Maghreb considéré comme la dernière étape africaine avant le Vieux Continent.
Bref, ces milliers d’Africains subsahariens une fois expulsés d’Algérie doivent ensuite parcourir une quinzaine de kilomètres à pied pour atteindre le village d’Assamaka, dans la région d’Agadez dans le nord-ouest du Niger. C’est au bas mot une dizaine d’heures de marche pour rallier un des trois centres de transit surpeuplé, Assamaka sur l’axe Assamaka – Arlit – Agadez qui du reste, sont tous débordés par des vagues de refoulements successives. Ils attendront à Assamaka des semaines voire des mois durant avant d’être rapatriés dans leur pays d’origine par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) qui contrôle ces camps.
« Des expulsions massives de migrants subsahariens de l’Algérie vers le Niger se déroulent actuellement », a gazouillé « Alarme Phone Sahara », une plateforme sahélo-saharienne qui s’active à secourir des exilés en détresse dans le désert. « Il y a eu deux arrivages ces derniers jours avec 1 277 personnes !!! Le 24 mars 2023, ce fut une arrivée spectaculaire à 20 heures », a twitté Alarme Phone Sahara sur son compte Twitter.
« Entre le 11 janvier et le 3 mars 2023, 4 677 personnes en situation de migration sont arrivées à pied à Assamaka », avait précisé MSF qui ajoute que « moins de 15 % d’entre elles ont pu bénéficier d’un abri ou d’une protection à leur arrivée ».
Alarme Phone Sahara a en outre indiqué que parmi les migrants subsahariens et autres, figuraient des femmes et des enfants. Toujours selon la même source, les migrants sont originaires du Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, Gambie, la Guinée-Conakry, la Guinée-Bissau, le Libéria, le Mali, le Nigeria et le Sénégal, il y a même des ressortissants arabes du Moyen-Orient de Syrie et du Yémen.
Avant de les expulser, les forces de l’ordre pour ne pas dire l’ANP, les auront dépouillés de tous leurs biens et les auront soulagés de leurs téléphones et argent. Ce sont des dizaines de milliers de migrants subsahariens qui ont été expulsés massivement, ces dernières années, par l’Algérie vers le Niger. En 2015 ils étaient plus de 100 000 migrants en Algérie. Malheureusement, le régime militaire d’Alger, qui se dit prôner l’amitié entre les peuples, ne reconnaît jamais ces expulsions.
A la mi-mars, l’ONG française Médecins sans frontière (MSF) présente à Assamaka avait dénoncé dans un communiqué « l’abandon » de milliers de migrants expulsés par l’Algérie « une situation sans précédent », décrivait alors MSF qui se plaignait de ne pouvoir prendre en charge autant de personnes “sans accès à un abri, à des soins de santé, à la protection et aux produits de première nécessité”.
Des milliers de migrants meurent chaque année en traversant le Sahara et sont souvent enterrés dans des fosses informelles ou de circonstances. Mais c’est là que des destins indirects pour les milliers de morts, de disparitions voire parfois de sauvetage pour les plus chanceux (après des jours sans eau ni nourriture) lors de la traversée du désert du Sahara depuis 2015.
Selon l’OIM, plus de 5 000 personnes sont mortes et plus de 2 000 ont été secourues dans le désert du Niger depuis 2015, date à laquelle le gouvernement nigérien a adopté la tristement célèbre loi 2015-036, à l’instigation de l’Union européenne. Il s’agit d’une loi dont le champ d’action comprend les villes, les villages, les points de circulation et les principales artères menant à Agadez. Ce sont des voies d’évasion et de migration.
D’après les Nations unies, l’Algérie a expulsé depuis 2014 des dizaines de milliers de migrants irréguliers originaires d’Afrique de l’Ouest et centrale. Le pays est considéré, par les migrants subsahariens, comme un pays relativement riche et un point de transit vers l’Europe. Certains d’entre eux tentent de survivre en Algérie, souvent en mendiant, ou en travaillant dans le bâtiment ou l’informel.