Quelques jours après la démission de David Malpass, qui reste Président de la Banque mondiale jusqu’au 30 juin 2023, Joe Biden a annoncé la nomination de son successeur, Ajay Banga. Comme ses prédécesseurs, le futur dirigeant de la Banque mondiale est un homme Étasunien, issu de la haute finance.
Le réseau CADTM International dénonce cette nomination et appelle à l’intensification des mouvements sociaux pour abolir la Banque mondiale et le FMI.
Le 23 février 2023, la Maison blanche publie un communiqué : « Aujourd’hui, le Président Biden a annoncé que les États-Unis nommaient Ajay Banga, un homme d’affaire avec une grande expérience dans la direction d’entreprises ayant connu le succès dans les pays du Sud et dans la négociation de partenariats public-privé permettant de proposer des solutions face aux problématiques liées à l’inclusion financière et au changement climatique, comme Président de la Banque mondiale.
Une nouvelle fois, le Président de la Banque mondiale est étasunien, il est un homme, et il vient de la haute finance, ce qui semble être une garantie de réussite pour Joe Biden : « Ajay est parfaitement armé pour diriger la Banque mondiale dans ce moment d’histoire décisif. Il a passé plus de trois décennies à construire et à gérer de grandes entreprises qui ont créé des emplois, il a investi dans les économies en développement, il a guidé ces organisations dans des périodes de changements très importants. »
Le réseau CADTM International dénonce cette nomination car :
Ajay Banga est encore un homme. Les désormais 14 Présidents de la Banque mondiale depuis sa création en 1945 ont été des hommes. Né en Inde, Ajay Banga a pris la nationalité des Etats-Unis et c’est notamment pour cette raison qu’il a pu être choisi pour le poste de président. Comme le veut la tradition, le Président de la Banque mondiale est étasunien et le Président ou la Présidente du FMI est européen·e. Cela ne change pas, un étasunien pour défendre les intérêts des États-Unis, de leurs alliés, des grandes entreprises privées et du 1% le plus riche de la planète.
Ajay Banga est encore un homme lié au grand capital financier et économique. Si ce passé est un gage de réussite pour Joe Biden et la Maison blanche, nous affirmons le contraire. Ajay Banga a été directeur général de Citigroup, l’une des plus grandes banques d’investissement étasuniennes, pour les activités en Asie-Pacifique, entre 2005 et 2009, avant de devenir PDG de Mastercard… Son passé de dirigeant de gros groupes financiers capitalistes comme Citigroup et Mastercard signifie clairement que pendant son mandat, Ajay Banga continuera à promouvoir un système capitaliste extractiviste via les prêts et les conditionnalités néolibérales imposés par la Banque mondiale.
Ajay Banga n’a aucune expérience dans les politiques de « développement », ni dans celles liées aux questions climatiques et écologiques.
Ajay Banga est membre de la Commission trilatérale. Cette Commission, fondée en 1973 par David Rockefeller, est un club privé de concertation et d’orientation de la politique internationale des États-Unis, des pays européens, et du Japon. Elle a joué un rôle important dans l’offensive néolibérale des années 1980.
La nomination d’Ajay Banga comme futur Président de la Banque mondiale est vue d’un très bon œil par la droite ultra-nationaliste indienne.
Le réseau CADTM International ne se faisait pas d’illusions : chaque décision prise par la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) doit recueillir 85% des suffrages pour être adoptée. Or, les États-Unis possèdent 15,47% des droits de vote pour chacune des décisions importantes, ils ont de fait un droit de véto. Il n’y aura donc pas de changement positif à l’intérieur de la Banque mondiale. Tant qu’elle existera, elle continuera à être une institution au service des intérêts des États-Unis, qu’elle soit présidée ou non par un·e Étasunien·nes provenant du grand capital économique et financier. Elle continuera à octroyer des prêts généralement onéreux en échange de conditionnalités qui renforcent et dérégulent le capitalisme, qui augmentent les inégalités sociales, de genre et aggravent la crise climatique et écologique.