Et d’autres part, un peu plus sur la forme, est-ce qu’on peut imaginer que géographiquement, il y a une réduction aussi de la présence telle qu’elle a déjà eu lieu par le passé c’est-à-dire que la MONUSCO n’est plus que dans l’est, dans certaines parties de l’est ? Est-ce qu’on peut imaginer que le retrait graduel que vous évoquez puisse se faire de manière géographique ? Sur terrain, comment se passe cette transition entre les troupes de la MONUSCO et les militaires congolais ? Sont autant de questions posées à Jean-Pierre Lacroix.
Sur les manifestations, explique le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux Operations de paix, il y a un contexte général qui est qu’il y a une frustration d’une partie de la population qui est évidente, il ne faut pas la minimiser parce que la situation sécuritaire est encore préoccupante. C’est clair. Alors sur la base de cette frustration, que nous reconnaissons qui est aussi due aux décalages que nous connaissons assez souvent, entre les attentes que nous suscitons, que suscite la présence de la MONUSCO à tort ou à raison, ce n’est pas à moi de le dire et la réalité de ce que nous pourrons faire même avec les meilleurs moyens et la meilleure volonté du monde. On n’a pas toujours les meilleurs moyens d’ailleurs parce que nos ressources sont limitées. Sur la base de cette frustration, il y a aussi des manipulations, des messages de haine, des Fake News qui sont orchestrés.
Parce que tout le monde n’a pas intérêt au retour de la paix, de la stabilité et au succès de nos efforts. Maintenant, ça ne veut pas dire que c’est toute la population parce qu’encore une fois quand nous allons voir les populations qui sont directement protéger par nos collègues, malheureusement pas aussi souvent qu’il faudra le souhaiter en liaison avec les autorités congolaises, elles, elles nous disent, encore une fois : faites plus, restez, ne partez pas, déployez plus d’hommes, des soldats, des policiers, des collègues humanitaires. Et, ce sont elles qui sont directement l’objet de l’action de la MONUSCO.
Voilà, la situation, elle est contrastée.
« Ce que je veux dire, c’est que nous devons en tout état de cause, nous attacher à renforcer notre action, à l’améliorer. Il est vrai que les moyens resteront limités mais nous devons les optimiser. C’est pour cela que cette coopération avec les autorités congolaises est si critique et c’est pour ça que l’importance de la renforcer est aussi critique. In fine, il s’agit de protéger le plus possible des populations, pas seulement de les protéger dans l’état actuel ou trop souvent elles sont dans les sites des déplacés, mais faire en sorte qu’elles puissent rentrer chez elles, qu’elles puissent reprendre leur vie normale, que les services reviennent », dit-il. Et que graduellement, de façon responsable, ce ne soit plus nous qui assurions cette protection ou l’essentiel de cette protection, que ce soit l’Etat.
Au sujet de la date limite de présence, il explique que c’est un constat technique et juridique. Chaque année, notre mandat existe jusqu’à son expiration, c’est-à-dire 31 décembre 2023. Il appartient au Conseil de sécurité d’examiner l’éventualité de son renouvellement. Ça, c’est la partie technique.
Date limite de départ définitive, non il n’y en a pas. Il n’y en a pas qui soit définie. Ce qui est important encore une fois, pardon de le répéter, c’est la progression d’un départ aussi rapide que possible. La MONUSCO a vocation à partir mais aussi départ responsable, transition responsable conformément aux différents paramètres que j’ai indiqués, qui me semblent recueillir l’agrément des autorités avec lesquelles nous nous sommes entretenues.
Possibilité de retrait géographique ? Oui effectivement, je crois que les situations selon les différentes provinces et même selon les différentes zones de province sont différentes. Et donc, il me semble que c’est une approche assez raisonnable de considérer qu’il puisse y avoir un retrait graduel et géographique. D’ailleurs ça été le cas dans le passé puisque la MONUSCO s’est retirée graduellement de plusieurs provinces : Kasaï, Tanganyika. Et aujourd’hui, il me semble que personne ne dit : revenez au Kasaï, au Tanganyika. Il y a sans doute un certain nombre de problèmes qui demeurent dans ces provinces comme ailleurs, mais ce ne sont plus des problèmes qui relèvent d’une présence de type maintien de la paix. Les agences restent présentes évidemment pour apporter le soutien dans leur domaine de compétence.
Et enfin sur le terrain, la montée en puissance, la coopération avec les FARDC, d’abord, je pense que la coopération au sens interaction entre les responsables est bonne et je dirai même qu’elle s’est renforcée. Je parle de l’Ituri mais aussi de la province du Nord-Kivu. Nos généraux se parlent régulièrement, le Force commander [Commandant de la Force de la MONUSCO] et ses interlocuteurs congolais.
Maintenant, comme je le disais sur la question de l’Ituri, il y a ce projet de montée en puissance. C’est ce qui nous a été dit et donc nous comptons sur ce renforcement. Et au fur et à mesure qu’il y aura lieu, il se fera de manière à optimiser nos présences respectives et assurer la meilleure coopération possible.
En ce qui concerne le Nord- Kivu, il y a aussi un travail commun qui va même s’intensifier parce que c’est une zone qui évidemment est soumise, même s’il y a une baisse des hostilités à ce stade, mais qui est toujours extrêmement volatile. Il est important que nous soyons préparés en commun pour faire en sorte que cette situation ne soit pas remise en question.
Je parlais de la présence importante de la MONUSCO notamment en ce qui concerne Goma. L’importance, c’est qu’ils s’attachent à la protection de Goma. Bien entendu, qu’ils s’attachent aussi à la protection des personnes déplacées résultant des violences. Nous avons discuté de cette situation, de ces questions avec le chef du Gouvernement, avec le chef de l’Etat et du fait que nous allions renforcer encore une fois d’une part, nos moyens, même si cela peut prendre du temps, mais nous essayons d’accélérer le renforcement de nos moyens et d’autres part, le renforcement sous contrôle nos plans communs.