
Curieusement, ses proches s’en prennent à Vital Kamehre et à la synergie “CENCO-ECC” qui ne peuvent pas agir sans sa caution !
La liberté que s’octroient certains membres de l’Udps et certains alliés pour contester publiquement certaines initiatives du Président de la République appelle à des limites. Qu’on l’aime ou qu’on l’aime pas, qu’on l’admette ou qu’on ne l’admette pas, Félix Tshisekedi réalise que Goma – première et principale ville du Grand Kivu à connaître le plus grand nombre de guerres – n’a jamais eu autant de morts qu’avec la 5ème incursion. Pour l’Histoire, les agressions-rébellions de l’Afdl en 1996-1997, du Rcd en 1998, du Cndp en 2008 et du M23 en 2013 n’ont jamais enregistré des morts par milliers. Que la responsabilité du crime soit imputée à Paul Kagame, à Bertrand Bisimwa, à Corneille Naanga ou à un autre, le fait indéniable est que l’événement s’est produit sous son mandat. Il est normal qu’il en souffre et que sa conscience l’amène à la voie qu’il choisit : battre le rappel des troupes pour la cohésion nationale…
…Le temps ne joue pas en notre faveur…
A l’ouverture, le mardi 4 février 2025, de la session parlementaire extraordinaire convoquée du reste à sa demande conformément à l’article 116 de la Constitution, le Chef de l’Etat a adressé une lettre aux présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. Il veut recueillir des députés nationaux et des sénateurs “les propositions idoines sur les stratégies diplomatiques et politiques concertées pour sortir de cette crise qui affecte la vie de nos concitoyens et menace notre intégrité territoriale”. Il ne fait pas allusion aux stratégies militaires.
Qu’on ait vu ou entendu au cours de cette plénière Vital Kamehre parler de dialogue n’a en toute logique rien de provocateur.
Dans sa communication, le speaker national affirme que Félix Tshisekedi “prendra d’autres mesures appropriées pour préserver la cohésion et rassembler toutes les forces vives de la Nation”, avant d’ajouter :”Toutefois, nous devons continuer d’explorer les voies d’une issue pacifique à ce conflit. Le Président Félix Tshisekedi l’a clairement exprimé : il est ouvert au dialogue, il veut négocier, mais jamais au prix de l’intégrité et de la souveraineté du Congo”.
La partie la plus intéressante de son intervention est dans son commentaire. Il rappelle la quinzaine de résolutions prises à leur demande par le Conseil de sécurité de l’Onu sous Mzee Laurent-Désiré Kabila, mais sans succès, citant notamment dans l’équipe diplomatique d’alors Léonard She Okitundu, Général Didier Etumba, Izun Kakiak, Yerodia Abdoulaye Ndombasi, Barnabé Kikaya bin Karubi et lui-même.
A l’époque, va-t-il révéler, l’objectif pour la communauté internationale était le dépeçage de la RDC (démembrement ou balkanisation).
25 ans après, c’est encore Vital Kamehre qui tire la sonnette d’alarme par cette phrase : «Le temps ne joue pas en notre faveur (…). Le président veut épargner les vies humaines (…). Le président veut négocier mais pas vendre le Congo», non sans réaffirmer que «L’enjeu du récent développement de la situation sécuritaire à l’Est renseigne clairement qu’un pas de plus a été franchi sur l’agenda de la balkanisation de la RDC”.
La fronde en cours contre sa personne par la même frange ayant poussé Félix Tshisekedi à l’erreur a de quoi surprendre. Vital Kamehre sera même obligé, à son corps défendant, de procéder à une mise au point lors de la plénière du jeudi 6 février à l’attention de ses collègues “conseillers parallèles”.
“Que ton oui soit oui, ton non non”
Il en est de même de la fronde contre la synergie “CENCO-ECC”. Les responsables de ces deux confessions religieuses ont proposé le 15 janvier un Plan de sortie de crise dénommé “Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands-Lacs»”.
Cette initiative ne concerne pas que la crise congolaise. Elle inclut les crises politico-militaires en Afrique, notamment dans les Grands-Lacs en raison de leurs interrelations.
Reçue en audience par le Chef de l’État le lundi 3 février 2025, la délégation en est ressortie avec l’assurance d’un feu vert. Ce qui justifie les déclarations en cours en vue du Dialogue national.
“Nous avons rencontré quelques acteurs, dont le président Tshisekedi et Martin Fayulu et les autres. Unanimement, plus personne ne veut voir ce pays continuer dans des guerres”, a déclaré Éric Nsenga, secrétaire général de l’ECC, qui ajoute, à propos du M23 : “La question du M23, je le dis ici, notre rôle, ce n’est pas de dire X est un ange, Y est un démon (…) Nous, nous voulons trouver la solution, donc je ne peux pas comprendre que nous parlions de la paix, mais en même temps que nous soyons sceptiques à tout mécanisme qui peut conduire à la paix».
Monseigneur Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO, va renchérir en ces termes : «La guerre est menée par ceux qui ont pris les armes. Ça n’aurait pas de sens de les mettre à côté et d’espérer retrouver la paix sans eux».
Normalement, dès l’instant où le Chef de l’État a échangé avec la délégation de la CENCO-ECC, la communication qui se réclame de lui devrait, à la limite, se donner un temps d’observation avant de prendre position contre les personnes physiques ou morales engagées dans des missions de bons offices. A moins d’avoir reçu consigne de poursuivre les “tirs croisés” sur Vital Kamehre et sur la synergie CENCO-ECC. Ce qui, en politique, peut signifier ce que ça peut signifier.
Dans tous les cas, les Saintes Écritures sont formelles : “Que ton oui soit oui, ton non soit non…”.
Simplement pathétique
Faut-il encore souligner que chaque Dialogue a sa dynamique. Celui envisagé donne pour la première fois l’occasion à la RDC de prendre à témoin la communauté internationale pour poser au Rwanda de Paul l’unique question qui vaille la peine d’être soulevée : qu’est-ce Kinshasa a encore à lui donner et qu’il n’a jusque-là pas reçu !
Combattre cette occasion incite à se demander si on ne joue pas, sans le savoir ni le vouloir, le jeu de Kigali dès lors que le Rwanda n’a pas et n’aura jamais envie de se retrouver dans cette posture.
Au moment où on est à la recherche des solutions politiques et diplomatiques idoines, le pragmatisme commande qu’on les propose à Félix Tshisekedi et non de se mettre à attaquer les canaux qu’il est en train d’utiliser.
Le drame, c’est que la contestation provenant de l’Udps et de l’Uns s’accentue la veille du double sommet Sadc-Eac prévu ce samedi 8 février 2025 à Dar Es Salam, sommet au cours duquel Félix Tshisekedi doit rassurer ses homologues de ses bonnes dispositions.
Simplement pathétique !
Omer Nsongo die Lema