M. Jules Kidinda, Coordonnateur du Projet d’urgence et de résilience urbaine de Kananga (PURUK), projet financé par la Banque mondiale, sous tutelle du ministère de l’Urbanisme et Habitat, a été interviewé par les médias locaux sur les inondations et la prolifération des érosions à Kananga. A cette occasion, il a démontré que le Gouvernement est à l’œuvre.
Presse: La météo est devenue très bouleversante. Des pluies qui tombent sur nos villes sont de plus en plus violentes. Comment expliquez-vous cela?
Jules Kidinda: Le problème est lié au dérèglement climatique. Nous reconnaissons tous que ces changements sont en lien avec les gaz à effet de serre. Les impacts du réchauffement de la planète sont très différents en fonction de la région où l’on se trouve. Ce que l’on constate, c’est que ce dérèglement a multiplié les intempéries extrêmes dans un sens comme dans l’autre. Ainsi. dans certaines régions du monde, on voit qu’il y a des pluies et des tempêtes absolument catastrophiques, qui génèrent des inondations. C’est le cas de notre pays. A l’inverse, dans d’autres régions de la planète, on voit, au contraire, qu’il y a la sècheresse. Mais une sécheresse plus intense, plus longue de ce que l’on connaissait auparavant. Ce qui fait que la question de notre adaptation doit être regardée autrement.
Quels en sont les enjeux selon vous?
C’est la résilience de nos villes. Comment faire en sorte que nos centres urbains où nous sommes de plus en plus nombreux à vivre, se construisent, s’étendent, se développent de manière à résister à ces impacts et puissent garantir à tous leurs habitants un cadre pour un épanouissement harmonieux. On voit bien qu’à partir de la paralysie de la circulation et des dégâts causés, à toutes les classes sociales par les dernières pluies diluviennes, qui ont vu les cours d’eau sortir de leur lit, nos caniveaux débordés, les ravins devant des érosions béantes, on voit très bien que tout le monde est concerné par cet enjeu.
La problématique du réchauffement climatique concerne la planète entière. Pensez-vous qu’il y a une réelle mobilisation des gouvernants du monde face à cette situation?
Oui. Les conférences des nations unies sur le climat ont installé une sorte de gouvernance mondiale du climat. Les différentes éditions de COP servent à faire le point sur l’application des traités internationaux sur le climat et à prendre des décisions pour en favoriser l’application effective. Mais ce qu’il faut avoir présent à l’esprit, c’est que le problème est universel mais la mise en œuvre des solutions est locale. On sait tous que face au changement climatique, il faut décarboniser au maximum, mais derrière, il faut s’adapter. A cette adaptation diffère d’une ville à une autre parce qu’elles n’ont pas le même niveau d’urbanisation.
Nous sommes dans la plupart de nos villes congolaises menacées par les glissements de terrains, les érosions dont les causes profondes sont connues, et auxquelles notre pays s’attaque de manière logique, pour la première fois, depuis seulement 2019. En effet, c’est sous le leadership du président Felix Tshisekedi, que le ministre des villes, Pius Muabilu a encadré et piloté la bonne stratégie pour rendre nos villes résilientes face aux impacts du changement climatique. C’est-à-dire mettre tous les acteurs autour de la table pour élaborer un plan d’action harmonieux, contenant des recommandations pour corriger les anomalies et favoriser le développement économique de nos centres urbains. Le Projet PURUK que nous mettons en œuvre à Kananga en est une illustration.
Quelles sont les actions à mener? Qu’est-ce que chacun de nous peut faire?
C’est tout le monde qui doit faire des efforts. Moi, je suis partisan d’un discours de vérité. C’est-à-dire qu’il faut être lucide sur les difficultés qui sont devant nous. Mais ces difficultés, au lieu des nous décourager, nous obligent à une seule chose. C’est de nous retrousser les manches et trouver des solutions. Et en fonction de la place qu’occupe chacun de nous, il y a un type de solution différent.
Par exemple?
Il est par exemple nécessaire de désimperméabiliser nos parcelles. C’est-à-dire les eaux de pluies qui tombent dans nos parcelles sur du béton, des pavés, ruissellent au lieu de s’infiltrer. Chacun peut donc aujourd’hui désimperméabiliser et privilégier la couverture d’eau qui se déverse dans les rues. Ce qui va, par la même occasion, recharger les nappes phréatiques et constituer la réserve pour les générations futures. De même, il y a des efforts dans l’occupation et la construction anarchique, tant du côté de l’Administration que des administrés en renforçant les capacités des institutions locales, en ressources et en équipements. Il y aussi de solutions à trouver dans les fuites que l’on constate dans les réseaux d’adduction d’eau potable. Il y a incontestablement une marge de progression partout. Il va donc falloir que nous bougions tous ensemble. Je ne veux donc stigmatiser personne. Car, on ne résoudra pas ce problème sur la base des conflits, …
Où en êtes-vous avec PURUK à Kananga?
A ce jour, grâce aux travaux de génie civil, nous avons totalement arrêté la progression d’érosions sur trois sites critiques qui menaçaient les habitations et les infrastructures essentielles pour l’économie de Kananga. Nous allons intervenir très prochainement sur 19 sites additionnels. Nous avons créé 1.300 emplois dont 36% occupés par des femmes. Nous travaillons avec des dizaines d’entreprises locales. Nos travaux ont un impact social indéniable sur 3.000 ménages au moins. Parallèlement, nous nous attaquons aux causes de l’érosion par des mesures préventives, notamment l’engagement citoyen.