Ce 20 : le 20 part favori

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Au terme d’un mois de campagne électorale rude, éprouvante et épuisante au cours de laquelle les principaux challengers à la présidentielle (Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Denis Mukwenge et Adolphe Muzito) ne se sont pas fait des cadeaux, les rapports de force ont fini par s’établir. Le candidat N°20, candidat à sa succession, part largement favori ce 20 décembre 2023. A son actif : le nombre élevé des provinces, en ce compris des agglomérations, parcourues ; la communion parfaite avec les populations des contrées visitées à travers des foules drainées dans les différentes zones géographiques et linguistiques du pays, ce qui traduit pour son compte un certain primat en termes de géopolitique électorale par rapport à ses farouches concurrents. Et aussi son bilan du premier quinquennat caractérisé par des résultats palpables sur les plans social (avec notamment la gratuité de l’enseignement de base), économico-financier, de défense et sécurité du territoire, diplomatique, et de développement, dont le point d’orgue est le PDL-145 T. Lequel bilan est assorti des six engagements portant projet de société à réaliser au cours du deuxième et dernier mandat constitutionnel.

Malgré des prophéties aussi rocambolesques les unes que les autres, les Congolais seront devant les urnes ce mercredi 20 décembre 2023 pour se choisir des dirigeants pour la mandature 2024-2028. Plus de cent mille candidats aux différents échelons (Présidentielle, députation nationale, députation provinciale et conseillers communaux) sont ainsi en lice pour se disputer 44 millions de suffrages de Congolais afin se prévaloir in fine du statut de dirigeants représentatifs et légitimes. De toutes ces élections, la présidentielle se révèle la plus prestigieuse en ce qu’elle est un rendez-vous d’une personne avec toute une nation en perspective d’une fonction au travers de laquelle ladite personne incarne non seulement la nation tout entière, mais préside aussi à sa destinée tout en se situant au centre de gravité de celle-ci.

Aux termes des arrêts de la Cour constitutionnelle suite à l’examen des contentieux des candidatures, 26 candidats présidents de la République se sont retrouvés dans les starting-blocks pour la présidentielle 2023 au lancement de la campagne électorale le 19 novembre. Après une croisade aussi rude, éprouvante qu’épuisante, ponctuée par-ci par-là de quelques incidents, beaucoup de candidatures se sont révélées de complaisance. Les uns, des véritables inconnus, ne se sont déployés nulle part, les autres, fantaisistes ont, pour se donner une conscience tranquille, parcouru une province, une ou quelques agglomérations. D’autres se sont révélés «alimentaires». Ils se sont jetés à cœur perdu, sans avoir même entamé la campagne, dans les bras d’un autre candidat pour lui donner beaucoup plus de stature. Les ralliements de Franck Djongo, Seth Kikuni, Augustin Matata Ponyo et Delly Sesanga à Moïse Katumbi se passent  de tout commentaire.

Bref, sur les 26 candidats à la présidence de la République, cinq ont émergé du lot : le N° 20, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, candidat à sa succession, le N°3, Moïse Katumbi, le transfuge de l’Union Sacrée de la Nation (USN), le N° 21, Martin Fayulu, le «président élu » en 2018 en quête de la récupération de «sa victoire volée», le N°15, Denis Mukwege Mukengere, Prix Nobel de la paix en passe de réparer le pays à l’instar de ses patientes de l’Hôpital de Panzi, et, dans une certaine mesure, le N°24, Adolphe Muzito. Mais, au fur et à mesure du déroulement de la campagne électorale, un tiercé, constitué des N° 20, 21 et 3, s’est démarqué pour se placer en tête de la course. De retour à Bukavu où il avait lancé sa campagne, le N° 15 semble manifester quelques signes d’essoufflement après s’être lancé à l’assaut de l’ancienne Grande Orientale et du Nord-Kivu. Quant au N°24, il ne paraît pas être engagé dans une course de fond. Il serait plus en quête de la consolidation de sa notoriété politique sur le territoire national.

Dans le peloton de tête, le candidat N° 20 part largement favori pour ce 20 décembre. Il aligne à son actif plusieurs avantages sur ses concurrents directs, à savoir, entre autres, le nombre élevé des provinces, en ce compris des agglomérations, parcourues ; la communion avec les populations des contrées visitées à travers les foules drainées, et son bilan du premier quinquennat sur fond des six engagements à accomplir en cas de sa réélection.

Toutes les 26 provinces parcourues

Le président de la République sortant a parcouru toutes les 26 provinces que compte la RDC. Il va boucler la boucle par Kinshasa où il a démarré en trombe sa campagne électorale il y a un mois par un rassemblement ce lundi 18 décembre sur la place St Thérèse à Ndjili où un de ses challengers, Martin Fayulu, a exulté samedi dernier avec sa base de la capitale. L’autre concurrent, en l’occurrence Moïse Katumbi, a clôturé également sa campagne deux jours plutôt en regagnant la ville de Lubumbashi, sa ville de résidence, sous l’euphorie de ses partisans.

En effet, après la grand-messe du Stade des Martyrs le 19 décembre, le candidat N°20 a conquis le Kongo Central où il s’est mis en phase avec les populations de Kasangulu, Mbanza-Ngungu, Kimpese, Kwilu Ngongo, Matadi, Boma, Tshiela et Muanda. Il s’est rendu aussi à Nkamba, la Jérusalem des kimbanguistes, où il avait reçu des bénédictions de la part de leur chef spirituel. Le grand Equateur s’est montré aussi très enthousiaste à l’endroit du président de la République sortant de par les accueils chaleureux lui réservés à Mbandaka (Equateur), Boende (Tshuapa), Gemena (Sud-Ubangi), Gbadolite (Nord-Ubangi), Lisala et Bumba (Mongala). La même ferveur s’est observée au Nord-Est et à l’Est de la RDC. Au Nord-Est, les populations de Kisangani (Tshopo), Buta (Bas-Uélé), Isiro (Haut-Uélé), Bunia et Mahagi (Ituri) lui ont dressé la haie d’honneur. Le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et le Maniema, dans une certaine proportion, n’ont pas été en marge. Bien que meurtries une fois de plus à la suite de l’agression rwandaise sous couvert du M23, les populations du Nord-Kivu, à travers celles de Goma, Beni, Butembo et d’Oicha, ont porté en triomphe Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Les Sud-Kivutiens n’ont pas fait dans la dentelle pour exprimer leur communion avec le candidat N°20 qui a exulté sur la place de l’indépendance à Bukavu avant de se rendre par la suite, sous le même enthousiasme, à Walungu et à Uvira. L’ancien Katanga, avec l’arrivée triomphale à Lubumbashi, a réservé au président de la République sortant un des accueils les plus chaleureux. A Likasi (Haut-Katanga), Kolwezi (Lualaba), Kamina (Haut-Lomami) et Kalemie (Tanganyika), il a été reçu en véritable fils du pays. Ce fut l’apothéose dans le Grand Kasai, son fief naturel. Mbuji-Mayi (Kasai-Oriental), Mwene-Ditu, Kabinda (Lomami), Kananga et Luiza (Kasai Central), Lodja (Sankuru), Tshikapa et Ilebo (Kasai) ont rivalisé d’ardeur pour réserver un accueil digne de son nom au fils du terroir. Dans l’ancien Bandundu où il a achevé sa tournée, les populations ont aussi voulu prendre date avec l’histoire. Bandundu ville, Kikwit, Idiofa et Bulungu (Kwilu), Inongo (Mai-Ndombe) et Kenge (Kwango) n’ont pas lésiné en termes de mobilisation pour se mettre au même diapason que le candidat N°20.

En revanche, les autres candidats ont eu de la peine pour sillonner tout le pays. Après une campagne électorale qui s’est terminée de manière chaotique dans le Kongo Central avec les incidents malheureux de Muanda, Moïse Katumbi, qui s’est trouvé distant du peuple mukongo, a zappé l’étape du reste du Grand Kasai où son passage à Lodja (Sankuru) n’a pas connu de succès malgré son alliance avec un fils du coin, Franck Djongo. Il a réalisé ainsi 22 provinces sur vingt-six où il n’a pas vraiment rayonné. Ses images ont été trafiquées pour lui donner une certaine posture. Il garde une certaine capacité dans son Katanga natal, ainsi que dans certaines contrées dans l’espace swahiliphone. «Président élu» en 2018, Martin Fayulu n’a pas foulé les sols des Grands Katanga et Kasai. Le réparateur des femmes s’est essoufflé et a regagné le bercail après s’être lancé à l’assaut de la Grande Orientale, du Sud-Kivu et du Nord-Kivu. Adolphe Muzito n’a pas, à son tableau de chasse, à un jour de la fin de la campagne, le Grand Katanga, le Sankuru, la Lomami, le Kongo Central, le Grand Equateur et le Bandundu.

Tout compte fait, le candidat N° 20 l’emporte sur le nombre des provinces visitées. Ce qu’il a mis en contact avec beaucoup d’électeurs de plus que ses challengers.

Primat sur le plan géopolitique électoral

Malgré quatre processus électoraux depuis 2006, les élections en RDC restent marquées par une connotation ethno-tribale très prononcée. L’ayant compris, le candidat N°20 s’est allié des poids lourds politiques ressortissants des différentes zones géographiques et linguistique du pays. Il a joui ainsi de leurs soutiens indéfectibles dans les espaces swahiliphone, lingalophone, kinkongophone et lubaphone. Cela transpire au travers de la composition de la structure dirigeante de l’USN avec Vital Kamerhe et Modeste Bahati pour le Kivu et la Grande Orientale, Sama Lukonde pour le Grand Katanga,  Bonso pour le Grand Bandundu et le candidat N°20, à travers Augustin Kabuya et André Mbata, pour le Grand Kasai. A part ces leaders de premier plan, des jeunes turcs sont aussi mis à contribution sur ces espaces. C’est le cas de Jean-Lucien Bussa (Sud-Ubangi), Jean-Pierre Lihau (Mongala), Guy Loando (Tshuapa), la famille Mobutu (Nord-Ubangi), Nzangi Muhindo (Beni), Jacques Kyabula (Haut-Katanga), Fifi Masuka (Lualaba), Aimé Boji (Sud-Kivu), etc. la liste n’est pas exhaustive.

Cette stratégie a contribué au primat du président de la République sortant en termes de géopolitique électorale par rapport à ses adversaires. Les foules drainées sur le territoire national en sont une manifestation.

A l’inverse, les candidats N° 3, 21, 15 et 24 se retrouvent presque seuls. Ainsi, Moïse Katumbi voit son influence allait decrescendo quand il s’éloigne du Grand Katanga. S’il a sorti quelque peu la tête de l’eau dans le reste de l’espace swahiliphone, excepté les Nord et Sud-Kivu, par contre l’Ouest (Kinshasa, Grand Equateur, Grand Bandundu et Kongo Central) et le Grand Kasai lui ont paru comme des zones de turbulences. Le candidat N°21 manifeste quelqu’ancrage à Kinshasa, dans le Grand Bandundu et dans quelques contrées de la Grande Orientale et du Kivu. Mais, cet amarrage s’étiole dans le Kongo Central, le Katanga et le Grand Kasai. Le candidat N° 15 a fini par lâcher du lest après la tentative de conquête de la Grande Orientale et le Kivu. Pour sa part, le candidat N° 24 semble se positionner pour des processus ultérieurs.

Le bilan ressassé

Le candidat N°20 s’inscrit dans une stratégie de réélection. En réplique aux promesses des candidats neufs, il ressasse le bilan de son premier quinquennat caractérisé par des résultats palpables sur les plans social, économico-financier, de défense et sécurité du territoire, diplomatique, et de développement, dont le point d’orgue est le PDL-145 T. Lequel bilan est assorti des six engagements portant projet de société à réaliser au cours du deuxième et dernier mandat constitutionnel.

Malgré le carcan politico-institutionnel dans lequel il s’était empêtré pendant deux ans avec le FCC, l’économie nationale est comptée présentement dans le Top 10 des économies africaines. Sur fond d’un budget triplé et d’un PIB qui passe de 45 à 69 milliards USD, elle s’est révélée résiliente – ce qui signifie que des grands efforts ont été et continuent à être entrepris. Cela en dépit des deux faits exogènes majeurs qui ont mis à rude épreuve l’économie mondiale :  le Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne. En plus, il y a l’agression rwandaise sous couvert du M23 qui obère le budget national et amplifie la désolation et la crise humanitaire innommable à l’Est du pays. Ce qui est grandement à la base du renchérissement de la devise américaine par rapport au franc congolais.

Nonobstant cette situation, la RDC garde la tête hors de l’eau et s’est lancée dans un vaste chantier de développement du pays, dont le PDL-145 T se révèle une première depuis l’indépendance du pays en juin 1960. La gratuité de l’enseignement est une réalité et requiert des ajustements. Elle a remis sur le chemin de l’école près de 5 millions d’enfants. La gratuité de la maternité se vit déjà dans certaines provinces du pays et est appelée à s’étendre. La politique d’ouverture diplomatique a produit des fruits : la RDC a regagné le giron de la diplomatie mondiale et élève désormais la voie et se fait entendre. Dorénavant, son soft power opère. Une avancée est observée en matière de défense et de sécurité avec l’armée qui monte en puissance. Après trente ans de guerre d’agression à l’Est, la communauté internationale quasiment reconnaît le Rwanda comme pays agresseur de la RDC. Aussi, l’embargo sur l’achat d’armes et d’autres prestations militaires décrété contre le Congo a été levé. Il y a plus.

Le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo n’a pas donc tort de dire que le pays est sur les rails et l’on ne peut recommencer à zéro. Au vu de ses réalisations et du soutien dont il a joui de part en part sur le territoire national tout au long de la campagne électorale, le N°20 part largement favori ce 20 décembre.

Par Moïse Musangana

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