Sous le thème : “S’associer pour promouvoir la modernisation et construire une communauté de destin Chine-Afrique de haut niveau”, le neuvième sommet du FOCAC a pris la grande résolution d’un engagement de 50 milliards de dollars pour le développement de l’Afrique au cours des trois prochaines années. Les dix actions du Président Xi Jinping en faveur de l’Afrique ont été dévoilées au cours de ce sommet.
Il s’agit en premier de l’Action de partenariat pour l’inspiration mutuelle entre les civilisations. “La Chine bâtira avec l’Afrique une Plateforme sino-africaine d’échanges d’expériences sur la gouvernance, un réseau Chine-Afrique de connaissances sur le développement et 25 centres d’études sur la Chine et l’Afrique.
« Elle accompagnera le continent africain dans la formation des talents en matière de gouvernance en s’appuyant sur les académies de leadership africaine et invitera 1000 personnalités de partis politiques africains en Chine afin d’approfondir les échanges d’expériences sur l’édification des partis politiques et la gouvernance d’État », a indiqué Xi Jinping.
En outre, il a souligné que la Chine élargira de sa propre initiative et de façon unilatérale l’ouverture de son marché, en accordant un traitement de tarif douanier zéro à 100% pour les produits africains exportés vers la Chine.
La Chine, entend faire du grand marché chinois une grande opportunité pour l’Afrique. “Elle élargira l’accès des produits agricoles africains à son marché, approfondira la coopération sino-africaine sur l’ e-commerce et autres domaines, et mettra en œuvre un programme sino-africain sur le rehaussement de la qualité”, a-t-il soutenu.
Il a indiqué que la Chine travaillera avec l’Afrique pour bâtir des cercles du développement de la coopération industrielle, développer la zone pilote Chine-Afrique pour la coopération économique et commerciale approfondie et lancer un programme de renforcement des capacités des Petites et Moyennes Entreprises (PME) africaines.
La Chine travaillera également avec ses partenaires africains à une coopération de qualité dans le cadre de l’initiative “la Ceinture et la route” afin de bâtir un réseau d’interconnexion terrestre et maritime pour le développement coordonné.
Par ailleurs, dans le cadre de l’Initiative mondial pour le développement, 1000 projets de bien-être social ont été annoncés par le Président XI au profit des pays africains, 2000 professionnels médicaux chinois seront envoyés en Afrique pour aider à lutter contre les épidémies. Dans la même optique, 20 projets d’infrastructures médicales seront réalisés.
Pour lutter contre la faim, la Chine a annoncé une aide alimentaire d’urgence d’un milliard de yuans au profit de l’Afrique. Par ailleurs, 500 agronomes envoyés sur le continent en vue de créer une alliance Chine-Afrique sur l’innovation scientifique et technologique agricole.
Les échanges humains et culturels constituent un vecteur important de la coopération sino-africaine. Sur ce point, les deux parties se sont convenues d’organiser en 2026 l’année sino-africaine des échanges humains et culturels.
En ce qui concerne le développement vert, le président chinois, qui y accorde une grande importance, a fait savoir qu’il mettra en œuvre, en Afrique, 30 projets d’énergies propres et des plateformes sur l’alerte météorologique précoce
Dans le cadre de l’Initiative pour la sécurité mondiale, des aides militaires sans contrepartie d’un milliard de Yuans et une formation au profit de 6000 professionnels militaires et 1000 agents de police seront organisés. Des exercices et patrouilles conjoints entre les armées chinoises et africaines seront menés en vue de préserver ensemble la sécurité des projets et des personnels.
Au cours de ce neuvième sommet du FOCAC, le Président Félix Tshisekedi a exprimé sa reconnaissance aux acquis du partenariat Sino-Congolais :« Nous sommes profondément reconnaissants pour le soutien continue de la Chine au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies notamment pour garantir le respect de notre souveraineté et la stabilité dans la région des Grands Lacs», a déclaré le Chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi lors du tête-à-tête avec son homologue chinois, d’après la presse de la Présidence congolaise.
Il a particulièrement salué l’influence de la Chine sur la levée de l’embargo sur l’achat des armes qui frappait la RDC, alors qu’elle est injustement agressée par le Rwanda et les terroristes du M23.
Le Chef de l’État a par ailleurs réaffirmé l’engagement indéfectible de la RDC envers la politique d’une seule Chine en reconnaissant que Taïwan fait partie intégrante du territoire chinois. Selon lui, « du point de vue du droit international, cette position reflète notre respect pour la souveraineté de la Chine et la confiance mutuelle qui caractérise notre relation. »
Le Président de la République a saisi cette occasion pour réitérer officiellement son invitation à son homologue chinois à visiter la RDC. « Ce serait un symbole fort de l’amitié entre nos deux nations et ouvrirait une occasion précieuse de renforcer encore et davantage notre relation personnelle », a-t-il dit au Président Xi Jinping.
Après, le sommet du FOCAC 2024, la RDC a constitué une Task force qui a pour mission de recenser les projets bancables capables d’assurer une meilleure connectivité de la RDC, aussi bien au niveau africain qu’avec la Chine. Les ministères membres de cette Task Force ont travaillé à l’identification des projets disposant déjà d’études et de ceux qui nécessitent encore des analyses, afin de les aligner pour obtenir des financements chinois.
Cependant, la RDC devra faire un effort considérable pour s’approprier de l’opportunité qu’offre la Chine et aligner de bons projets avec une forte capacité d’absorption, dans le souci de renverser les tendances selon lesquelles la RDC avait une faible capacité d’absorption des financements. Quatre secteurs ont été identifiés comme prioritaires. A savoir : l’agriculture, la transformation minière, le numérique et l’économie verte.
L’Ambassadeur Zhao Bin a précisé au cours d’un échange, avec les Ministres membres de la Task force, que la RDC peut aussi se faire aider par les experts de l’Ambassade de Chine et des entreprises chinoises pour l’élaboration des projets et l’étude de faisabilité.
Chaque projet sélectionné devra être évalué et validé par la Task Force avant d’envoyer à la partie chinoise pour financement. Quant aux modalités de ces financements, la Chine peut le faire de trois (3) façons : à travers les institutions financières comme la Banque Africaine de Développement (BAD) par exemple, à travers les entreprises chinoises et la troisième façon c’est de financer directement les projets présentés par le Gouvernement de la RDC.
L’impact du FOCAC 2024 sur la coopération minière et la sécurité des investissements chinois
Bien que le sommet du FOCAC 2024 ait réaffirmé l’engagement de la Chine et de la RDC à renforcer leur coopération, y compris vraisemblablement dans le secteur minier, les tendances récentes suggèrent une approche plus prudente de la part de la Chine en matière d’investissements en RDC. Il est donc probable que la coopération minière entre la Chine et la RDC se poursuive, mais avec une attention accrue sur les conditions économiques de la RDC qui n’a pas encore assaini son climat des affaires malgré que cette problématique ait eu à occuper une place de choix dans la communication du Président Felix Tshisekedi lors de la réunion du conseil des ministres du 21 juin 2024.
L’assainissement de climat des affaires contribuera à sécuriser les investissements chinois existant en RDC et attirer les nouveaux investisseurs.
Toujours dans le registre des impacts, nous notons l’affermissement de la coopération minière entre la Chine et la RDC qui évolue vers un modèle davantage axé sur la transparence, l’équité et des conditions mutuellement bénéfiques. Quant aux engagements pris au FOCAC 2024, les incidences se manifesteront probablement dans les négociations de contrats d’investissements futurs.
Quant à la sécurité des investissements chinois dans le secteur minier en RDC, bien que ces investissements soient stratégiques et soutenus par des relations bilatérales solides, ils sont toutefois exposés à des risques qui limitent leur sécurité absolue. Ces risques sont d’ordre politique, sécuritaire, social et géopolitique.
Pour renforcer leur sécurité, il est essentiel d’améliorer la transparence et l’équité des contrats, le gouvernement congolais doit veiller à la stabilisation des zones minières. Les entreprises de leur côté, devront continuer de répondre efficacement aux préoccupations locale en investissant dans le développement communautaire, en respectant les normes environnementales et sociales.
La sécurité des investissements dépend aussi d’un équilibre entre les intérêts chinois, congolais ainsi que de l’environnement et pesanteur internationaux.
Coopération Sino-Congolaise : Inauguration du Centre Culturel et Artistique pour les pays de l’Afrique centrale
Dans la liste des bâtisses symboliques de la ville de Kinshasa, construites avec l’expertise chinoise, le Centre Culturel et Artistique pour les Pays de l’Afrique Centrale est le plus récent à être inauguré. Remis officiellement à la partie congolaise le 14 décembre après cinq années des travaux, ce prodige architectural s’inscrit dans le cadre d’une coopération entre la RDC et la Chine qui a apporté son aide “sans contrepartie”.
« C’est l’un des projets phares dans le cadre des “Huit actions majeures” du Sommet de Beijing du Forum sur la Coopération sino-africaine en 2018, le Centre culturel et artistique pour les pays de l’Afrique centrale à Kinshasa, abritant le plus grand opéra de l’Afrique centrale, constitue une miniature de la coopération amicale sino-africaine dans la nouvelle ère et incarne la profonde amitié unissant nos deux pays », a rassuré l’ambassadeur Zhao Bin.
Liliane Ahombo
CENTRE D’ETUDES STRATEGIQUES ET DE SECURITE INTERNATIONALE (CESSI)