Transition énergétique oblige, les métaux rares, cobalt et lithium en tête, sont désormais stratégiques. La RDC, qui en regorge, est au cœur de la bataille que se livrent Washington et Pékin autour des richesses du sous-sol congolais.
« Le Parti communiste chinois exploite les vastes ressources en cobalt de la RDC pour alimenter son économie, sur le dos d’ouvriers exploités et en faisant travailler des enfants ». C’est sans mâcher ses mots que le républicain Chris Smith a introduit, fin juin, à la Chambre des Représentants américaine, une mesure visant à interdire l’importation de cobalt et de lithium congolais issus du travail des enfants et d’autres formes d’abus.
Cette sanction s’inscrit dans la continuité de la campagne que Washington mène contre Pékin à Kinshasa depuis quelques années. La RDC, qui détient la quasi-totalité des réserves mondiales du précieux cobalt, essentiel à la fabrication de batteries électriques, est un partenaire stratégique que se disputent les États-Unis et la Chine.
Dans cette course aux ressources nécessaires à la transition énergétique, les Américains ont déjà poussé le président congolais Félix Tshisekedi à réviser les accords signés avec la Chine, puis ils ont signé, fin décembre, un protocole d’accord avec les Congolais afin de développer conjointement – avec la Zambie – une chaîne d’approvisionnement pour les batteries de véhicules électriques, dont la demande devrait augmenter de plus de 400 % d’ici à 2030.
« Cobalt de sang »
Cette dernière offensive américaine vise cette fois explicitement le travail des enfants dans cette filière, encore massivement artisanale, opaque et très peu régulée, au sein de laquelle opèrent pourtant des grandes multinationales – chinoises en tête – et les groupes armés. Selon la dernière estimation d’Unicef, 40 000 enfants travaillaient dans les mines congolaises en 2014.
Les ONG dénoncent régulièrement l’exploitation de ces travailleurs précaires par une partie des principaux acteurs du marché. IRAdvocates, une coalition de chercheurs et d’avocats, a même déposé, en 2019, une plainte contre Apple, Microsoft, Dell et Google, que l’organisation accuse d’avoir bénéficié indirectement du labeur des enfants dans les mines de cobalt congolaises.
Le téléphone ou la tablette sur lesquels vous êtes en train de lire cet article contient très certainement quelques grammes de ce cobalt ramassé par les « creuseurs » congolais. Jeune Afrique retrace le chemin que le précieux métal a emprunté avant de parvenir entre vos mains.