
Alors que les combats continuent dans la confusion dans les Kivu, et que les déplacés et réfugiés se comptent par centaines de milliers, les pressions diplomatiques sur le Rwanda se font plus fortes. L’ambassadeur à Bruxelles a été convoqué par les services de la cheffe de la diplomatie européenne alors que jusqu’ici les Européens n’avaient pas encore affiché leur unité sur le conflit dans l’est de la République démocratique du Congo. Et à l’ONU, le Conseil de sécurité de l’ONU appelle le Rwanda à retirer ses troupes de la République Démocratique du Congo.
À Bruxelles, Il est demandé au gouvernement rwandais « de retirer toutes les troupes présentes sur le territoire congolais et de cesser de soutenir le M23 ou tout autre groupe armé » en République démocratique du Congo.
Voilà le message sans détour intimé à l’ambassadeur rwandais à Bruxelles ce vendredi par le service diplomatique européen, rapporte notre correspondant, Pierre Benazet. L’Union européenne condamne les atteintes à l’intégrité territoriale de la RDC et l’offensive en cours qui est « une violation du cessez-le-feu » décidé par le processus de Luanda.
Est de la RDC : les combattants du M23 continuent de progresser au Nord-Kivu et au Sud-Kivu
L’ambassadeur en Allemagne avait été convoqué la veille et la conjonction de ces deux événements montre que les 27 ont désormais une posture commune alors que jusqu’ici la proposition de la Belgique d’édicter des sanctions avait suscité des réticences. Le Rwanda a d’ailleurs essayé d’isoler la Belgique de ses partenaires européens, mais le coup a échoué, car les autres donateurs d’aide au développement, réfléchissent désormais à l’utiliser comme « levier » selon un diplomate européen. La Suède, l’Allemagne et les Pays-Bas ont été cités.
Dans le même temps, les ambassadeurs des 27 à Bruxelles préparent des sanctions individuelles proposées par la France et la Belgique, envisagent une suspension du dialogue politique et de sécurité, voire des restrictions à l’accord UE – Rwanda sur les matières premières…
Et à l’ONU, une résolution condamnant directement le soutien de Kigali aux rebelles adoptée
Pour la première fois, une résolution a été adoptée condamnant directement le soutien de Kigali aux rebelles du M23 qui poursuivent leur avancée. C’était lors de la 4ème réunion d’urgence tenue, en un mois, par le Conseil de sécurité sur la situation en République Démocratique du Congo. Rédigée par la France, la résolution a été adoptée à l’unanimité vendredi 21 février par le Conseil de sécurité, rapporte notre correspondante à New York, Loubna Anaki.
Le texte condamne fermement l’offensive menée par les rebelles du M23 dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu avec le soutien des forces rwandaises et appelle Kigali à « retirer immédiatement et sans conditions préalables », ses troupes du sol congolais et à arrêter son soutien au M23.
Dans le même temps, la résolution condamne le soutien apporté par l’armée congolaise à « des groupes armés spécifiques », en particulier les FDLR.
Les membres du Conseil de sécurité appellent la RDC et le Rwanda à reprendre le dialogue pour une paix durable et mettent en garde contre toutes attaques visant le personnel de l’ONU sur le terrain.
Invité à participer à la réunion, le représentant du Rwanda a dit prendre note de la résolution tout en évoquant « des pressions regrettables exercées sur les pays africains siégeant au Conseil ».
De son côté, le représentant congolais s’est félicité pour l’adoption de cette résolution tout en regrettant que le conseil ait mis autant de temps à agir. Une précédente réunion du conseil le 19 février, convoquée en urgence, n’avait donné lieu à aucun vote malgré trois heures de discussions.
La résolution votée ce vendredi ne prévoit pour le moment pas de sanctions.