Balises : Pourquoi seulement, et toujours Kinshasa pour négocier avec les rebelles ?

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Ces temps derniers, le sort du chef-lieu du Nord-Kivu préoccupe tous les protagonistes internes et externes de la crise sécuritaire à l’Est. Les échos en provenance de cette ville se focalisent sur la menace de son occupation. On parle de plus en plus de son encerclement par le M23 avec le soutien de l’armée rwandaise.
On se souviendra que la guerre de l’Afdl commencée en 1996 au Sud-Kivu n’était devenue ” intéressante ” pour ses commanditaires et pour planificateurs qu’avec la chute de Goma, précédée pourtant par celle de Bukavu.
Depuis, cette ville est devenue la prise de guerre essentielle pour tout groupe armé rebelle d’obédience rwandaise voulant se faire valoir : Rcd en 1998, Cndp en 2008, M23 en 2013 et encore M23 en 2022-2023.
Avec la présence de la Monusco et désormais de la Force régionale, cette fois la ville a toutes les chances de ne pas tomber, même si le spectre de leur retrait n’est pas à écarter, comme ce fut le cas en 2013 pour la Monuc avec le M23.
Au fait, la prise réelle ou virtuelle de Goma s’insère dans la stratégie des négociations politiques à défaut, comme relevé ci-dessus, de chute du régime en place.
Ainsi, en a-t-il été avec les 4 rounds du Dialogue intercongolais dont Addis-Abeba (octobre 2001), Sun City I (février-avril 2002), Pretoria (novembre-décembre 2002) et Sun City 2 (avril 2003).
Pour l’Histoire, c’est au Dialogue intercongolais que le mixage et le brassage à la base de la création des Fardc avaient été adoptés comme formule de création de la nouvelle année avec comme composantes le Gouvernement, le Rcd, le Mlc, l’Opposition politique et la Société civile et comme entités les Maï-Maï, le Rcd/Kml et le Rcd-N.
Depuis, on en fait un modus operandi.
Tout ce qui est de trop étant généralement nuisible, la double aventure M23 de 2013 et de 2022 avec pour objectif le énième partage du pouvoir a tout de la goutte d’eau qui fait déverser le vase.
Cette fois, le problème du M33 est la rwandalisation trop visible de ses revendications. Et cette rwandalisation a elle-même son problème : le parrainage occidental. Et ce parrainage a aussi un problème : la perte de foi, latente mais inexorable, de l’opinion congolaise dans les valeurs occidentales.
Conséquence : comme au Mali, au Burkina Faso, en Guinée Conakry et même en RCA, cette perte de foi fait le lit de la « russification » de la jeunesse africaine. La même qui, dans la lignée de Lucha d’inspiration burkinabé, fait maintenant bouger les lignes à… Goma. Une jeunesse qui, par la faute d’un Occident perçu comme trop pro-Kigali, commence à se réjouir de la présence des « blancs » assimilés à des… russes ! Des « blancs » dont le Rwanda, qui entend se faire gendarme des intérêts occidentaux dans les Grands Lacs, s’empresse de présenter en supplétifs des Fardc, au même titre que les Fdlr !
Paul Kagame y trouve la preuve de la compromission à laquelle se livrerait Kinshasa ; ce qui est pourtant faux et archifaux…
Serait-ce ça, la cause de l’attentisme de l’Occident dans l’approche de la question sécuritaire à l’Est ?
Certes, de Washington à Bruxelles, de Paris à Berlin, de Londres à Ottawa, on reconnaît l’implication du Rwanda aux côtés du M23, c’est-à-dire la thèse de l’agression.
Mais, paradoxalement, on s’abstient de prendre des sanctions à son encontre ! Et, par ricochet, à l’encontre du M23.
Subtilement, la phalange anglo-saxonne de l’axe euro-américain veut d’abord voir la RDC négocier la première avec le M23 pour amener, par effet d’entraînement, le Rwanda à négocier avec les Fdlr, l’Ouganda avec les Adf-Mtn.
Il est pourtant établi que depuis 1999 – au travers de l’Accord de cessez-le-feu de Lusaka – c’est toujours sur la partie congolaise que cette phalange fait pression pour des négociations politiques.
Cela a été le cas avec l’Afdl en 1997, le Rcd en 1999, le Cndp en 2008, le M23 en 2013-2014 et encore le M23 en 2022-2023.
Pourquoi seulement Kinshasa, mais jamais Kigali, ni Kampala, encore moins Bujumbura ? Pourquoi, pour cette fois-ci, ne pas commencer par les voisins ?
Réponse : Kinshasa, dans toutes les batailles l’impliquant, a la faiblesse de ne jamais se présenter en bloc uni, quel qu’en soit le domaine !
C’est peut-être la rançon d’une démocratie parfois qualifiée de « démon-cratie», c’est-à-dire l’art de n’être d’accord que sur le désaccord…

Omer Nsongo die Lema

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