
Les récentes inondations provoquées par le débordement de la rivière Ndjili ont mis à nu la fragilité de la ville de Kinshasa face aux aléas climatiques. Mais au-delà des pertes matérielles et des déplacements de population, un danger beaucoup plus sournois menace : celui de la propagation d’épidémies d’origine hydrique.
En tant qu’expert en environnement et santé publique, je tiens à alerter tant le gouvernement que la population sur l’urgence d’agir pour prévenir une crise sanitaire imminente.
Les inondations, un catalyseur de maladies
Lorsqu’une inondation survient dans un environnement à faible couverture sanitaire, les risques d’épidémies augmentent de manière exponentielle. L’eau stagnante devient un vecteur de transmission de maladies telles que le choléra, la dysenterie, l’hépatite A ou encore la typhoïde. Ces pathologies se propagent rapidement dans les quartiers où l’eau potable se fait rare, où les déchets ne sont pas évacués, et où les latrines sont inondées.
Dans plusieurs communes de Kinshasa, notamment celles traversées ou bordées par la rivière Ndjili, ces conditions sont malheureusement réunies. Il serait donc irresponsable d’attendre l’apparition des premiers cas pour réagir.
Recommandations urgentes aux autorités
Déploiement rapide des équipes de veille sanitaire dans les zones inondées ; Distribution d’eau traitée, de pastilles de purification et de kits d’hygiène aux ménages affectés ; Assainissement d’urgence des zones critiques, en particulier autour des marchés, écoles et lieux de culte ; Installation de stations de lavage de mains publiques et mise à disposition gratuite de savon ; Lancement d’une campagne d’information multisectorielle, en collaboration avec les leaders communautaires et les médias locaux.
Responsabilisation de la population
Les autorités seules ne peuvent contenir ce risque. Chaque citoyen doit prendre ses responsabilités : Bouillir l’eau avant consommation ; Ne pas jeter les déchets dans les caniveaux ou les rivières ; Protéger les enfants des eaux stagnantes ou contaminées ; Se rendre immédiatement dans un centre de santé en cas de symptômes (diarrhée, vomissements, fièvre).
Une approche intégrée, une réponse durable
Ce type de catastrophe ne doit pas seulement être géré en urgence. Il doit également pousser à des réformes structurelles dans notre politique d’aménagement du territoire, de gestion des déchets et d’assainissement. Il est temps d’intégrer les questions environnementales au cœur de notre planification urbaine.
J’invite donc le Gouvernement de la République, à travers les ministères compétents, à prendre des mesures fortes, coordonnées et durables, en collaboration avec les partenaires techniques et financiers, pour que Kinshasa devienne résiliente face aux changements climatiques.
Nous avons l’expertise, les outils et les partenaires. Ne laissons pas une inondation se transformer en tragédie sanitaire.
Ir Env. Msc Malick Muamba Tshibangu/Ministère de l’Environnement et Développement Durable (MEDD).