
Le ministre de la Communication et Médias Patrick Muyaya, a participé à une journée scientifique, ce jeudi 27 mars 2025 à l’université Omnia Omnibus, à Kinshasa. Lors de son intervention, il a abordé un sujet crucial intitulé « La communication en temps de guerre, en mettant en lumière l’importance du narratif et le rôle des médias dans le contexte des conflits en République d’Démocratique du Congo (RDC) ».
Le narratif au cœur de la guerre dans l’Est de la RDC
Dans son discours, le ministre Patrick Muyaya a insisté sur un élément central des conflits actuels : la guerre du narratif. Il a rappelé que la situation en RDC notamment dans sa partie orientale trouve ses racines dans le génocide rwandais du 7 avril 1994, qui a eu des répercussions majeures dans la région. Selon lui, le récit historique et la manière dont les événements sont perçus et interprétés jouent un rôle clé dans la gestion du conflit.
Le ministre a mis en avant la nécessité pour les congolais de maîtriser leur propre narratif face aux discours internationaux souvent influencés par le régime rwandais. Il a qualifié le Rwanda d’« Empire du mensonge », en dénonçant ce qu’il considère comme une manipulation de la réalité par le Président Paul Kagame. Selon lui, le gouvernement rwandais justifie son ingérence en RDC en invoquant trois prétextes :
1. La question des réfugiés rwandais présents en RDC ;
2. L’accusation d’un discours de haine en RDC contre les Tutsis ;
3. La menace supposée des FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda).
Muyaya a démontré comment chacun de ces arguments pouvait être déconstruit. Il a notamment rappelé que les FDLR ne représentent plus une menace sérieuse pour le Rwanda, après plusieurs opérations militaires menées conjointement par la RDC et ses partenaires. De plus, il a insisté sur le fait que la RDC est un pays où cohabitent plusieurs communautés et que les tensions locales ne justifient en aucun cas une intervention armée d’un État voisin.
Le rôle stratégique des médias dans le conflit
Le ministre et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya a également souligné le rôle crucial des médias et des nouvelles formes de communication dans la gestion du conflit. Selon lui, la guerre du narratif ne se joue plus uniquement dans les médias traditionnels (télévision, radio, presse écrite), mais aussi sur les réseaux sociaux et via les influenceurs.
Il a expliqué que le gouvernement congolais a mis en place une stratégie pour contrer la désinformation et garantir une communication efficace. Parmi les mesures prises, il a cité :
– L’authentification des sources officielles : Pour éviter la propagation de fausses informations, il est essentiel que les comptes officiels du gouvernement soient certifiés.
– La sensibilisation des citoyens : Face aux rumeurs et aux manipulations, le public doit apprendre à identifier les informations fiables.
– L’adaptation du message aux différentes plateformes : La communication doit être adaptée en fonction des spécificités de chaque réseau social (Twitter, Facebook, Instagram, TikTok, etc.).
Il a également mis en garde contre la prolifération de “néo-sociologues” et autres commentateurs non qualifiés qui inondent les plateformes numériques avec des analyses erronées. Selon lui, ces acteurs contribuent à alimenter la confusion et à fragiliser la position du pays dans le débat international.
Un appel à la maîtrise du narratif congolais
En conclusion, le ministre de la Communication et Médias Patrick Muyaya a exhorté les congolais, et en particulier les étudiants et les professionnels des médias, à s’approprier leur histoire et à défendre un narratif juste et équilibré sur la situation de la RDC. Il a insisté sur la nécessité de distinguer le régime rwandais du peuple rwandais, rappelant que les deux nations sont destinées à coexister et à bâtir un avenir pacifique.
Son message a été clair : « pour gagner la guerre du narratif, la RDC doit s’appuyer sur une communication rigoureuse, des médias professionnels et une vigilance accrue face aux manipulations de l’information ». Il convient de rappeler que l’université Omnia Omnibus est une institution d’enseignement appartenant à l’église catholique romaine, fondée et dirigée par l’archidiocèse de Kinshasa.
Le Quotidien