Plusieurs véhicules immatriculés en République démocratique du Congo sont bloqués au Rwanda, depuis ce mardi 2 mai 2023. C’est devenu un secret de polichinelle, 60 % de l’économie rwandaise survit grâce aux pillages des ressources naturelles du Congo et le restant grâce à l’aide internationale qui subventionne sont budget à plus de 30%. Quant au reste des 10%, c’est grâce principalement aux échanges commerciaux avec la Rdc que le soi-disant ‘miracle économique rwandais’ s’est bâtit. Mais ces derniers jours, les opérateurs économiques du Sud-Kivu dénoncent l’interdiction de circulation des véhicules immatriculés Rdc au Rwanda. Une stratégie de guerre économique qui risque de s’avérer suicidaire pour le pays de Paul Kagame.
Les autorités rwandaises ont décidé de l’interdiction, pour les camions de la Rdc, de passer encore au Rwanda pour le transport des marchandises venant de l’extérieur du Rwanda. Pourtant, ce transit sur le sol rwandais renflouait les douanes du pays des mille colins. Avec 5 voisins dans sa partie orientale, la RDC peut se tourner vers ses autres voisins, même avec peine, mais le Rwanda, pays enclavé, se tire lui-même la balle au pied surtout que Kinshasa représente un très grand marché.
Cet incident n’est qu’un épisode de plus dans la guerre économique entre les deux pays dont la phase ‘vive’ est venue après une série d’embrouilles.
Tenez, en février 2019, le Chef de l’Etat congolais Tshisekedi avait dépêché Vital Kamerhe et Fortunat Biselele à Kigali, dans une diplomatie de bon voisinage Win Win.
Une option pacifiste totalement surprenante étant donné qu’au sortir des élections présidentielles congolaises, alors que Kagame était à la tête de l’Union africaine, le Rwanda avait émis des fortes réserves quant à la victoire de Félix Tshisekedi.
Le numéro un congolais rencontre donc Paul Kagame en personne en Mai 2019 et le rassure encore, puis après il le rencontre, avec des assurances du Président Magufuli de Tanzanie à qui il promet de collaborer, mais sans obtenir son engagement, lui qui voyait mal une RDC coopérer avec le Rwanda sans se brouiller. Il ira également au Burundi avec les mêmes approches. Que des preuves de bonne volonté !
En Juillet 2019, Tshisekedi autorise même la coopération militaire non seulement avec le Rwanda mais également avec les forces burundaises au Sud-Kivu et en décembre 2019, Tshisekedi envoie une délégation à Kampala pour échanger avec Y. Museveni.
Paul Kagame impatient …, perd le nord
Les véritables mobiles de la guerre dans l’Est étant économiques, Kagame impatient et ayant des agendas cachés, exige l’installation de Rwandair à Goma, devant faciliter le déploiement de la Police rwandaise dans la ville. Il exige le déploiement de ses troupes pour contrôler les sites miniers de Walikale d’où devrait provenir l’or qui doit alimenter la raffinerie nationale du Rwanda installée à Kigali.
Le chef de l’Etat rwandais visait aussi le Parc de Virunga dont la surveillance était son rêve dans le but de lui garantir de site touristique attrayant afin de faire venir en visite des sociétés et de marques avec lesquelles Kigali a des contrats avec Arsenal et Paris Saint-Germain, Paul Kagame voulait déjà construire un site d’accueil à Goma et des hôtels en plein Parc. Il a même placé ses engins à la frontière pour entrer en RDC et démarrer les travaux de construction de la route Goma-Kanyabayonga en passant par Sake-Kichanga-Nyanzale, parce que Goma-Rutshuru-Kiwanja devrait être fermée aux trafics commerciaux.
Mais la population s’oppose à toute initiative et tous les projets impliquant le Rwanda en RDC.
En outre, la RDC a déjà un autre accord avec l’Ouganda pour la construction des routes en RDC notamment celle de Bunagana-Goma qui doit passer par le tronçon interdit au trafic commercial dans le Parc sous la gestion du Rwanda.
Et l’Ouganda de son côté n’entend pas céder à qui que ce soit pour arrêter de poursuivre son expansion économique vers la RDC où il a plus à gagner qu’à perdre. D’où, malgré le timide rétablissement de la coopération avec le Rwanda, l’Ouganda a tracé sa ligne rouge à ne pas franchir pour ce qui est de la RDC.
C’est en ayant constaté l’échec à tous les niveaux que le Rwanda décide de passer au forcing en cherchant à obliger Kinshasa à céder à ses volontés que Paul Kagame va déclarer en février 2022 que le gouvernement congolais “n’est pas sérieux et qu’il ne respecte pas ses engagements, d’où le début de l’escalade verbal”.
En réponse, lors de la réunion de la CIRGL du 18 février 2022 tenue à Kinshasa et à laquelle le Rwanda avait refusé de prendre part, Félix Tshisekedi va déclarer que ce pays qui pense toujours tirer de dividendes dans la déstabilisation de ses voisin devra comprendre que chaque chose a son temps, et pour riposter à cela, le Rwanda a lâché son chien de garde, le M23 afin d’obliger Tshisekedi à obtempérer. Et devant l’intransigeance de la RDC qui refuse de négocier avec leM23, Kagame perd me nord, tente le tout pour le tout dont le dernier acte est le blocage des véhicules congolais…
Willy Makumi Motosia