Classe politique en conjectures, pragmatique Me Bamuangayi estime : Envisager un autre Congo…

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Les élections commencées mercredi 20 décembre 2023 et qui se sont poursuivies le   jeudi 21 décembre 2023, ont été différemment perçues par la classe politique selon l’obédience. Respect de la légalité car tenue à la date prévue par la constitution affirment certains pendant que d’autres, en échos de l’opinion étrangère, chaotique parce qu’ayant  connu différents problèmes logistiques dans l’ensemble du pays. Se démarquant des pertes en conjectures, Me Ghislain Bamuangayi, avocat de son état, envisage plutôt la renaissance d’un nouveau Congo.

Dans de nombreux bureaux de vote, le scrutin avait débuté avec retard mercredi et se sont poursuivis jeudi. Cela après que le Président de la CENI, Denis Kadima ait annoncé à la télévision nationale que « Les bureaux qui n’ont pas du tout ouvert vont le faire jeudi ». Le nombre exact de bureaux qui devaient ouvrir ce jeudi n’était pas précisé. Tout en  félicitant  le peuple congolais pour sa “mobilisation” et la CENI pour sa “détermination” à organiser dans les temps des élections qui se sont “globalement” bien déroulées, le gouvernement n’a pu que reconnaître “le retard constaté dans l’ouverture de certains bureaux de vote”.

Les opérations de vote pour le quadruple scrutin (Présidentiel, législatives, députations provinciales et élections municipales) se sont poursuis et prolongées jusque  jeudi. La centrale électorale a ordonné aux centres de vote qui n’ont pas pu ouvrir le 20  et qui ont ouvert en retard de permettre aux électeurs de voter le 21. La journée du 20 décembre a été émaillée d’importants problèmes logistiques, ce qui a entrainé des réactions dans la classe politique.

Pour le FCC (Front commun pour le Congo), dirigé par l’ancien président Joseph Kabila qui avait décidé de boycotter l’ensemble de ce processus, il s’agit d’un « chaos électoral ». Quant à Martin Fayulu et Denis Mukwege, ils appellent à l’annulation de ce scrutin et l’organisation d’une nouvelle élection avec une « CENI recomposée ».

Sur les réseaux sociaux, pour ajouter à l’imbroglio, des tendances commencent à être données, alors que seule la Commission électorale nationale indépendante (CENI) est habilitée à donner des chiffres provisoires officiels. Ces chiffres qui ne seront, de toute façon, communiqués par la plénière de l’institution qu’après la fermeture de tous les bureaux de vote dans l’ensemble du pays.

La poursuite des élections jusque jeudi, hérisserait-il la légalité ?

Pour une certaine opinion dans la classe politique, la poursuite des élections jusque jeudi aurait hérissé la Constitution. « Problème logistique dans un pays sans routes ni infrastructures ne signifie pas violation de la constitution…. L’important c’est la transparence et le respect du choix des électeurs…Acceptez d’admettre que le Congolais accorde  un second mandat au président sortant », affirme Jeannot Mbaya.

Toutefois, selon la Présidente de l’Alliance des élites pour un Nouveau Congo), Ambassadeur de la paix et Gouverneur honoraire de la  Tshuapa, Marie Josée Ifoku Mputa Mpunga, par cette élection, l’on n’a fait que perpétuer  le système de prédation.

« La constitution est un pilier essentiel d’un système politique d’1 État et il est crucial de veiller à ce qu’elle soit respectée pour garantir la stabilité et le développement. L’ayant une fois de plus violée à travers ces élections,  nous aurons un pouvoir illégal et illégitime », a affirmé la candidate présidente de la République Marie Josée Ifoku.

Cinq autres candidats de l’opposition à la présidentielle ont en revanche exigé « la réorganisation de nouvelles  élections par une CENI autrement composée ». Il s’agit de Moïse Katumbi, ancien gouverneur de la région minière du Katanga (sud-est), Martin Fayulu ou encore Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018 pour son action auprès des femmes victimes de viols faits arme de guerre.

Suspicieux dès le départ à l’égard du processus électoral, tous ont appelé leurs militants à surveiller de près le dépouillement et l’affichage des résultats.

Le regard de Ghislain Bamuangayi sur le processus électoral

Plutôt que de se perdre en conjectures, Me Ghislain Bamuangayi préconise  d’envisager un autre Congo. Pour ce juriste, « quelle que soit la bonne volonté d’un homme fort de changer la situation des Congolais en bien, la classe politique que nous donne cette nature d’élection sera le blocage au décollage. Allant généralement en politique pour des rêves d’enrichissement personnel avec une industrie boostée  à fond à cet effet, les élus portés par l’inconscience et l’insouciance d’une population abusée, nous ne pourrons attendre mieux ». Ainsi donc, le plus important à comprendre dans la qualité du processus électoral 2023, estime-t-il,  est son reflet du système de prédation auquel il appartient, « un système qui fonctionne avec la corruption, le clientélisme, des détournements (surfacturation, enrichissement soudain de certains qui y sont liés directement ou indirectement…), l’insécurité entretenue, les tensions sociales et tribales, l’attribution alambiquée des marchés publics…. »

Pour Me Bamuangayi, « si ces élections sont pires que les précédentes en terme de leur qualité et du désespoir quant au renouvellement de la classe politique, c’est dire, comme les autres, elles serviront seulement à conforter la position des prédateurs et à perpétuer le mauvais système de gouvernance qui ne peut redonner au peuple son pouvoir de contrôle sur les politiciens-commerçants et mettre fin à la misère du peuple et à l’exploitation sauvage de nos ressources ».

Voilà pourquoi, il recommande  la proposition de Mme Marie-Josée Ifoku « d’une transition est pour le peuple congolais un déclic pour savoir s’arrêter, se nettoyer, nous regarder avec miséricorde les yeux dans les yeux et envisager un autre Congo et une manière convenable de produire notre classe dirigeante. Nous ‘Komboliser’ devient un devoir patriotique, afin que la médiocrité cesse d’être notre culture. Depuis l’indépendance, nous avons eu des politiciens plus soucieux de leurs  intérêts personnels, nous prenant en otage pour les assouvir et servir de marionnettes aux puissances étrangères. Il faut les ‘komboliser’ dans un processus soutenu des programmes publics d’éducation, de conscientisation, d’inculturation des valeurs républicaines ».

Son approche va dans le sens de la  Conférence nationale souveraine, qui avait été détournée par le système de prédation, à son avis. « C’est cela l’enjeu majeure de cette proposition de transition, faisable avec les nouveaux élus. L’essentiel sera de passer de l’actuel système de prédation à la République des valeurs, celle qui marque une tolérance zéro à la mauvaise gestion de qui que ce soit, à la fraude, à la corruption, à l’injustice et au mensonge dans les affaires publiques. Avec la ‘KOMBOLISATION’, nous sommes dans un processus de révolution de la conscience et du changement des mentalités, sans laquelle nous courrons le risque de disparaître comme nation et de devenir un gérant inutile de ses richesses dont Dieu Lui-même peut être moins fier afin de lui arracher cette gestion pour la confier à d’autres, même en petits morceaux ».

 

Et de déplorer que ces élections sont celles d’un État faible, ce qui intéresse les prédateurs nationaux et internationaux ou étrangers. Un pouvoir politique faible et contrôlable par les prédateurs de tous bords arrange les affaires du capitalisme libéral sauvage qui nous asservit.

Willy Makumi Motosia

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