
Thabo Senong se montre optimiste quant à l’avenir et à la dynamique du football des jeunes en Afrique.
Ancien entraîneur de l’équipe U-20 d’Afrique du Sud, qu’il a conduit à deux éditions de la CAN U-20 CAF TotalEnergies et aux Coupes du Monde U-20 de la FIFA, Senong est désormais chargé de favoriser le développement des jeunes talents au Malawi, en collaboration avec un projet ambitieux de la Fédération Malawienne de Football. Dans une interview pour CAFOnline, il a partagé des détails sur son rôle, les opportunités excitantes pour le football des jeunes en Afrique, et a souligné l’importance des données et de la technologie dans l’évolution de ce sport à ce niveau.
Félicitations pour votre nomination à la FIFA et au Malawi, comment vous sentez-vous ?
Merci beaucoup, je suis très honoré et reconnaissant. L’accueil de la FAM et de la FIFA a été excellent, et je suis impatient de relever ce défi.
En quoi consiste précisément votre rôle ?
Je suis nommé entraîneur des talents FIFA dans le cadre du programme TDS (Technical Development Scheme) de la Fédération Malawienne de Football. La FIFA collabore avec ses associations membres à l’échelle mondiale pour les aider à atteindre leur potentiel en matière de développement des jeunes. Dans ce cadre, FIFA propose un programme unique et passionnant pour offrir à chaque jeune talent une chance de se former avec les meilleurs, tout en leur offrant la possibilité de se mesurer à d’autres au niveau des compétitions nationales. Je suis heureux d’être au Malawi et d’aider à la détection des talents, leur développement et à l’éducation des entraîneurs à ce niveau.
Vous avez été choisi en raison de votre parcours impressionnant dans le football des jeunes. D’où vient votre passion pour ce domaine ?
J’ai eu la chance de faire partie des programmes de football des jeunes en Afrique du Sud, notamment dans des académies de renom telles que celle des Orlando Pirates, Mamelodi Sundowns, Diambars, et bien sûr, ma plus grande mission a été de rejoindre les équipes nationales de la SAFA, où j’ai travaillé comme assistant coach des U-17, entraîneur principal des U-20, assistant coach des U-23 et enfin assistant coach de Bafana Bafana.
Vous avez connu un grand succès avec l’équipe U-20 sud-africaine, avec des qualifications pour deux éditions de la CAN et des Coupes du Monde U-20.
Mon objectif personnel était d’aider la SAFA à atteindre son potentiel. Mon but était de poser des bases solides pour l’équipe nationale senior (Bafana Bafana). Nous avons dû recruter les bons talents pour les équipes nationales juniors, remporter les tournois régionaux (Cosafa) et être présents à chaque tournoi de la CAF et à chaque compétition FIFA. Aujourd’hui, l’équipe senior récolte les fruits de cette fondation. Des joueurs comme Oswin Appolis, Lyle Foster, Tebogo Mokoena, Aubrey… sont nos diplômés.
Le football des jeunes connaît une forte montée en Afrique ces dernières années. À quoi attribuez-vous cette évolution ?
De nombreux pays comme l’Afrique du Sud, le Maroc, la Tanzanie, le Malawi, pour ne citer que ceux-là, ont mis en place des compétitions nationales de jeunes, telles que des ligues réservées aux U-20 et U-23, afin de préparer les jeunes aux exigences compétitives du football. La FIFA propose également des formations de coaching spécialisées, telles que la Licence Jeunes FIFA, le cours pour entraîneurs de gardiens de but FIFA et le cours de conditionnement physique FIFA. L’évolution du football a aussi intégré l’importance des sciences et des analyses, et je suis heureux de voir de nombreux entraîneurs appliquer ces disciplines au football des jeunes.
Quelles tendances observées dans le football moderne vous semblent importantes ?
Le football moderne est devenu plus complexe. On voit des formations multiples au cours d’un même match, influencées par des stratégies visant à surprendre constamment l’adversaire. Il devient donc essentiel pour les formateurs de penser constamment au joueur du futur. Ce joueur doit être flexible, polyvalent et adaptable aux exigences du football moderne. Dans certains cas, un joueur doit être prêt à jouer 2-3 postes en une saison, voire à occuper plusieurs positions dans un même match en fonction des phases de jeu, en possession, hors de possession et lors des transitions.
L’émergence des jeunes entraîneurs africains est également un phénomène marquant. Quel est votre avis sur cette tendance ?
Il faut d’abord saluer les entraîneurs expérimentés qui ont eu l’audace de bâtir leur staff autour de jeunes entraîneurs talentueux et compétents. Ce choix a conduit à l’émergence de coachs innovants et excitants à travers le continent, comme Fadlu Davids avec Simba, Rulani Mokwena avec Wydad, Peter Mponda au Malawi, pour ne citer qu’eux.
Selon vous, que doit encore faire l’Afrique pour rivaliser avec des nations comme l’Espagne sur la scène mondiale ?
Pour combler les écarts techniques avec les équipes européennes, il est essentiel de se concentrer sur l’éducation dans le développement des jeunes, la formation des entraîneurs et les programmes d’échanges avec les clubs européens. Les équipes africaines doivent prioriser l’analyse de données, la vidéo, la psychologie du sport et les sciences du sport. Les clubs professionnels africains doivent investir davantage dans la création de programmes élites de jeunes, en prenant exemple sur des clubs comme Red Bull Salzbourg, Ajax Amsterdam et Borussia Dortmund.
Qui selon vous sont les trois meilleures nations de football africaines et pourquoi ?
C’est une question difficile, mais je dirais que le Maroc, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Nigéria et l’Afrique du Sud figurent parmi les meilleures, grâce à leur capacité à exporter de jeunes talents dans les ligues européennes de haut niveau, la compétitivité de leurs ligues locales et leurs performances sur la scène continentale.
En 2025, quel serait votre vœu le plus cher pour le football des jeunes en Afrique ?
Trois priorités : d’abord, que la CAF mette en place un symposium sur le coaching des jeunes pour équilibrer techniquement les nations. Ensuite, qu’une licence CAF pour les entraîneurs de jeunes soit instaurée, afin de permettre aux coachs de se spécialiser. Enfin, il est impératif de créer une Ligue des champions CAF pour les clubs de jeunes.