La vidéo de Paul Kagame qui a circulé le mardi 5 juin 2014 dans les réseaux sociaux a remis dans nos pensées quelques faits historiques susceptibles de nous aider à mieux éclairer l’avenir politique et diplomatique de notre pays.
Les propos tenus par l’ogre de Kigali inspirent une question : et si la “ pratique des petits pas” de Fatshi atteignait maintenant sa maturité ?
Sous la pression de l’offensive militaire des Fardc et des Wazalendo sur le terrain, des critiques médiatiques de plus en plus convaincantes à propos des pillages de nos ressources naturelles qu’il ne peut plus nier, Kagame admet enfin son forfait et accuse ses comparses. Et comme en plus le chef de file (les Usa) a ostensiblement tourné son regard ailleurs ; en l’occurrence, Washington a choisi le Nairobi comme partenaire privilégié aux dépens de Kigali, l’homme ne sait plus à quel saint se vouer.
En effet, l’aveu à peine voilé du sanguinaire de Kigali nous indique que Fatshi marque des points décisifs dans la guerre qui nous oppose au Rwanda.
Cependant, une question devrait s’imposer à nous. Le rusé des montagnes ne tente-t-il pas, en dénonçant les Occidentaux dans le pillage de la Rdc, de se disculper et de contraindre ses commanditaires de le sortir de la mauvaise passe dans laquelle ils l’ont plongé ? C’est comme si le dictateur disait : “vous m’avez embarqué dans le feu, il est hors de question que j’y brule sans vous” !
Rappelons ici que la notion de victoires ou d’avancées par la « diplomatie des petits pas » avait été mise en vogue par Henry Kissinger pendant les négociations dues à la guerre du Viêtnam au cours des années soixante. Elle sera relancée par le même célèbre diplomate américain dans la recherche des solutions pour tenter de mettre un terme à la guerre israélo-arabe.
Au Vietnam, la méthode n’avait pas empêché le cuisant échec des USA de 1975 ; au Moyen Orient on peut affirmer qu’elle était en vigueur jusqu’à l’assassinat d’Yitzhak Rabin. Depuis, les extrémistes de droite, imbus de leur supériorité militaire, n’ont cure de la diplomatie.
Prophétisons que la version de Fashi fera meilleure fortune !
Le Président Tshisekedi Tshilombo semble avoir adopté la philosophie qui sous-tend la démarche du vieux diplomate juif américain : hâtons-nous lentement, mais sûrement. A l’égard de la guerre de l’Est, Il débuta, à la surprise et avec la désapprobation de beaucoup, par une tentative de rapprochement avec celui qui ambitionne de nous prendre une partie importante du territoire national. Ayant certainement compris que Kagame n’est pas de nature à entendre le langage d’une approche diplomatique bilatérale sans contrainte, le béton de la République élargira son action au niveau de la Communauté des pays de l’Afrique de l’Est, toujours dans l’espoir de gagner la paix, concrétiser l’intégration régionale et sauvegarder l’intégrité territoriale de notre pays.
Cette voie a-t-elle atteint l’objectif poursuivi ? Certes non ! A ce jour il apparait que nombre des pays de l’EAC partagent secrètement l’ambition du Rwanda de dépecer la RDC avec l’aide de l’Occident. Voilà ce qui explique l’étape actuelle consistant à intensifier les actions militaires basées essentiellement sur nos propres forces sans pour autant négliger l’apport des éventuels alliés. A ceci s’ajoute bien évidemment les actions diplomatiques constantes.
Comme chacun devrait le savoir, toute action politique du diabolique Kagame doit s’analyser sous tous les angles, avec la plus grande circonspection. Gardons-nous donc de considérer les pleurs actuels du dictateur comme une victoire totale ! Ce n’est qu’une avancée, un signe qui devrait nous motiver davantage à défendre notre pays et à rester vigilants pour sauvegarder nos ressources.
Evitons le triomphalisme bon marché et ridicule dans lequel se lancent déjà certains esprits naïfs ! L’art de la guerre est complexe, il nous contraint d’envisager toutes les hypothèses. Et si la déclaration de Kagame était une feinte, une tactique de plus, pour nous pousser à mieux dévoiler nos intentions ?
Que le modeste avantage que vient nous signifier le deuil de Kagame en ce début du mois de juin ne nous trompe pas en nous jetant dans l’illusion qu’apportent les euphories mal fondées. La guerre sévit encore, elle sera longue, ardue, pénible. Elle exigera une grande détermination, des investissements immenses, des sacrifices qui ne sauraient découler que de l’unité et de la cohésion dont nous ferons montre.
C’est lorsque le fauve est blessé qu’il faut faire preuve de lucidité accrue, de prudence et de plus d’acharnement. Or, dans le cas qui nous concerne, la bête est touchée, mais n’est pas encore à l’agonie, et elle tente même d’ameuter les siens, de plus maintenant une tierce partie vient s’incruster dans l’équation, le Kenya, là résident le challenge actuel.
Jean-Pierre Kambila Kankwende