En République démocratique du Congo (RDC), après sa révision, le débat sur le contrat minier chinois demeure d’actualité. Si la majorité de congolais a salué cette révision qui a abouti à la signature de l’avenant numéro 5, certains restent critiques à l’égard de la convention, malgré les réajustements apportés dans les négociations notamment pour ce qui est de l’enveloppe destinée aux projets d’infrastructures qui est passée de 3 à 7 milliards de dollars américains. Les plus radicaux vont jusqu’à proposer la résiliation de la convention. Ce, sans penser aux conséquences que pourrait subir le pays si pareil scénario se produisait.
Pour comprendre l’importance du contrat Sicomines, il convient de remonter dans le passé et scruter le contexte dans lequel il a été signé, qu’a-t-il apporté comme contribution au développement économique de la RDC depuis le début de sa mise en œuvre jusqu’à ce jour. Mais aussi ce qu’il va apporter dans les années avenir.
Résoudre le problème d’insuffisance des ressources financières internes pour la mise en œuvre des projets de développement
En 2006, la RDC, alors dirigée par le président Joseph Kabila, se lance sur la voie de la reconstruction avec le programme de gouvernement appelé “5 chantiers”. Cependant, le pays qui sort de la guerre fait face à une situation d’insuffisance de ressources financières internes pour mettre en œuvre cet ambitieux programme. Dans cette situation de crise économique, la RDC ne pouvait plus contracter de prêts même auprès des partenaires dits traditionnels dont le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale.
Durant cette période, la RDC était également considérée sur le plan international comme une destination à haut risque pour les investissements étrangers. Aucun pays au monde ne voulait venir investir au Congo-Kinshasa. Après s’être tournées vers les européens et les américains sans succès, les autorités congolaises vont décider de contacter les chinois pour espérer trouver des financements pour les projets de développement. C’est ainsi que, le 22 avril 2008, le Gouvernement congolais va signer une Convention de Collaboration avec le Groupement d’entreprises chinoises représenté par les Entreprises CREC et Sinohydro.
L’objectif pour la RDC était de trouver des ressources financières nécessaires à la réalisation des projets d’infrastructures nationales et à la modernisation du pays. Pour le Groupement d’entreprises chinoises, par contre, le besoin était d’investir dans le domaine de métaux non ferreux sur le territoire de la RDC. Ainsi, la RDC s’est engagée à céder les droits et titres miniers couvrant les gisements miniers de Dikuluwe et Mashamba, à Kolwezi, détenus par la Gécamines, à la joint-venture Sicomines créée dans le cadre de la Convention de coopération. De son côté, le GEC s’est engagé à mobiliser et à mettre en place le financement pour la construction des infrastructures en RDC et à financer le développement des concessions minières : c’est le second volet de la Convention.
Les risques pris par les investisseurs chinois
A cette époque, faut-il le souligner, les entreprises chinoises ont pris le risque de venir investir là où tout le monde ne voulait pas investir. Car, les deux carrières minières cédées par la Gécamines à la jointe-venture Sicomines étaient couvertes d’eau. Il fallait vider cette eau pour procéder à l’exploitation minière. Un exercice qui a coûté un énorme investissement. La zone d’exploitation était également sans électricité. Aussi, les entreprises chinoises ont accepté de financer les projets d’infrastructures avant même de produire la première tonne de cuivre. En effet, les premières infrastructures ont été lancées au lendemain de la signature de la Convention, alors que la production minière a démarré en 2015, soit huit ans après.
Des nombreux projets d’infrastructures réalisées et une contribution dans le social
En ce qui concerne ces projets d’infrastructures en RDC, plus d’un milliard de dollars américains ont été affectés par la Sicomines dans le cadre du programme Sino-Congolais. Ainsi, au moins 43 projets d’infrastructures ont été réalisés à ce jour sur toute l’étendue du pays comprenant la capitale Kinshasa et de différentes provinces telles que : Haut-Katanga, Lualaba, Nord-Kivu, Tshopo et Sud-Kivu. La Sicomines a financé la construction de plus 480 Km de routes, parmi lesquelles le Boulevard du 30 juin, l’Avenue du Tourisme et le Boulevard Triomphal à Kinshasa, la route Nzolana, le tronçon routier Lubumbashi-Kasomeno sur la RN5, le tronçon routier Beni-Luna sur la RN4, la réhabilitation de la voirie de Kolwezi ainsi que plus de 100 000 mètres carrés de bâtiments et ouvrages, à savoir l’Hôpital du Cinquantenaire, l’Esplanade du Palais du Peuple à Kinshasa.
On note également la construction des stades de football à Kalemie, Bunia, Goma et Bukavu (en cours de construction) ; l’acquisition d’une unité de production des préfabriqués pour le volet habitat, l’acquisition des groupes électrogènes pour accroître le taux de desserte en électricité de certains chefs-lieux des provinces et l’acquisition des poteaux solaires pour l’éclairage public de certains chefs-lieux des territoires. D’autres travaux d’infrastructures sont en cours de construction et d’autres vont suivre.
A ceux-là s’ajoutent les réalisations dans le cadre de l’exécution du cahier des charges en faveur des communautés locales, les actions sociales menées à travers toute la RDC. Mais aussi la contribution dans le domaine de l’emploi avec la création de 7 300 emplois locaux, dont plus de 2 100 employés travaillent à la Sicomines S.A., et 5 200 employés travaillent dans les entreprises sous-traitantes.
Construction d’une mine écologique
Dans la perspective de créer une marque minière internationale en RDC, la Sicomines S.A. a construit une mine écologique avec un investissement de plus de 69 millions USD pour la protection de l’environnement, dont plus de 3 millions USD aété investis dans l’exploitation minière ; plus de 56 millions dans la section de concentration et plus de 9 millions d’investissement pour les mesures de protection environnementale. Ensuite, pour combler le déficit d’énergie de notre pays, la Sicomines S.A. a investi 656 millions USD pour la construction de la « centrale hydroélectrique de Busanga », devenant ainsi la seule société minière en RDC à financer une centrale hydraulique dont l’électricité bénéficiera non seulement à la production minière mais aussi à la population congolaise.
La RDC de nouveau fréquentable sur les plans économique et financier
En dehors de ces réalisations, il sied de noter que ce Projet de Coopération a entraîné d’autres effets positifs en faveur de la RDC. Sur le plan international, l’opinion et les partenaires traditionnels se sont rendus compte que la RDC redevenait un pays fréquentable sur le plan économique et financier, un partenaire crédible avec lequel on peut négocier. Bien plus, la RDC se trouve, du coup, dans une meilleure posture qui lui permet d’obtenir plus et mieux dans des conditions autrement plus avantageuses.
Dans le domaine minier, la Convention de Collaboration, ayant été à la base de la révisitation des contrats miniers, a permis à l’Etat Congolais d’améliorer tant soit peu la position des entreprises minières nationales dans les différents partenariats signés avec les entreprises étrangères. Cette amélioration peut être appréhendé de travers le réajustement à la hausse tant du taux de participation au capital de différentes joint-ventures que de la valeur du ‘pas de porte à la tonne de cuivre, sans que ces joint-ventures atteignent les conditions offertes par la Sicomines Sarl d la Gécamines.
Les conséquences d’une éventuelle résiliation du contrat
Avec tous les éléments énumérés ci-haut en termes de contribution du contrat minier chinois au développement économique de la RDC, la résiliation dudit contrat pourrait être un coup dur pour la RDC qui devra chercher un autre moyen pour financer les projets d’infrastructures. Car, le projet Sicomines est le seul projet de joint-venture qui contribue au financement des projets d’infrastructures en RDC. Une résiliation du contrat pourrait donc entraîner l’arrêt des tous les travaux d’infrastructures qui sont en cours d’exécution et ainsi freiner l’élan de développement économique qu’a pris le pays à travers la Convention.