« La Rdc dans les Communautés économiques régionales : Entre rationalité et rentabilité », nouveau livre du professeur Claude Nyamugabo

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« S’il est admis que la participation rationalisée dans les Communautés économiques régionales est un atout pour la Rdc, celle-ci se doit de poursuivre et de consolider certaines actions et réformes afin d’obtenir les résultats escomptés : améliorer le climat des affaires, poursuivre l’intégration du pays dans le commerce régional et international, redynamiser le travail accompli par l’Agence Nationale pour le Promotion des Investissements (ANAPI) et l’Agence Nationale de la Promotion de l’Exportation (ANAPEX)… », indique le professeur Mavungu, celui-là même qui a préfacé le livre du professeur Claude Nyamugabo intitulé : « La République Démocratique du Congo dans les Communautés économiques régionales : Entre rationalité et rentabilité ». A l’en croire, c’est seulement à ce prix que la Rdc pourra réunir les conditions susceptibles de lui permettre de tirer pleinement profit de sa participation dans les CER.

 

« La République Démocratique du Congo dans les Communautés économiques régionales : Entre rationalité et rentabilité », c’est le titre de l’ouvrage que Claude Nyamugabo Bazibuhe met à la disposition du public (professeurs, chercheurs, fonctionnaires, diplomates, experts …). Celui-ci vient enrichir la bibliographie relative à l’intégration régionale en Afrique.

 

Dans sa préface, le Professeur Jean-Pierre Mavungu Mvumbi-di-Ngoma indique que la particularité de l’ouvrage tient à l’analyse de la démarche, de la stratégie d’un Etat membre face au phénomène de régionalisation des relations interafricaines. Cet Etat n’est autre que la République Démocratique du Congo (RDC) ; grand pays au cœur du continent africain.

 

Bonaparte Napoléon disait que : « La politique d’un Etat est dans sa géographie ». Tenant compte de cette réalité, mais également de sa position géostratégique, la RDC trait d’union entre l’Afrique centrale, l’Afrique orientale et l’Afrique australe, a opté pour une politique de bon voisinage et de vocation africaine ; celle-ci couvrant l’ensemble du continent à travers l’Union Africaine, mais aussi plusieurs aires d’intégration régionale : la Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC), la Communauté pour le Développement de l’Afrique Australe (SADC), le Marché Commun de l’Afrique Orientale et Australe (COMESA) et la Communauté Economique de l’Afrique de l’Est (CAE).

 

Les raisons d’une multi-appartenance

 

Dans la première partie de l’ouvrage, explique le professeur Mavungu, l’auteur retrace tout d’abord le long processus historique qui a conduit à la naissance du Congo, Etat indépendant sur la scène africaine et internationale. Malgré les « douleurs de cette naissance », le Congo, comme d’autres nouveaux Etats, a manifesté son existence par l’adhésion à l’Organisation des Nations Unies, dès le 20 septembre 1960, et plus tard, en 1963, par sa participation à l’Organisation de l’Unité Africaine comme membre fondateur.

 

Par la suite, la RDC a été à l’origine de la création de la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL) et de la CEEAC. Tenant compte de sa position géographique, la RDC a opté pour la multi-appartenance en adhérant comme Etat membre à la SADC, au COMESA et, tout récemment, à la CAE.

Cette multi-appartenance se justifierait, d’après l’auteur, par le leadership africain que la RDC se doit d’assumer, au même titre que l’Afrique du Sud en Afrique australe et le Nigéria en Afrique de l’Ouest. Il revient à la RDC de prendre en compte son rôle ; elle a une vocation africaine et doit l’assumer. Bref, elle doit être l’un des pôles fédérateurs du continent africain, chers à Edem Kodjo.

 

A l’en croire, plusieurs atouts jouent en sa faveur : l’étendue du territoire, la démographie, les ressources naturelles du sol et du sous-sol, les potentialités hydroélectriques, la faune et la flore… La RDC, avec un territoire de 2.345.440 Km2, une population de près de 100 millions d’habitants, est à la fois un « scandale géologique » (minerais divers : cuivre, cobalt, lithium, zinc, or, diamant, pétrole, gaz méthane …), un « scandale énergétique » (potentiel hydroélectrique estimé à 100.000 MW, soit 13% du potentiel hydroélectrique mondial ; le site d’Inga a été retenu comme projet intégrateur) et un « scandale naturel » (potentiel agricole riche : 80 millions d’hectares de terres arables, 47% des forêts africaines et 120 millions d’hectares des forêts tropicales…).

 

Les conditions permettant à la Rdc de jouer le rôle de locomotive

 

Malgré les potentialités susmentionnées, constate Claude Nyamugabo, la RDC ne peut jouer véritablement son rôle de locomotive, de pôle fédérateur que si certaines conditions sont préalablement réunies, notamment la réhabilitation et la construction d’un réseau routier national fiable, la diversification de l’économie nationale, moins dépendante du secteur minier, mais également et surtout la maîtrise des questions sécuritaires. Sans paix, il n’y a pas de développement durable.

 

Examinant les objectifs poursuivis par les Communautés économiques régionales (CER) au sein desquelles la RDC fait partie, l’auteur constate la convergence de ceux-ci, à quelques nuances près : l’élimination des droits de douane dans l’espace communautaire, la création d’une zone de libre-échange par l’adoption d’un tarif douanier extérieur commun, l’harmonisation des politiques nationales sectorielles, la libre circulation des personnes, biens, services et capitaux, la mise en place d’un système de sécurité collective, etc.

 

En dépit de la volonté politique exprimée par les Etats membres au sein des CER, les résultats attendus sont encore mitigés. De même, les objectifs assignés tant par le Plan d’Action de Lagos que par le Traité d’Abuja (1991) en vue de la construction de la Communauté Economique Africaine sont loin d’être atteints.

La réalisation de cette dernière étape, soutient l’auteur, suppose préalablement l’unification des politiques monétaires, fiscales et sociales, et aussi la mise en place d’une autorité commune supranationale dont les décisions auront force obligatoire sur les Etats membres.

 

Quel gain tire la Rdc ?

 

Dans la deuxième partie de l’ouvrage, note le professeur Mavungu, l’honorable Claude Nyamugabo, l’auteur de ce présent livre, examine les questions relatives à la rationalité et à la rentabilité de la participation de la RDC dans plusieurs CER.

 

La rationalité dans la multi-appartenance suppose un choix judicieux des CER auxquelles il faudra adhérer. La RDC, pour sa part, s’est fondée sur des critères constitutionnels, stratégiques et sécuritaires, ainsi qu’économiques pour justifier son appartenance à la CEEAC, à la SADC, au COMESA et la CAE.

 

L’attachement du peuple congolais à la promotion et à la consolidation de l’unité africaine, à travers les organisations continentales, régionales ou sous-régionales est proclamé dans le préambule de la Constitution du 18 février 2006, telle que modifiée à ce jour. De même, l’article 217 de celle-ci prévoit que la RDC « peut conclure des traités ou des accords d’association ou de communauté comportant un abandon partiel de souveraineté en vue de promouvoir l’unité africaine ».

 

La mise en place d’un mécanisme de sécurité collective au sein de la CEEAC et de la SADC et, dans une certaine mesure, dans le cadre de la CAE sont des éléments ayant justifié la participation congolaise dans ces CER. La fiabilité des mécanismes reste une question préoccupante et mérite d’être appréciée au cas par cas : intervention militaire de trois pays de la SADC (Angola, Namibie et Zimbabwe) lors de la guerre dite  « d’agression » ; passivité incompréhensible de la CEEAC alors que deux Etats membres sont en situation de belligérance ; intervention en cours des forces des Etats de la CAE sans engagement militaire sur le terrain, du moins jusqu’à ce jour.

 

La poursuite des objectifs économiques par la diversification et la complémentarité reste un leitmotiv à atteindre, ce malgré la volonté politique à maintes reprises exprimée par les dirigeants des Etats membres.

 

Le placement des nationaux dans les structures des CER et l’utilisation de la langue française dans le déroulement des sessions ainsi que l’impression des documents de travail sont des éléments sur lesquels la RDC devrait exercer son influence. Elle devra aussi veiller à la ratification et à la mise en œuvre des instruments juridiques adoptés par les CER.

 

Certes, la géographie et la géostratégie imposent à la RDC d’opter pour la multi-appartenance dans les CER. L’évaluation de celle-ci conduit l’auteur à répondre à la question touchant à la rentabilité. Participer à plusieurs CER suppose la mobilisation des moyens financiers conséquents, mais également des ressources humaines expertes.

 

Au-delà de la RDC, souligne le professeur Mavungu, Claude Nyamugabo constate l’existence des contraintes à surmonter par les Etats membres des CER afin de parvenir à une véritable intégration régionale, notamment : les faiblesses des politiques nationales et leur inadaptation aux facteurs ou indices d’intégration établis par l’Union Africaine et les CER ; la non appropriation par les populations des politiques communautaires et la faiblesse des retombées de celles-ci ; le déficit de la volonté politique de s’intégrer dans le chef de certains Etats membres ; etc.

 

 

 

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