
Plus de jours passent, plus l’on en sait davantage sur les conséquences des affrontements survenus la semaine dernière, qui ont conduit à l’occupation irrégulière de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu par l’armée rwandaise et leurs supplétifs de M23. Aux conséquences humanitaires caractérisées par l’afflux de la population dans la ville et qui vit dans des conditions humanitaires très difficiles, viennent s’ajouter les conséquences sanitaires. Le ministre de la Santé publique et de la Prévoyance sociale, Samuel Roger Kamba en a fait part à la presse, samedi 1er février, au cours d’un briefing spécial co-animé avec son collègue de la Communication et Médias, Porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya au studio de la Rtnc3.
Pour le ministre de la Santé, les militaires et la population civile ont payé le lourd tribut en quatre jours des affrontements. Une situation jugée « dramatique ». Ainsi, au niveau des hôpitaux et autres structures sanitaires de la ville de Goma qui ont pu accueillir des cas des victimes de ce qu’il a qualifié de « folie rwandaise », on a dénombré jusque-là 773 morts et 2880 blessés par balles. Ceci sans compter les différents cas qui n’ont pas été amené là-bas. Et sur place, dans les structures sanitaires, les morgues sont débordées et les corps sont entassés malheureusement par manque des places, la demande étant très forte. Les blessés, quant à eux, sont dans des conditions très difficiles à cause de leur nombre très élevé. Ce qui fait que les structures sanitaires éprouvent des sérieuses difficultés de fonctionnement.
Des mesures sanitaires prises par le Gouvernement
Pour faire face à cette crise sanitaire, le Gouvernement congolais y a réservé une réponse pour la prise en charge médicale des structures sanitaires et des patients. C’est dans ce cadre qu’il a été envoyé à Goma, bien avant son occupation, des kits de traumatologie. Une autre réponse sanitaire c’est la campagne initiée depuis le 30 janvier dernier par le ministère de la Santé de collecte de sang, question de voler au secours des nombreux blessés que la ville a enregistrés pendant les affrontements.
A en croire le docteur Samuel Roger Kamba, il faut collecter au moins 5000 poches de sang pour répondre aux besoins des hôpitaux. Mais déjà, 1 200 poches de sang ont été collectées. L’occasion faisant le larron, il en a profité pour lancer un vibrant appel à la population congolaise à répondre massivement à cette campagne pour sauver des vies de ceux qui sont en difficulté.
« J’en profite pour demander à tout Congolais de donner son sang. C’est une denrée très importante pour nos militaires, pour nos Wazalendo, pour nos populations civiles. Ne pensez pas que si vous ne donnez pas, quelqu’un d’autre le donnera. Vous devez le donner parce que c’est comme ça que nous allons nous-mêmes participer à la solution. Parce que si vous donnez du sang, vous permettez à un militaire de répartir au front », a déclaré le ministre de la santé publique.
Cependant, ce dernier a précisé qu’en dépit de l’urgence, la procédure en matière de contrôle de sang collecté sera respectée. Après les examens appropriés, ce stock de sang sera acheminé dans les zones sous occupation à travers les humanitaires.
Aussi, bien que la ville de Goma et d’autres agglomérations demeurent sous occupation, le Gouvernement congolais a déclaré ne pas déroger à son devoir, celui de payer les salaires et autres primes du personnel de santé.
Muyaya dénonce l’imposition faite à la population de Goma de nettoyer la ville
Au cours de ce briefing de presse, le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya a dénoncé l’imposition faite à la population de la ville de Goma par les agresseurs de nettoyer la ville le samedi et sans tenir compte des précautions sanitaires et aussi dans le but d’effacer les traces de carnage dont ils sont auteurs. « Comment pouvez-vous imaginer que ceux qui sont venus il y a quelques jours avec des chars dans une violence horrible et qui ont tué des personnes innocentes, des personnes sans armes et des bombes sont tombés sur des hôpitaux (…) et dans une ville comme celle-là, vous les bourreaux, vous prenez ceux pour qui des frères, des membres de famille ont été tués, exécutés venir nettoyer le sang ? Vous imaginez l’horreur ? », s’est interrogé Patrick Muyaya.
Somme toute, les troupes rwandaises et leurs supplétifs de M23 ont effectué un véritable carnage dans la ville de Goma pendant les affrontements avec les forces armées congolaises appuyées par les volontaires patriotes pour la défense de la patrie, dits les Wazalendo. Un véritable carnage ne laisse personne indifférente.
RSK