
Des voix s’élèvent concernant la nouvelle agence de la CADECO à Goma, mise en place par les pantins du M23/AFC. A ce sujet, Doudou Fwamba, Ministre des Finances, a cherché à éclairer l’opinion sur cette question qui taraude les esprits et met en mal le portefeuille des citoyens de Goma. Selon le ministre des Finances, l’économie n’est pas de la magie. « On a fixé des taux de change artificiel à Goma. C’est une arnaque du M23. On leur dit : vous déposer de l’argent et il n’y a pas d’opérations de retrait. Nous encourageons la population à ne pas tomber dans ce piège », tranche-t-il, avant d’encourager la population à utiliser le mobile money, d’autant plus que le Gouvernement continue à payer les salaires, en dépit de cette situation de fait. Pour lui, « l’heure n’est pas à cette posture, mais à la paix. Il y a des pourparlers qui permettront au pays de retrouver la paix, dit-il, avant d’informer que le gouvernement a pris des mesures pour alerter nos partenaires sur cette situation ».
L’impact de l’occupation de Goma et Bukavu sur l’économie de la RDC
L’occasion faisant le larron, il a réuni des Editeurs, des grands reporters et des membres du réseau Toile d’araignée. « Ajustement budgétaire et stabilité du cadre macro-économique face au choc sécuritaire », c’est le thème qu’il a exploité, le mercredi 09 avril. Avant de donner les chiffres clés, le ministre a rassuré qu’en dépit de la situation sécuritaire, malgré les risques de la situation inédite liée à l’agression de la Rdc par le Rwanda et ses pantins du M23, l’économie congolaise est plus résiliente qu’hier.
Au cours de ce face-à-face avec la presse, plusieurs questions ont été posées au ministre des Finances, qui n’a pas manqué de donner des réponses appropriées et de dissiper tout malentendu.

« Qu’en est-il des travaux de construction de l’ARENA ? », « quels sont les instruments que vous avez pour mesurer les détournements ? L’Etat est en train de financer la voirie, quid du projet 145 territoires ? Les nouvelles taxes douanières imposées par Trump, qu’est-ce qui est fait pour amortir le choc ? Quel est l’impact de l’occupation de Goma et Bukavu sur l’économie de la Rdc ? La Rdc souffre d’une économie extravertie, qu’est-ce que vous faites pour accompagner les investisseurs locaux ? Le deal avec les américains porte sur quoi ? A quand la loi rectificative ? »
Au sujet de la construction de l’ARENA, Doudou Fwamba a expliqué qu’à ce jour, « personne n’a pas parlé d’un détournement dans le dossier ARENA. Il y avait des difficultés juridiques, bien sûr, mais un nouveau planning va être établi. En ce moment, il n’y a pas d’inquiétude, parce que nous voulons obtenir l’Arena et le livrer à la population congolaise », expliquant, par ailleurs, que le détournement sont des présomptions que seule la justice peut vérifier.
« Depuis juin 2024, y-a-t-il un scandale de détournement minutieusement documenté par la presse. Nous voulons lutter contre la corruption sans réfléchir à l’effet inverse. Est-ce qu’un dépassement budgétaire est un détournement, même si c’est une faute de gestion », a demandé le ministre aux journalistes. Et de souligner que tous, nous devons combattre la corruption. Il a affirmé que depuis juin 2024, il n’y a pas de dossiers documentés de détournement. « C’est comme ça que l’on conditionne malheureusement la justice. Évitons de vendre notre pays négativement. Parfois, on saute sur un dossier pour dire qu’on a détourné 100 millions de dollars, sans en avoir les soubassements ».
A en croire le ministre des Finances, les mesures fiscales prises par l’administration Trump ne vont pas impacter directement l’économie congolaise, sauf l’économie mondiale. Directement, il n’y a pas beaucoup d’inquiétudes pour la Rdc, affirme-t-il.
Au sujet de l’occupation des villes de Goma et Bukavu dont les recettes ne contribuent plus au budget de l’Etat, Doudou Fwamba a indiqué que c’est seulement 4,5% de la loi de finances qui échappent au contrôle de l’Etat. C’est ainsi qu’il a été mis en place un mécanisme permettant à la Direction des grandes entreprises (DGE) de combler le gap.
L’économie congolaise reste extravertie, certes, mais la solution réside dans la diversification de l’économie, la promotion d’une croissance économique endogène, création des extranéité positives. « Nous avons un deal avec la Chine, pourquoi ne pas en avoir avec les Usa ? On ne peut pas comparer la Russie au Rwanda. La réalité sociopolitique et la dynamique mondiale ne sont pas les mêmes », dit-il, tout en soulignant que nous avons le droit de négocier avec tous les pays du monde. D’ailleurs, a-t-il précisé, « le président Félix Tshisekedi est un multilatéralisme qui reste ouvert à tout le monde. Il promet que le gouvernement va s’impliquer pour qu’il y ait un cycle de croissance pour la population ».
Il a terminé cette première phase par affirmer que le collectif budgétaire est déjà bouclé. Il sera présenté incessamment au conseil des ministres, avant le parlement.
Secteur agricole oublié, les fonds pour juguler l’inflation, …
Lors d’une autre série de questions, la presse a voulu avoir le commentaire du ministre sur la création de la nouvelle CADECO à Goma. « Quid du doublement de salaires ? » « Aussi, d’où proviennent les fonds pour juguler l’inflation ? ».
Au sujet de la polémique sur la réduction du train de vie, le ministre a révélé qu’il roule avec le véhicule de son prédécesseur. « Nous sommes un gouvernement d’exemplarité et nous nous sommes privés le renouvellement des véhicules », lance-t-il.
Doudou Fwamba a affirmé qu’il n’a pas du tout oublié le secteur agricole, parce que dans le plan national de développement, la RDC a levé l’option d’une croissance économique pro-pauvre. « En effet, 60% de la population vit dans les milieux ruraux. Nous voulons que l’agriculture occupe une place de choix et plusieurs programmes du développement agricole ont déjà élaborés », indique-t-il.
A la question du doublement des salaires, il a rassuré que la RDC a une économie résiliente. « Parfois, lorsqu’on vous dit qu’on a réalisé un déficit budgétaire, pourquoi vous sursauter ? Le problème est de savoir, comment vous le financer ? Quel est le pays qui ne connaît pas de déficit ? Tous les pays du monde ont un niveau d’endettement proportionnel à leurs PIB », s’interroge-t-il.
« Nous, précise-t-il, on est à 18%. Nous devons avoir un déficit pour investir et soutenir la consommation. Nous faisons un financement sain, mentionne-t-il, avant de préciser que l’Etat a le loisir de réquisitionner les avoirs de la population. Il est revenu sur l’affirmation selon laquelle : le salut du peuple est la loi suprême, avant de se demander, entre laisser le pays être occupé par les terroristes et prendre des mesures qui s’imposent, qu’est-ce qui est important ? » Et d’affirmer que « nous avons levé les obligations du trésor. Nous lançons la souscription des titres aux mêmes conditions que les banques. Et c’est le peuple congolais qui gagne. Ces fonds sont utilisés pour sauver notre patrie », dit-il.
JMNK