Profitant de son séjour en France: Félix Tshisekedi a échangé sur plusieurs sujets avec la diaspora congolaise

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Le président de la République démocratique du Congo, Félix Antoine Tshilombo a bouclé sa mission officielle de trois jours à Paris en France, par un échange houleux avec la diaspora congolaise vivant dans ce pays frère. Face à ses compatriotes, Félix Tshisekedi a vite décliné la responsabilité de porter l’initiative d’une probable modification de la Constitution telle que lui proposée en chorale par son auditoire du jour. Le Chef de l’État qui ne veut pas se voir collé le qualificatif de “dictateur” estime que cette initiative doit être, au préalable, autorisée par le Parlement. “Changer la Constitution ne relève pas de mon ressort. Il y a une procédure pour modifier la Constitution. Il faut aussi que le peuple, à travers ses représentants, autorise cela. Moi, je n’en ai pas le pouvoir. Ne faîtes pas de moi un dictateur “, a-t-il répondu à la foule.
Redresser l’économie basée sur l’exportation
Dans une salle archicomble, le Chef de l’État a également présenté les six axes prioritaires de sa gouvernance au cours des 5 années prévues pour son second mandat à la tête de la République. Il s’agit, rappelons-le, de la création d’emplois, la sécurité, l’amélioration du pouvoir d’achat, la diversification de l’économie, l’accès aux services de base et la modernisation du pays. Pour y parvenir, Félix Tshisekedi souligne la nécessité de favoriser la production locale.
“Nous devons favoriser la production locale pour redresser notre économie basée sur l’importation”, a-t-il face à une assistance attentive.
Cette rencontre a été une occasion pour le président de la RDC, de présenter devant les Congolais de France, le programme de développement local des 145 territoires, sans oublier la question de l’insécurité dans l’Est du pays. A ce sujet, le Chef de l’État a lancé un appel à l’unité.
Pour lui, il est important que les Congolais restent unis. C’est ainsi qu’il les invite à dénoncer les compatriotes qui font le jeu de l’ennemi.
Insérer le Go-pass dans le prix du billet d’avion
Répondant aux nombreuses préoccupations des Congolais de la diaspora vivant en France, le président de la République Félix Tshisekedi a également évoqué la question de la suppression de la redevance de Développement des Infrastructures aéroportuaires (IDEF), appelée “GO-PASS”.
Pour le Chef de l’Etat, cette taxe doit être utilisée à bon escient, plutôt que de finir dans les poches des ennemis de la République comme par le passé.
“Cette affaire de Go-pass me fait rire, parce que c’est une taxe que l’on paie. Ce que je veux, c’est vous entendre dire que les recettes du Go-pass doivent être utilisées pour quelque chose d’utile, par exemple pour améliorer les conditions de nos aéroports. Pourquoi je vous dis ça ? Parce que si vous insistez sur le Go-pass, nous allons insérer cette taxe dans le prix du billet. Vous allez toujours acheter le billet, et lorsque nous l’aurons inséré dans le prix, vous ne la verrez plus, et vous vous réjouirez qu’il n’y ait plus de Go-pass”, a déclaré le président Tshisekedi, promettant ensuite d’étudier minutieusement la question.

“Je préfère vous entendre dire que les recettes du Go-pass doivent être utilisées à bon escient et non gaspillées comme c’était le cas dans le passé. J’ai été informé qu’un compte avait été ouvert en Afrique du Sud où toutes les recettes du Go-pass étaient versées pour être partagées entre les ennemis de la République Démocratique du Congo. Je vais vous garantir que ça n’arrivera plus ; nous allons voir comment utiliser les recettes du Go-pass à bon escient. Si vous insistez, on peut supprimer le Go-pass, mais je vous avertis que lorsque vous commencerez à acheter vos billets, nous allons l’insérer dedans”, a-t-il ajouté.
Cette taxe a été instaurée entre 2008 et 2009 sous Joseph Kabila Kabange. Le Go-Pass est fixé à 50,00 $ US pour les passagers embarquant sur un vol international ; 10,00 $ US par passager sur un vol national. Pour le fret débarqué en vol international, le prix est fixé à 0,070 $ US/kg ; pour le fret embarqué en vol international, à 0,005 $ US/kg ; et pour le fret embarqué en vol national, à 0,009 $ US/kg.
“Le salaire de base du député est de 6.000 USD”
Félix Tshisekedi a aussi abordé la problématique de rémunération des élus nationaux en République démocratique du Congo. Pour lui, les émoluments d’un député national ne s’élèvent pas à 21.000 USD.
“Ce que je peux vous dire, c’est qu’il y avait une contre-vérité lorsqu’on disait que le salaire d’un député national était de 21.000 USD ; non, ce n’est pas vrai. C’est vrai que parfois, avec leurs frais de fonctionnement et tout, ils atteignent ces proportions, mais le salaire de base du député est de 6 000 USD. Ensuite, ils perçoivent des primes selon leur participation aux travaux en commission, lors des sessions extraordinaires, etc. Et puis j’avais demandé, parce que le député est un élu d’une circonscription, lorsqu’ils partent en vacances parlementaires, ils doivent quand même avoir des moyens qui vont leur permettre de faire ces navettes pour se rendre, par exemple, à Pweto, Basankusu ; donc il leur faut des moyens”, a révélé le Chef de l’Etat congolais, évoquant à cet effet les différents cas sociaux auxquels les députés sont appelés à répondre au sein de leur base respective y compris leurs soins de santé.
“Vous savez vous-mêmes la situation de nos frères et sœurs au pays, tout Congolais qui a un problème va chercher son élu pour des cas sociaux tels que le deuil ou autres. Il serait aussi question de faire un suivi pour savoir s’ils se rendent réellement dans leurs bases respectives dans le cadre des vacances parlementaires. C’est ce qui fait qu’à mon avis, entre 10.000 et 15.000 USD par mois peuvent couvrir ces différentes charges et non continuer à leur donner de l’argent à tout moment…Il y a aussi la question de la santé, un député est un humain ; aujourd’hui et demain, il peut tomber malade, ils doivent être en mesure de se prendre en charge au lieu que l’État continue à débourser beaucoup d’argent pour eux. C’est pour cette raison que nous nous battons pour mettre en place de bonnes installations sanitaires dans le pays pour une meilleure prise en charge sur place”, a-t-il ajouté.
La polémique autour de la rémunération des députés nationaux continue de diviser l’opinion. Devant les élus de l’Union sacrée de la nation, lors des primaires devant désigner le futur président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso avait indiqué “qu’avant mon mandat, les députés nationaux touchaient environ 4000 USD. Regardez ce que vous touchez aujourd’hui. J’ai aussi hérité de dettes que nous avons commencé à régler et nous avons introduit un système de sécurité sociale”. Il avait également souligné l’acquisition de 47 nouveaux véhicules pour l’administration, contre seulement deux auparavant, et des avantages nouveaux pour les veuves de députés.
Quid de la double nationalité
Les Congolais devenus Français ont une nouvelle fois rappelé au Président Félix Tshisekedi l’urgence et la nécessité de légaliser la double nationalité en République Démocratique du Congo. Cette catégorie de Congolais estime que l’article 10 de la constitution, dans sa configuration actuelle rendant exclusive la nationalité congolaise, prive le pays des compétences capables de contribuer au développement de la République.
Félix Tshisekedi a appelé ses compatriotes à la patience et aux réflexions “minutieuses” dans la gestion de cette question, de peur que cela profite aux ennemis de la République qui veulent à tout prix diviser le pays dans sa partie orientale.
“Moi-même, je suis un enfant de la diaspora. Je suis conscient de cette difficulté, mais vous devez savoir que ce n’est pas facile. C’est une question à aborder avec beaucoup de prudence et de méthode parce que, comme vous le savez, du côté de l’Est de la République Démocratique du Congo, nous n’avons pas que nos frères et sœurs là-bas. Je vous ai dit ici que le plan de l’ennemi est de nous faire la guerre, de déplacer nos populations comme vous entendez qu’ils sont près de 2 millions autour de Goma. Ils ont fui leurs localités dans le but de placer une nouvelle population et demain, lorsque nous serons en paix, je vous le promets, nos frères et sœurs déplacés qui vont rentrer, vont se mélanger avec la population placée. Nous disons OK, la question de la double nationalité est garantie, vous ne voyez pas qu’on est en train d’ouvrir la porte à notre ennemi ?”, s’est interrogé celui que les congolais appellent Fatshi Béton.
Félix Tshisekedi a également abordé les cas de ceux qui sont devenus Congolais par naturalisation. À l’en croire, il faudra également examiner cette catégorie en ce qui concerne l’accès à certaines fonctions de responsabilité dans le pays.
“Une autre difficulté, c’est la question des Congolais qui ne sont pas vraiment des Congolais. Vous avez suivi lors des élections législatives le débat sur ceux qui sont Congolais et ceux qui ne le sont pas. Donc, le débat se posera sur l’accès de ces Congolais-là à certaines fonctions, donc ça aussi, c’est un problème. Vous voyez que la question de la nationalité nous demande de faire des analyses profondes avec sagesse parce que je ne suis pas contre, même un étranger qui a longtemps vécu au Congo pour devenir Congolais. Je ne suis pas contre la personne qui, étant Chinoise, Libanaise, française, ayant eu ses enfants au Congo, restant au Congo, ayant des activités au Congo, pourquoi pas devenir aussi Congolais. Le plus grand problème va se poser au niveau de l’accès à certaines fonctions”.
Profitant de l’occasion, Félix Tshisekedi a annoncé le début de l’identification des Congolais vivant à l’étranger par l’ONIP.

“Je vous informe déjà que nous avons commencé avec l’identification de la population. Donc vous aussi, de l’étranger, sachez que dans les prochains jours, vous serez invités à l’ambassade pour vous faire identifier. Nous avons trouvé un partenaire qui va nous permettre de faire avancer ce projet “, a-t-il rassuré.
C’est dans un climat de joie que la rencontre entre le Chef de l’Etat congolais et la diaspora de la France s’est bouclée.
Bernetel Makambo

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