L’Algérie s’est toujours voulu un rôle de puissance régionale en cherchant à s’afficher, du moins sur le plan diplomatique au Sahel. Mais d’humble avis, cela s’est avéré peu fructueux. En effet, la reconquête à mi-novembre dernier de Kidal, bastion des quatre rébellions touaregs depuis l’indépendance en 1960 et symbole de l’insoumission au pouvoir central de Bamako, s’est révélée fatale à la stratégie d’Alger.
Elle a même porté un coup décisif aux fameux accords d’Alger de 2015, qui avaient longtemps servi la stratégie d’influence des caporaux kaki dans la région. Ces accords, conçus pour mettre fin par le dialogue à la déstabilisation au Mali après la poussée séparatiste de 2012, en complément d’opérations militaires françaises ou autres, telles que « Barkhane » ou le « G5 Sahel », prévoyaient une décentralisation audacieuse et des mesures d’intégration des insurgés dans l’armée.
Bien que ces mesures n’aient jamais été pleinement mises en œuvre et n’existaient que sur le papier, elles servaient les intérêts du régime militaire des capos d’Alger en tant qu’instrument d’influence dans la région sahélo-saharienne. De cela, le régime des séniles d’Alger se retrouve aujourd’hui dépourvu de cette puissance diplomatique de faux semblants, vivant dans la nostalgie de son passé des années 1970, où la capitale algérienne brillait par son tiers-mondisme militant.
La disparition effective des accords d’Alger de 2015 ne signifie pas seulement la rupture entre le gouvernement malien et la coalition de mouvements politico-militaires (touareg ou arabes) se réclamant de l’Azawad dans le nord du pays. Elle prive également l’Algérie d’un outil précieux de projection diplomatique, comme en témoigne son silence officiel depuis la prise de Kidal.
Le mutisme d’Alger reflète son embarras, et selon l’historien Pierre Boilley, directeur de l’Institut des mondes africains, « l’Algérie est muette car elle ne dispose pas tant de leviers que cela. » Alger, après une médiation avortée au Niger suite au putsch du 26 juillet, et une grande déconvenue médiatique et diplomatique, assiste maintenant, impuissante à la liquidation du plan de réconciliation au Mali, qu’elle avait parrainé huit ans plus tôt.
Malgré les efforts sournois du régime algérien, les soldats maliens épaulés par “Wagner“, ont finalement repris Kidal. C’est un symbole fort et une victoire militaire attendue depuis une décennie par une grande partie des Maliens. Les autorités algériennes, exaspérées par l’attitude de Bamako, accusent un sérieux échec quant à la mise en œuvre des accords d’Alger.
L’Algérie qui traditionnellement a toujours voulu jouer un rôle de médiateur dans la résolution des conflits au Sahel, ne pourrait donc plus continuer à s’impliquer diplomatiquement pour encourager des solutions politiques et pacifiques aux crises dans la région. Les échecs récents, comme ceux au Mali, en Libye, au Niger… lui compliquent, ce rôle qu’elle cherche tant à avoir vu ses frontières.
Cela dit, les tensions au Sahel représentent un défi complexe pour Alger, frontalier de nations en proie aux crises politico-militaires et aux coups d’Etat. Les perspectives sont plutôt moroses pour l’Algérie dans ce contexte.
La sécurisation de ses frontières en devient donc une priorité pour l’Algérie afin de prévenir toute infiltration de groupes armés, de trafic illicite et d’autres menaces transfrontalières. De plus, les conflits au Sahel ont entraîné des déplacements massifs de populations, créant des flux de réfugiés. L’Algérie pourrait être confrontée à des défis liés à la gestion de ces réfugiés et à la fourniture d’une aide humanitaire.
Et que dire encore, sinon la stabilité intérieure de l’Algérie ! Les crises voisines pourraient avoir des répercussions sur celle-ci. Le régime des séniles d’Alger, schizophrène, va bientôt être amené à renforcer les mesures de sécurité déjà mis en place avec le Hirak et s’adonner à des politiques visant à prévenir tout impact négatif sur son territoire.
Et si on y ajoute, les crises dans les pays voisins et les répercussions économiques qui vont avec, notamment la perturbation les échanges commerciaux, les investissements et les projets de développement régional, il est vrai que, pour être libre de toute préoccupation de ce côté-là, il faudra à Alger de se retirer pleinement des affaires…, courantes de la région du Sahel.
En résumé, les perspectives pour l’Algérie face aux tensions au Sahel comprennent des défis de sécurité, peu ou point d’opportunités de médiation diplomatique, des préoccupations humanitaires, des implications économiques et la nécessité d’une gestion proactive pour préserver sa stabilité intérieure. La situation demeure complexe et évolutive, et nécessite une approche flexible et adaptative de la part du régime des capos d’Alger. Ce que, pour l’heure on ne possède pas à l’Est de l’Eden.