Au dernier jour du 37e sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine à Addis-Abeba, le Président de la République démocratique du Congo, Félix Antoine Tshisekedi , dans son intervention au mini-sommet sur la situation sécuritaire dans l’est, à Addis-Abeba en Éthiopie, a réitéré samedi 17 février 2024, la position de Kinshasa de ne jamais négocier avec le Rwanda via le M23. Le lendemain, dimanche 18 février 2024, le gouvernement du Rwanda a accusé la République démocratique du Congo d’avoir déclaré « leur intention d’envahir le Rwanda et de changer son gouvernement par la force », et le ministre rwandais des Affaires étrangères Vincent Biruta d’affirmer que le Rwanda a « adapté sa posture » et mis en place des mesures « pour assurer une défense aérienne totale du territoire et réduire les capacités aériennes offensives ».
« On ne va jamais négocier avec le M23 », a déclaré le Chef de l’Etat congolais, selon un tweet du ministre de l’Information et Porte-Parole du gouvernement Patrick Muyaya, et d’ajouter « devant témoins et sans ambages, le Président Félix Tshisekedi a eu les mots justes pour notamment déconstruire des mensonges et manipulations, attaquer le mal, rétablir la vérité avant de parler paix ». Dans le but de faire le point sur le déploiement des troupes de la Communauté de développement d’Afrique australe (Sadc), dans l’Est de la République démocratique du Congo, le Chef de l’Etat congolais Félix Antoine Tshisekedi et son homologue burundais, Evariste Ndayishimiye, dirigeants des deux pays accusés par le Rwanda de menacer l’intégrité du Rwanda, se sont entretenu avec leur homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa.
La réunion des trois chefs d’État, selon la présidence congolaise, a servi à définir une meilleure coordination des opérations sur le terrain, particulièrement après le lancement, totalement maladroit depuis le Rwanda, au début du week-end dans la nuit du 16 au 17 février 2024, des missiles Sol-air, sur l’aéroport de Goma. Cette attitude belliqueuse du Rwanda a été condamné à travers le monde et les États-Unis ont fermement condamné l’escalade des violences causées par le M23/RDF qu’ils disent soutenus par le Rwanda, et ont appelé le groupé armé à se retirer de Goma et de Sake. Les Américains ont aussi directement appelé Kigali « à retirer immédiatement tout le personnel des Forces de défense rwandaises de la RDC et à retirer ses systèmes de missiles sol-air. »
Les négociations entre Kinshasa et Kigali perpétuellement sur le schéma de « talk and fight »
Le refus catégorique de Kinshasa de négocier avec le M23 via le Rwanda se fonde entre autres sur le fait que les accords signés avant n’ont pas mis fin à la guerre perpétuelle contre la RDC et contre le pillage de ses ressources stratégiques. L’on se souviendra par exemple qu’en 1999, sous la menace des mercenaires soutenus par le Rwanda et l’Ouganda, le Chef de l’Etat congolais de l’époque, Laurent-Désiré Kabila (Aujourd’hui disparu), avait signé les accords de Lusaka. Ces mercenaires, reconnus par « leurs parrains » comme étant des « forces démocratiques » dans la visée de partager le pouvoir avec le gouvernement central, constituent un réseau de prédation transnational qui a infiltré les institutions du pays pour les neutraliser de l’intérieur.
A Arusha et à Pretoria, les accords iniques se sont succédés et même à Sun City. L’on se souviendra encore de cette ¨phrase de Valentin Mubake, un ancien cadre de l’UDPS, parti actuellement au pouvoir : « A Sun City, il a été imposé à Thabo Mbeki de nous imposer ‘Joseph Kabila’ ».
Ainsi donc, depuis l’accord de Lusaka, ces acteurs pléniers se sont comme pour marquer le mutisme dans l’objectif sournois devenue obsession : débarrasser la RDC de sa partie Est. Ils ont levé une option résolue depuis la chute du mur de Berlin en 1989 – et même longtemps avant- de redessiner la carte du monde et de l’Afrique.
Selon l’extrait du livre de Pierre Péan, « Carnage. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique » (Paris, Fayard, 2010, p. 398-399) l’on comprend au sujet des acteurs pléniers impliqués dans la signature de l’accord de Pretoria, de l’instrumentalisation des proxys et de l’ONU, le Rwanda et l’Ouganda, ainsi que du jeu des coulisses auquel ils recourent afin que leur opération dans l’ombre demeure cachée aux yeux du grand public. Une stratégie qui est en train de s’écrouler de puis les vagues de dénonciation de l’omerta de la Communauté internationale particulièrement par des sportifs congolais à travers le monde et des manifestations anti occident la semaine dernière.
L’on comprend donc toutes les négociations avec le Rwanda s’inscrivent dans le schéma de la perpétuation du pillage des ressources naturelles de la RDC. Les accords signés dans le contexte de la guerre perpétuelle contre la RDC font partie d’une tactique mondialiste et/ou globaliste et participent dans la stratégie du « talk and fight » (parler, négocier et se battre). « Les suppôts des anglo-saxons, Museveni et Kagame et leurs parrains en ont fait usage à Pretoria », écrit Pierre Péan qui a affirmé que lors des négociations avec Laurent Désiré Kabila c’est la même stratégie qui avait été utilisé, la même tactique qu’avec Habyarimana et c’est surement le même schéma de « talk and fight » pour le pourrissement inutile du temps pendant que le pillage se poursuit, qu’ils veulent amener Félix Tshisekedi qui, lui, ne broche pas.
Willy Makumi Motosia