L’industrie automobile marocaine a franchi des étapes spectaculaires en 2023, signant une année qui restera sans doute gravée dans les annales économiques du Royaume.
Tant et si bien, qu’ironie du sort, cette réussite phénoménale a poussé Naledi Pandor, la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, à ouvrir, si l’on peut dire, sa propre boîte de Pandore. Dans un élan de louanges qui a de quoi surprendre, surtout venant d’une figure politique d’un pays jusqu’ici peu enclin à tisser des liens étroits avec le Royaume, Pandor a vanté les mérites de l’industrie automobile marocaine lors d’un meeting avec la Fondation Carnegie pour la paix internationale.
Ses commentaires, empreints d’une soudaine admiration, laissent entrevoir un désir de collaboration entre l’Afrique du Sud et le Maroc, espérant ainsi créer des synergies entre les deux nations. Toutefois, entre les mots et les actes, le chemin semble pavé d’intentions floues et d’ambitions, peut-être trop optimistes.
L’industrie automobile marocaine, avec une croissance de 30,5% et un chiffre d’affaires dépassant les 116 milliards de dirhams fin octobre 2023, s’impose désormais comme un modèle de réussite. Portée par des projets innovants comme ceux de « Neo Motors » et le prototype à hydrogène de NamX, elle s’affiche non seulement comme un pilier économique, mais aussi comme un vecteur d’innovation et d’excellence reconnu mondialement. « Made in Morocco » devient ainsi synonyme de qualité, démontrant que le Maroc n’est plus un simple acteur, mais un compétiteur de premier ordre dans la course à l’automobile propre et durable.
Ses entreprises, par leur ingéniosité et leur engagement, démontrent que le Maroc est non seulement un acteur, mais aussi un compétiteur sérieux sur l’échiquier automobile mondial, notamment dans le domaine des véhicules propres et des énergies renouvelables. Ces évolutions notables ne manquent pas d’avoir un impact socio-économique important.
En effet, l’essor de l’industrie automobile a considérablement contribué à la diversification de la base économique du pays, permettant de réduire la dépendance à des secteurs plus traditionnels comme l’agriculture et l’exploitation minière. Les conséquences positives de cette mutation sont multiples : développement régional, urbanisation accélérée autour des pôles industriels comme Tanger et Kénitra, création d’emplois, montée en compétence de la main-d’œuvre locale et amélioration des équilibres commerciaux du Maroc grâce à l’exportation.
Pourtant, l’espoir d’une collaboration fructueuse avec l’Afrique du Sud, bien qu’attrayant sur papier, se heurte à la réalité d’une relation bilatérale marquée par la méfiance et les intérêts divergents. L’enthousiasme affiché par Pandor contraste avec le tableau moins reluisant des interactions passées, où la défiance mutuelle et les malentendus prenaient souvent le pas sur les ambitions communes.
Dans ce contexte, l’annonce d’une possible entente entre le Maroc et l’Afrique du Sud ressemble davantage à un vœu pieux qu’à un plan d’action concret. Le chemin vers une collaboration véritable entre ces deux puissances africaines est semé d’embûches, entre une défiance historique et des alliances régionales fragiles. L’Algérie, fidèle à sa ligne de conduite, choisit, quant à elle, l’isolement plutôt que l’ouverture, contribuant ainsi à maintenir la tension régionale à un niveau élevé.
Dans cette saga aux allures de feuilleton diplomatique, où les déclarations d’intentions se heurtent à la réalité des faits, le Maroc poursuit sa route, seul, mais déterminé. Son industrie automobile, fleuron national, continue de briller sur la scène internationale, malgré les mirages de collaborations qui, jusqu’à présent, n’ont pas trouvé de terrain fertile pour s’épanouir. Entre rêve d’unité et réalité du terrain, le Royaume avance, porté par ses succès, dans un désert industriel où les oasis de coopération restent désespérément rares.
Un partenariat stratégique entre deux puissances africaines pourrait être le catalyseur d’une nouvelle ère de prospérité et d’innovation technologique, contribuant ainsi à une montée en gamme de l’industrie automobile sur le continent africain. Mais hélas, vu la haine que voue, le régime de l’Afrique du Sud au Royaume, cette option ne semble pas tenir la route.
Dans un élan d’optimisme qui friserait presque la naïveté, certains esprits éclairés ont imaginé un tableau idyllique où les deux géants africains, main dans la main, pourraient inaugurer une ère dorée de prospérité sans précédent dans l’arène complexe et compétitive de l’industrie automobile.
Pourtant, tel un château de cartes face au souffle implacable de la réalité, cette belle illusion semble vouée à s’effondrer avant même d’avoir pu se concrétiser. En effet, l’animosité tenace qui caractérise les relations du régime sud-africain à l’encontre du Royaume, transforme cette perspective en une chimère aussi insaisissable qu’une oasis au milieu du désert.
Les mésaventures diplomatiques ne s’arrêtent pas là. L’exemple récent et encore fumant des péripéties autour des BRICS nous rappelle que la confiance entre les deux nations et leurs dirigeants est aussi fragile que la paix dans une cour de récréation.
L’Algérie, à l’Est de l’Eden et complice de l’Afrique du Sud dans cette danse des opportunités manquées, semble, elle aussi, choisir l’isolement, préférant s’enfermer dans ses frontières – maritimes, terrestres et aériennes – plutôt que d’étendre la main pour une poignée qui aurait pu valoir son pesant d’or. Par cet acte, elle ne se prive pas seulement d’une alliance potentiellement lucrative, mais contribue avec zèle à la mise en pièces de l’économie régionale.
Mohamed Jaouad El Kanabi