Budget de plus de USD 18 milliards et création de 1,2 million d’emplois l’an : le pari trop risqué de Félix Tshisekedi et Judith Suaminua !

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Ça s’appelle ” avoir de l’ambition “. Et un pays comme la RDC – au regard de ses ressources visibles et non encore visibles – ne peut que rêver grand. Fixer alors son Budget quinquennal pour 2023-2028 à USD 92 milliards et estimer la création d’emplois pour la même période à 6 millions d’unités, c’est naturellement à sa portée. Après tout, pour ne s’en tenir qu’à l’argent, un pays comme l’Angola a pour 2024 un budget annuel de USD 38 milliards, le Kenya USD 30,7 milliards, l’Ouganda USD 15 milliards, le Rwanda ayant évalué le sien à USD 4,5 milliards. En toute logique, rien ne cloche….

Taux moyens de réalisation des recettes budgétaires et de la création des emplois

Seulement voilà : le pragmatisme à s’imposer consiste à prendre pour références les acquis du dernier quinquennat (2018-2023). Quel a été le taux moyen de réalisation des recettes budgétaires au 20 décembre 2023 ? Et celui, également moyen, des emplois créés au cours du premier mandat ?

L’occasion indiquée pour l’étaler était la dernière campagne électorale.

Force est de constater que ni l’un, ni l’autre n’ont été évoqués !

Au demeurant, dans son dernier discours sur l’état de la nation prononcé le 14 novembre 2023 à l’occasion de la fin du premier quinquennat et encore la veille de la campagne électorale, le Président de la République candidat à sa propre succession a fait preuve de subtilité en s’abstenant d’en parler.

Pourtant, jusqu’à l’annonce de son départ du Gouvernement le 28 mai 2024, le ministre des Finances Nicolas Kazadi a continué de déclarer le budget de l’État pour l’exercice 2023 à USD 16 milliards, sans cependant en donner le taux exact de réalisation. Si bien qu’au moment où Judith Sumwinua Tuluka (JST) entre en fonction le 12 juin, le Gouvernement n’est pas en mesure de déclarer sur base de quel taux de réalisation les projections budgétaires du nouveau quinquennat ont été faites.

 

Première et deuxième conséquences

L’un des membres éminents de son équipe aime utiliser l’expression ” beauté des chiffres”. En fait, il s’agit de la ” vérité des chiffres”.

Les chiffres, on le sait, ont un caprice : ils ne trompent pas, ils ne se trompent jamais.

On peut, par des manipulations même savantes, leur faire dire ce qu’on veut, mais au bout du compte ils sont implacables : ils restent droits dans leurs bottes !

Aussi, les fameuses recettes budgétaires de USD 16 milliards de 2023 n’ont jamais convaincu l’opinion dès lors qu’elles n’ont pas impacté positivement le pouvoir d’achat, ni l’état des infrastructures des voies de communications, encore moins les dessertes en eau et en électricité.

On contraire, jamais depuis 2019 année budgétaire n’a été aussi effroyable que celle de la première congolaise.

Aussi, quand elle apprend qu’il y a eu détournement des deniers publics, surfacturation des acquisitions, corruption etc., elle y croit facilement.

Première conséquence : lorsqu’on lui dit que le budget quinquennal est de USD 92 milliards, soit autour de USD 18 milliards l’an, elle doute. Lorsqu’on lui apprend qu’au cours du même mandat le Gouvernement prévoit la création de 6 millions d’emplois, soit 1,2 million d’emplois l’an, elle doute.

Elle se rappelle qu’en 2018, dans le cadre de la campagne électorale, elle s’était entendu dire que le budget quinquennal 2018-2023 était de USD 86 milliards, à raison de USD 17 milliards l’an.

Elle se rappelle qu’au 19 novembre 2023, lorsque la campagne électorale pour l’échéance 2028 démarrait, personne au sein de l’Union sacrée de la nation n’a eu le courage de s’extasier devant la beauté des chiffres, c’est-à-dire de s’effrayer devant la vérité des chiffres.

Tout ce qu’elle sait, c’est que le programme de gouvernement pour le second mandat a initialement été évalué à USD 88,7 milliards au taux de FC 2.621 pour USD 1, soit USD 17,7 milliards l’an, avant d’être arrondis six mois plus tard à USD 18 milliards.

Deuxième conséquence : Judith Suaminwa a fait son discours d’investiture comme tous ses prédécesseurs : promettre ceci, promettre cela, promettre ceci-cela.

A-t-elle tort ? Pas du tout. Ça se passe ainsi dans tous les pays du monde. Inutile de lui faire des reproches. Ou peut-être, si ! Précisément en termes de priorité, comme l’a fait remarquer Christian Mwando Simba, président du Groupe parlementaire Ensemble. Ce dernier n’a pas compris pourquoi, dans un pays en guerre, la priorité des six axes préconisés par le chef de l’État dans son discours d’investiture le 20 janvier 2024 n’ait pas été la donne sécuritaire.

Premier à étrenner le débat sur le programme d’investiture, le député national Udps Jean-Paul Tshimbulu a mis à mal le premier mandat, s’agissant de l’état des routes du pays (notamment l’opération Kinshasa Zéro Trou) et du PDL-145 Territoires caractérisé, à l’en croire, par les disparités et par le non fonctionnement de la Caisse de Péréquation !

Preuve qu’aussi bien pour l’Opposition, la Majorité tiendra à l’œil le Gouvernement.

Compte à rebours pour les traditionnels 100 premiers jours

A analyser les deux conséquences, on a cette évidence : les chiffres du Budget et de l’Emploi paraissent trop beaux pour être vrais, et les priorités du Gouvernement (sécurité et PDL-145 T) sont inversées.

Aussi, en sa qualité d’Autorité d’investiture, d’autorité de contrôle de l’action gouvernementale et d’autorité budgétaire, l’Assemblée nationale a-t-elle le devoir, toutes affaires cessantes, de retravailler la copie du programme pour ôter ce qu’il y a à ôter, corriger ce qu’il y a à corriger, garder ce qu’il y a à garder et enrichir ce qu’il y a à enrichir.

On ne doit pas le perdre de vue : la réussite du programme d’investiture est tributaire des recettes budgétaires. Et ces recettes ont essentiellement pour source de provenance le ministère de l’Economie.

Moralité : Daniel Mukoko Samba, alias *” Beauté des Chiffres”*, sait que le compte à rebours pour les traditionnels 100 Premiers Jours a commencé le 12 juin 2024 pour s’achever le 20 septembre prochain.

Il est de son devoir d’être l’interlocuteur attitré de la chambre basse et de la chambre haute dans la tâche laborieuse de doter le pays d’un budget conséquent sans lequel, nous en sommes tous conscients, les réalisations budgétaires de USD 18 milliards et la création de 1,2 million d’emplois l’an seront un pari trop risqué pour Félix Tshisekedi et Judith Simwinua !

Le discours sur l’état de la Nation généralement délivré en décembre 2024 pourrait se révéler une épreuve terrible pour le Pouvoir…

Omer Nsongo die Lema

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