L’Union congolaise des Organisations des personnes vivant avec le VIH (UCOP +) plaide pour le remboursement par le Gouvernement congolais des dépenses inéligibles cumulées d’un montant total de 5’121’736 USD, au risque de perdre 14 millions du Fonds mondial.
Selon son secrétaire exécutif national, Ange Mavula, qui intervenait lors du lancement des activités commémoratives de la 36 édition de la Journée mondiale de lutte contre cette pandémie, le 02 décembre dernier, le remboursement de ces dépenses est nécessaire. Sinon, le pays perdra près de 14 millions de USD.
« C’est ici l’occasion de rappeler que l’un des deux plus gros bailleurs de fonds dans la lutte contre le VIH, nous citons le Fonds Mondial, dans sa lettre du 20 septembre 2024 réclame un remboursement des dépenses inéligibles cumulées d’un montant total de 5’121’736 USD, au risque de perdre 14 millions. Qu’il vous plaise, Excellent Monsieur le Ministre, de porter cette voix au gouvernement dont vous faites partie, et de nous rassurer que cet argent sera payé pour le bien-être de la communauté », a-t-il plaidé auprès du ministre congolais de la Santé publique, Hygène et Prévoyance sociale, Roger Kamba présent à cette cérémonie déroulée en présence des agences du système des Nations unies, co-sponsors de l’ONUSIDA (UNHCR, UNICEF, PAM, PNUD, UNFPA, ONUDC, ONU Femmes, OIT, UNESCO, OMS et Banque mondiale), PEPFAR et d’une communauté assoiffée des solutions durables.
A ce pressant appel au remboursement, l’UCOP + a aussi rappelé au Gouvernement l’obligation de payer régulièrement ses contributions dans le cadre des fonds de contrepartie. Ce qui démontrera sans doute d’ailleurs, son engagement et sa volonté pour la prise en charge de ses concitoyens.
« Comment aussi parler durabilité si les organisations de la société civile santé, en général, et de lutte contre le VIH, en particulier, ne bénéficient pas des subventions du gouvernement », s’est-il interrogé avant d’appeler de tous ses vœux à la mise en place du « Fonds SIDA », qui s’avère la seule et unique issue pour financer et lutter efficacement contre cette maladie, qui a déjà fait 42,3 millions à travers le monde.
En attendant justement que le Gouvernement congolais se ressaisisse et s’assume, l’UCOP + exhorte ses pairs à renforcer la résilience face au VIH. « Faisons notre part, et le gouvernement fera la sienne (…) Excellence……. Nous avons fait des promesses. Et les promesses, il faut les concrétiser. 2030, c’est demain. 2030, nous y arriverons, 2030, nous allons évaluer nos promesses », s’était-il encore adressé à ce membre du gouvernement sur qui toute la communauté a des yeux braqués.
« Suivons le chemin des Droits »
« Suivons le chemin des Droits », telle est la thématique retenue à l’occasion de la 36ème édition de Journée mondiale de lutte contre le SIDA.
Selon l’Union congolaise des Organisations des personnes vivant avec le VIH/SIDA (OCOP +), la riposte mondiale au VIH s’est rapprochée de l’objectif de mettre fin au SIDA en tant que menace pour la santé publique d’ici à 2030. Moins de personnes ont contracté le VIH en 2023 qu’à n’importe quel moment depuis la fin des années 1980. Près de 31 millions de personnes recevaient un traitement antirétroviral salvateur en 2023, un succès de santé publique qui a permis de réduire le nombre de décès liés au SIDA à son niveau le plus bas depuis le pic de 2004. « Malgré ces succès, le monde n’est pas en passe de mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d’ici à 2030 », a regretté le secrétaire exécutif de l’UCOP +, Ange Mavula. C’était avant de révéler ceci : En 2023, 9,3 millions de personnes vivant avec le VIH ne recevaient toujours pas de thérapie antirétrovirale et 1,3 million de personnes avaient nouvellement contracté le VIH.
A l’en croire, quand-bien même le nombre de contaminations a chuté de 58 % et les décès de 72 % depuis 2010 dans le pays, le manque de tests et des ruptures de traitements compliquent la maîtrise de l’épidémie1.
« Malgré des avancées considérables, des lacunes persistent sur les tests de dépistage, de suivi de la charge virale et parfois de traitements. Les ruptures d’approvisionnement existent », a-t-il souligné.
En 2023, 67 600 PvVIH (soit 13%) ne connaissaient pas leur statut sérologique, et 24% n’avaient pas supprimé leur charge virale. La dernière enquête sur l’index de stigmatisation réalisée en 2019 rapporte que 4,45% des répondants ont été victimes d’un refus d’accès aux soins de santé, y compris des soins dentaires, à cause de leur statut sérologique, les 12 mois précédant l’enquête.
Selon le secrétaire exécutif de l’UCOP +, cette prévalence de la discrimination en milieu de soins de santé a influencé les attitudes des PvVIH, car 20,9 % des répondants ont évité d’aller dans une formation sanitaire au moment où ils en avaient besoin.
Aussi, la loi n° 18-012 modifiant et complétant la loi 08-011 du 14 juillet 2008 portant protection des droits des personnes vivant avec le VIH/SIDA et des personnes affectées, en son article 37 limite l’accès au dépistage aux mineurs, pendant que les données montrent que l’âge du premier rapport sexuel diminue.
A cette liste, Ange Mavula ajoute la couverture sanitaire universelle (Csu) qui n’est pas accessible partout et à tout moment pour tout le monde, sans compter des difficultés financières. Ce qui contraint la communauté et la rend encore vulnérable.
« La couverture sanitaire universelle demeurera théorique si ce gap n’est pas comblé ; On ne pourra pas parler de la couverture sanitaire universelle sans mettre la communauté au premier plan ; Les communautaires sont, non seulement à l’initiative de beaucoup de choses : Soins différenciés (PoDI, Club des jeunes, Groupes TARV, etc.), mais aussi utilisés dans beaucoup d’autres approches (Mères mentors, Prise en charge du sida avancé, Suivi initié et dirigé par les communautés, etc.) On ne pourra gagner le VIH que si nous ne laissons d’autres personnes de côté. À la veille de 2030, sous l’élan de la couverture santé universelle, et de la durabilité, point n’est besoin de rappeler que le départ des partenaires est à 50% en téléchargement. 2030 n’est pas à des années lumières ; 2030 c’est demain ; Et c’est maintenant qu’il faut penser durabilité, c’est maintenant qu’il faut penser « pérennisation » et c’est maintenant qu’il faut penser « consolidation des acquis ». C’est aujourd’hui ou jamais qu’il faut repenser et renforcer le leadership de la communauté », a-t-il recommandé.
Prince Yassa