Faits d’actu Lors des messes dominicales du 7 janvier, les catholiques de Kinshasa ont prié pour les victimes des inondations en RD-Congo. La montée exceptionnelle du niveau d’eau du fleuve Congo a provoqué des inondations dans plusieurs quartiers de la capitale et certaines églises ont suspendu les cultes.
Le 7 janvier, pour la solennité de l’épiphanie, plusieurs paroisses du diocèse de Kinshasa (RD-Congo) ont prié pour les victimes des inondations provenant de la crue du fleuve Congo. « Nous avons le devoir d’assister nos frères victimes d’inondations, et prier pour que la situation s’améliore rapidement, » a expliqué le père Louis Ngoy, curé de la paroisse Sainte Perpétue de Kinsuka.
Dans l’ouest de Kinshasa, au quartier Kinsuka pêcheur et Mbudi, plusieurs habitants ont été obligés progressivement d’abandonner leurs maisons depuis la deuxième moitié du mois de décembre suite aux inondations. Celles-ci touchent plusieurs provinces comme l’Équateur, la Tshopo, et le Kongo Central.
Le 28 décembre, la Régie des voies fluviales (RVF) avait prévenu de l’évolution exceptionnelle du niveau d’eau du fleuve Congo (5,94 m) et l’allure de la remontée des eaux une situation qui se rapproche à celle de 1961 ou la montée était de 6,26 m. La RVF avait demandé aux autorités publiques et à la population de prendre les dispositions qui s’imposent, « afin de se prémunir de ces inondations qui touchent la quasi-totalité de la plaine inondable de Kinshasa menaçant les activités économiques, les populations riveraines, et exposant la population aux pertes en vie humaine et biens ainsi qu’aux maladies d’origines hydriques ».
Des populations attendent l’assistance du gouvernement
Au quartier Kinsuka, Simon Mbuyi, chef du quartier estime que pour le moment aucune mesure officielle n’a été communiquée par le gouvernement. « Nous n’avons reçu aucune directive ou assistance de la part du gouvernement, déclare-t-il. Néanmoins, chaque matin et soir, nous faisons un tour dans le quartier pour évaluer la montée des eaux et sensibilisons les populations. Grâce à Dieu, aucune perte en vie humaine n’a été signalée ».
Un peu plus loin, à Mbudi, au moins une dizaine des familles vit les pieds dans l’eau. Anne, veuve et mère de cinq enfants et ses locataires ont décidé de prendre le risque de rester sur place ne sachant pas où aller. « C’est depuis le 29 décembre que nous sommes dans cette situation. Nous n’occupons que le deuxième niveau de l’immeuble, car nous n’avons nulle part où aller, se plaint-elle. Pour sortir, nous empruntons une pirogue préfabriquée par des jeunes du quartier ».
D’après Alfred Ntumba, spécialiste des questions environnementales, et directeur général d’Environews RDC, la montée des eaux du fleuve Congo n’est pas nouvelle : « Chaque année, le fleuve Congo connaît des périodes de crue, mais aussi d’étiage sévère. Mais ce qui est beaucoup plus inquiétant, c’est la fréquence de ces crues particulièrement en cette période ».
Qu’en pense le spécialiste ?
« Cette montée des eaux du fleuve Congo est justifiée notamment par le fait que l’année 2023 est une année El Niño. Ce courant d’air chaud est souvent à la base d’abondantes précipitations, selon les scientifiques », explique encore le spécialiste. Et d’ajouter, « la position de RD-Congo à cheval sur l’Équateur a accentué cette situation. Donc on peut dire que cette montée est consécutive à la pluviométrie excessive observée durant les trois derniers mois » .
Alfred Ntumba, a également souligné les effets du changement climatique : « Avec la montée des eaux au niveau international, le fleuve Congo n’est pas épargné non plus ». Pour lui, « cette situation sévit presque dans toute la sous-région du Bassin du Congo et on observe également des inondations dans plusieurs pays d’Europe et d’Amérique durant la même période ». Aux yeux d’Alfred Nyumba, la situation de la RDC est dramatique, car le pays manque des infrastructures adéquates devant aider à faire face à ce genre de problème. « Le manque d’anticipation et la non prise en compte des recommandations des experts sont autant de facteurs qui ont exacerbé ces inondations », se désole-t-il.
Prisca Materanya (à Kinshasa)