Quoi ? 150 FC par an pour chaque déplacé de guerre ? Et ça n’émeut personne ?

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Le rapport est de l’ODEP, Observatoire de la Dépense Publique. Dans son compte X, Steve Wembi qui relaie le 5 juin 2024 l’information relève que ” Chacun des 7 millions des déplacés de guerre dans l’Est n’a reçu que 0,6 USD soit 150 FC par an de l’aide du gouvernement congolais en 4 ans, affirme l’@odeprdc”. Ministre sortant des Affaires sociales et Action Humanitaire, Modeste Mutinga doit une explication au peuple congolais. Ou alors, au nom du principe de continuité de l’État, son successeur. Le ministre Nathalie Aziza doit se présenter soit devant l’Assemblée nationale, et ce conformément à l’article 138 de la Constitution, soit devant l’Igf ou la Cour des comptes.

Rançon de l’insécurité qui prévaut à l’Est

En effet, il ressort du communiqué publié par cette ONG sous la supervision de son PCA Florimond Muteba que “De 2020 à 2023, le total des prévisions budgétaires en 4 ans pour le secteur des affaires sociales et humanitaires en RDC est de 196 millions de dollars. Le taux d’exécution de ce budget est de 37 millions de dollars en 4 ans mis à la disposition du Ministère des Affaires sociales et humanitaires, soit à peine 19% des prévisions. Cela veut dire que chacun des 7 millions des déplacés de guerre n’a reçu que 0,6 dollar d’aide en 4 ans, soit 500 Fc en quatre ans ou 150 Francs congolais par an pour vivre pendant toute une année”.

Et Florimond Muteba de s’interroger : “À quel genre d’êtres humains avons-nous confié nos vies ? Quel niveau d’irresponsabilité et de cruauté ? Nous savons tous que la communauté internationale ne comblera jamais un tel déficit. La vie d’un congolais n’a aucune valeur pour un occidental. Ce scandale est un énorme crime contre l’humanité que nous dénonçons sans complaisance. Pendant ce temps, la corruption, les détournements et le blanchiment des capitaux battent le plein. Le train de vie de l’État et surtout celui des institutions atteignent des niveaux en franchissant toutes les lignes rouges, les députés grossement payés. En considérant la situation de sinistre que traversent 7 millions de nos compatriotes, que fait le gouvernement ?”

Estimant à 2,244 milliards USD l’an les besoins d’assistance pour les 7 millions de déplacés internes à raison de 2 USD par tête (frais connexes intégrés), l’Odep considère que “Si nous incluons les infrastructures et les déplacements, nous pouvons arrondir tous les besoins à 3 milliards de dollars par an pour nos compatriotes, ce peuple d’abord en péril et qui meurt tous les jours par manque d’une prise en charge appropriée de notre gouvernement qui prétend disposer d’un budget de 16,8 milliards de dollars”.

C’est là la rançon de l’insécurité qui prévaut à l’Est où opèrent, selon ce communiqué, “plus de 120 groupes armés qui cherchent à obtenir une part de l’or et d’autres ressources de la région tout en perpétrant des massacres”. Au nombre desquels le M23 soutenu par le Rwanda.

 

Moyens militaires, politiques et diplomatiques

150 FC l’an, c’est tellement insignifiant que c’est toute la crédibilité des institutions de la République qui en prend un coup ! En effet, par quoi Kinshasa peut justifier devant l’opinion interne et externe pareille inhumanité quand on continue d’affirmer la hauteur du Budget autour des USD 16 milliards ?

Certes, la solution idoine et pérenne au problème posé par l’insécurité est d’en finir totalement avec la guerre, et ce par tous les moyens possibles. Notamment les moyens militaires, politiques et diplomatiques.

Les moyens militaires ont un nom : guerre. C’est-à-dire combattre et éradiquer les 120 groupes armés congolais, les X groupes armés étrangers et leurs commanditaires. Cas du Rwanda. D’où le Processus de Nairobi impliquant le Programme DDR-CS.

Les moyens politiques ont un nom : dialogue. Avec comme protagonistes toutes les forces politiques et sociales en présence, entre autres le Pouvoir central, l’Opposition, la Société civile et les organisations insurrectionnelles.

Les moyens diplomatiques ont un nom dans le contexte actuel : Processus de Luanda. Avec pour protagonistes non pas que la RDC et le Rwanda, mais aussi les ex-puissances coloniales (Belgique, Allemagne, Grande-Bretagne et France), en plus des pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu ainsi que des Conseils de Paix et de Sécurité des Organisations continentales et, pour l’Afrique particulièrement, ceux de la CEEAC, de la SADC, de la CAE, de la CIRGL…

Bien entendu, la responsabilité d’actionner l’un ou l’autre des trois moyens est le Pouvoir central. Ce n’est ni l’Opposition, ni la Société civile, encore moins les rebelles.

Apprécions la beauté, pardon la vérité des chiffres

Au stade actuel, tout porte à croire que Kinshasa est dans la logique de rétablir la situation sécuritaire par la voie armée. Ce qui est une excellente chose.

La préoccupation est de savoir de quelle logique procède l’option des armes (parce qu’on croit disposer des ressources au titre d’effort de guerre), sans toutefois être en mesure d’assurer la charge humanitaire créée par le déplacement des populations !

C’est vrai que lorsqu’on est dans les “zones de paix”, on vit différemment les effets de la guerre. Mais, les images (photos et vidéos) des sites d’hébergement des déplacés de guerre et les chiffres ne trompent pas.

Si les ONGs déclarent que ces déplacés sont 7 millions, elles disent vraies. Autrement, les autorités gouvernementales auraient démenti. Et si, aujourd’hui, l’Odep fait la déclaration selon laquelle les Pouvoirs publics congolais ne contribuent que pour 150 FC l’an, c’est aussi la vérité. D’ailleurs, on l’aura constaté : depuis la publication du communiqué de l’Odep le 5 juin dernier, la parole est comme cadenassée.

En attendant que le Gouvernement sortant ou le Gouvernement entrant (unis par la notion de continuité de l’État), soutiennent le contraire, on est bien obligé d’en admettre l’évidence : les déplacés de guerre survivent grâce à eux-mêmes, à leurs proches et à l’aide humanitaire étrangère et internationale.

Dès lors qu’il en est ainsi, rien n’explique la position de certaines autorités congolaises de rejeter les initiatives de certains compatriotes de porter secours aux déplacés de guerre, sous prétexte de récupération politique…

En attendant, le Pouvoir central a le devoir de se saisir, toutes affaires cessantes, de cette affaire révélées par l’Odep. C’est pour et par des scandales du genre que le droit humanitaire a généré le concept dit “droit d’ingérence “. Ironie du sort, l’Opposition d’hier appuyait les Occidentaux à l’appliquer sous Mobutu, L-D. Kabila et J. Kabila. Aujourd’hui aux affaires, elle est (comme rattrapée).

Avant alors de réagir dans un sens ou dans un ‘autre, apprécions la beauté, pardon la vérité des chiffres : 150 FC l’an, c’est 12,50 le mois, c’est 0,40 le jour. 150 FC l’an, c’est 3 fois moins le mouchoir en papier, 5 fois moins l’œuf bouilli…

Omer Nsongo die Lema

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