Déclaration de Kristalina Georgieva, Directrice générale du Fonds monétaire international, à l’issue de la première réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G20

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Kristalina Georgieva, Directrice générale du Fonds monétaire international, a prononcé le discours suivant lors de la première réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G20 au Cap, en Afrique du Sud :

« Je tiens à remercier le gouvernement de l’Afrique du Sud d’avoir accueilli la réunion du G20 cette semaine, ainsi que le ministre Godongwana et le gouverneur Kganyago pour l’impulsion qu’ils ont donné à nos échanges, axés sur les défis économiques que nous devons relever à l’échelle mondiale.

Un enjeu commun est clairement ressorti de nos discussions : la nécessité de relancer la croissance mondiale dans un environnement où les marges de manœuvre sur le plan macroéconomique sont restreintes et les incertitudes très marquées. Dans ce contexte, j’entrevois d’importantes occasions de faire avancer les réformes nécessaires pour assurer une prospérité économique mondiale durable.

Perspectives mondiales : faible croissance et endettement élevé

Nous prévoyons une croissance mondiale de 3,3 % cette année et l’année prochaine; elle sera stable mais largement inférieure à la moyenne historique, sur fond d’endettement public élevé. Nous constatons par ailleurs que les divergences se creusent entre les pays, la croissance aux États-Unis est plus vigoureuse et la reprise au sein de l’UE un peu plus graduelle que prévu. Dans les pays émergents et les pays en développement, la croissance en 2025 correspond globalement à celle de l’année dernière.

Le processus de désinflation mondiale se poursuit. Avec le refroidissement progressif des marchés du travail et la baisse continue des prix de l’énergie, l’inflation globale devrait poursuivre sa trajectoire vers les objectifs des banques centrales.

Dans le même temps, l’incertitude qui entoure les politiques économiques est élevée. Partout dans le monde, les gouvernements redéfinissent leurs priorités stratégiques. De grands changements sont en cours aux États-Unis, dans des domaines tels que la politique commerciale, la fiscalité, les dépenses publiques, l’immigration et la déréglementation ; leurs effets se répercuteront tant sur l’économie américaine que sur le reste du monde. Les gouvernements d’autres pays procèdent aussi au réajustement de leurs politiques. Les effets conjugués de ces éventuelles réorientations stratégiques sont complexes et encore difficiles à évaluer, mais ils seront plus clairs dans les mois à venir.

Des différences existent aussi sur le plan des risques. À court terme, les États-Unis affichent un certain potentiel de progression, car la confiance ambiante pourrait dynamiser l’activité. Mais, dans l’ensemble, des risques de détérioration pèsent sur la plupart des autres pays, y compris ceux liés aux perturbations du processus de désinflation induites par les politiques publiques ou de sorties de capitaux des pays émergents.

Des politiques intérieures pour stimuler la croissance

Alors que les perspectives de croissance sont au plus bas depuis des décennies, il s’agit avant tout de définir des mesures qui jetteront les bases d’une croissance plus forte et plus durable.

La stabilité macroéconomique et financière doit être préservée pour favoriser la croissance. À cette fin, les pays sont face à plusieurs impératifs : contenir les risques à court terme, reconstituer des marges de manœuvre, améliorer les perspectives de croissance à moyen terme.

Pour les banques centrales, l’objectif reste de rétablir pleinement la stabilité des prix, et ce, tout en soutenant l’activité et l’emploi.

Sur le plan des finances publiques, la plupart des pays doivent placer la dette publique sur une trajectoire viable et reconstituer des marges de manœuvre budgétaires. S’il est crucial dans de nombreux pays de mobiliser davantage de recettes intérieures, il est tout aussi important de promouvoir l’efficience des dépenses publiques. Les deux vont de pair afin que les pays disposent de l’espace budgétaire nécessaire pour faire face aux chocs futurs et jeter les bases d’une croissance plus robuste.

Les pays doivent à tout prix adopter des réformes ambitieuses pour stimuler la productivité et améliorer les perspectives de croissance. Les priorités varieront d’un pays à l’autre, mais en général, il convient de s’orienter davantage vers des politiques axées sur l’offre : réduire les formalités administratives ; stimuler la concurrence et encourager l’entrepreneuriat ; renforcer les systèmes éducatifs ; établir une réglementation avisée, favorable à la prise de risque et à l’avancée rapide mais sûre des technologies qui peuvent rehausser la productivité, comme l’IA.

Des actions collectives pour stimuler la croissance

Les réformes nationales sont essentielles, certes, mais de nombreux pays ne peuvent pas faire cavalier seul. Un soutien extérieur accru est crucial pour aider les pays à mettre en œuvre des réformes, par le biais du renforcement des capacités et d’une aide extérieure concessionnelle, ainsi que par des actions visant à attirer davantage de capitaux privés.

Il est également urgent de s’attaquer aux problèmes d’endettement. Certains pays pourraient avoir besoin de restructurer leur dette, tandis que beaucoup d’autres sont confrontés à des paiements d’intérêts élevés et à des besoins de refinancement qui entravent leur capacité à investir dans leur avenir. Il est essentiel d’améliorer la prévisibilité et la rapidité des procédures de restructuration, en s’appuyant sur les grands progrès qui ont déjà été accomplis, notamment au titre du cadre commun. Nous devons également venir en aide aux pays dont la dette est viable, mais dont les besoins au titre des paiement d’intérêts et du refinancement sont tels qu’ils réduisent leur capacité à investir dans l’éducation, la santé ou les infrastructures.

Le FMI a un rôle de premier plan à jouer. En fournissant des conseils stratégiques et en assurant le développement des capacités et des prêts, le cas échéant, nous aidons les pays à maintenir ou à rétablir la stabilité macroéconomique et à mettre en œuvre des politiques saines pour garantir une croissance durable. Nous continuerons de jouer un rôle clé en matière d’endettement grâce à nos analyses de la viabilité de la dette et à notre soutien aux efforts internationaux visant à relever les défis liés à la dette, notamment dans le cadre de la table ronde mondiale sur la dette souveraine.

Nous demeurons déterminés à aider nos pays membres à connaître une plus grande prospérité et une plus grande stabilité. »

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