
Alors que Kinshasa pleure à nouveau ses morts — 22 vies fauchées selon les premières estimations — suite aux dernières inondations, je m’incline devant la mémoire des victimes et adresse mes condoléances les plus sincères aux familles endeuillées. Mais à ce stade, peut-on encore parler de « catastrophes naturelles » quand tant de signaux d’alerte ont été ignorés ? Quand des plans existent, que des engagements ont été pris, mais que rien n’a été concrètement mis en œuvre ? Le peuple mérite des réponses claires.
1. Où est passé le nouveau Code de l’Urbanisme et de l’Habitat ?
Un code vieux de 1957 continue de régir nos villes. Une révision avait pourtant été entamée. Pourquoi le dernier atelier de validation n’a-t-il jamais eu lieu ? Où en est la procédure législative ?
2. Que reste-t-il du plan de délocalisation des sites à risque ?
Les zones dangereuses sont connues. Des plans avaient été élaborés pour les évacuations autour de la rivière Ndjili et ailleurs. Pourquoi n’ont-ils pas été exécutés ? Combien de morts faudra-t-il pour que ce plan soit appliqué ?
3. Et la cité de Mukilango ?
Annoncée à grand renfort de communication pour reloger les sinistrés de Matadi-Kibala… Qu’en est-il aujourd’hui ? Les travaux ont-ils avancé ? Ou avons-nous simplement déplacé le problème sans le résoudre ?
4. Quid du Plan Urbain de Référence national ?
Des villes entières — Goma, Bukavu, Kikwit, Matadi… — sont exposées. Le plan de délocalisation adopté à l’échelle nationale a-t-il été mis en œuvre ? Si non, pourquoi tant de silence ?
5. Pourquoi l’État continue-t-il à légitimer les occupations illégales ?
Comment expliquer que dans les zones interdites à la construction, des titres officiels sont encore délivrés ? Quelles sont les sanctions prévues pour mettre fin à cette contradiction qui coûte des vies ?
6. Quelle réponse post-sinistre ?
Au-delà de l’émotion et des enterrements, quelles sont les mesures d’urgence ? Où est le plan de relogement ? Où sont les ressources pour la réhabilitation des zones touchées ?
Le drame que nous vivons aujourd’hui n’est pas une fatalité. C’est le fruit d’un manque criant de vision, de suivi et de volonté politique. En tant que candidat malheureux à la dernière élection de Gouverneur de la Ville-Province de Kinshasa, je ne suis pas là pour polémiquer, mais pour rappeler nos responsabilités collectives et exiger la redevabilité.
Nous devons cesser de gouverner dans la réaction et choisir enfin l’anticipation. Kinshasa mérite mieux. Le Congo mérite mieux.
Fait à Kinshasa, le 06 Avril 2025
Serge Entikum Anza
Ancien candidat gouverneur de la ville de Kinshasa