26 au départ, à deux semaines des élections de décembre 2023, les statistiques montrent que quatre des prétendants au Palais de la Nation de Kinshasa se sont ralliés à Moïse Katumbi dont le dernier en date, est Delly Sesanga. Le 3 décembre 2023, le leader du parti ENVOL (Ensemble des volontaires pour le développement de la RDC), a rejoint le camp Katumbi. Le camp de l’ancien gouverneur du Président du Tout puissant Mazembe, ancien gouverneur du Katanga et richissime homme d’affaires, se renforce. De son côté, le président Tshisekedi qui, en son temps, avait bénéficié des nombreux ‘transferts’ depuis le FCC, s’appuie sur l’armée électorale « Union sacrée de la Nation ». Et chacun dans « l’équipe Union sacrée » mouille le maillot pour la réélection du Président sortant, même si certains candidats députés semblent n’avoir pas pris sérieusement des dispositions pour la campagne comptant probablement sur une manne venant d’en haut ! Une sorte d’affairisme électoral. En outre, en plus de ce retour en force de Katumbi, bien de candidats dont Martin Fayulu, avec sa coalition Lamuka, ou encore le Docteur et prix Nobel de la paix 2018, Denis Mukwege, sont en embuscade pour tenter de barrer la route au Président sortant. Et le FCC, bien que hors-jeu, incrédule quant au succès du processus électoral, bien que ‘réserviste’, affirme qu’au cas où les élections avaient lieu, il brandira le ‘carton’ Katumbi. Finalement, il y a une sorte d’affairisme électoral ou mércato politique qui, même avec la vingtaine de candidats en lice, la présidentielle du 20 décembre prochain va se jouer probablement entre quatre grandes figures que sont le président sortant Félix Tshisekedi, Moïse Katumbi, Martin Fayulu et Denis Mukwege.
La campagne électorale démarrée le 19 Novembre 2023, se trouve en un tournant décisif. Deux semaines après le lancement de la propagande, le compte à rebours pour la tenue des élections est déclenché et chaque jour qui passe apporte son lot de surprise.
Jusque-là, à la présidentielle, deux candidats se sont démarqués des autres. Le président sortant, Félix Tshisekedi et son principal adversaire, l’ancien gouverneur du Katanga Moïse Katumbi. Quant à ceux qui restent, il s’observe de plus à plus de ralliement et des désistements en faveur du candidat n°3, Moise Katumbi. Entre temps, le candidat n°20, Félix Tshisekedi, qui dispose du soutien de l’Union sacrée ‘une famille politique rassemblant de nombreux leaders regroupés au sein d’une plate-forme bigarrée digne d’une armée des généraux’, selon des observateurs, ne cesse de conquérir des nouveaux ‘supporteurs’.
Aux côtés de ces deux poids lourds, on peut aussi noter l’émergence du groupe de l’ancien challengeur de Tshisekedi Fayulu et la présence de la Gouverneure honoraire de la Tshuapa, la numéro 9, Marie Josée Ifoku Mputa Mpunga qui affirme ne pas s’opposer à un quelconque régime, mais plutôt au « système de prédation instauré depuis 1885 à la Conférence de Berlin et perpétuer par les dirigeants congolais jusqu’à nos jours ».
Les affiches géantes du candidat Félix Tshisekedi pavoisent toutes les avenues de capitale, les carrefours et les lieux publics ainsi que dans toutes les provinces du Congo. C’est à croire qu’il est candidat unique tellement l’opposition semble inexistante. Les leaders de l’Union sacrée et autres partisans de ‘Fatshi Béton’ investissent rues, quartiers, réseaux sociaux et médias traditionnels pour inviter les électeurs à voter pour leur champion, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Face à la machine ‘Union sacrée’, une nouvelle coalition s’est créée autour de Moïse Katumbi, le regroupent dénommée “Congo ya Makasi” (un Congo fort), de l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo, du jeune leader du Maniema Seth Kikuni, du candidat lumumbiste Franck Diongo et de l’ancien président de l’Assemblée Provinciale du Kongo Central, Jean-Claude Vuemba, avec un ancrage puissant dans tout l’Est du pays. Mais, selon certaines sources, des discussions seraient en cours entre Moïse Katumbi et certains autres leaders de l’opposition afin d’élargir la base de ce regroupement pour parvenir à ébranler les certitudes du président Félix Tshisekedi et de ses alliés.
Bien que le clivage Katumbi-Tshisekedi soit net, ces deux camps n’ont pas le monopole du champ électoral. Un troisième pôle représenté par Martin Fayulu, le prix Nobel de la Paix 2018 le Docteur Mukwege, le pasteur Théodore Ngoy, Marie Josée Ifoku et le jeune Floribert Anzuluni. Toutefois, l’équipe de campagne Marie Josée Ifoku estime que leur championne, bien que soutenant l’unité dans la diversité, estime ne pas être dans cette dynamique qui demeure sous l’emprise du système de prédation instauré par la communauté internationale.
Financièrement pas aussi fort que les cas Katumbi et Tshisekedi, ce groupe lance ses appels plus dans les médias et réseaux sociaux, pour un « choix de programme plutôt que des noms qui n’ont rien fait pour ce pays », comme le martèle Marie Josée Ifoku. Cette dernière affirme quant à elle que l’objectif n’est pas de chasser un homme mais pour « éradiquer un système » par le ‘KOMBOLISATION’ (un concept lingaliste partant de Kombo-le ballai- pour nettoyer le système de prédation instauré dans le bassin du Congo depuis 1885).
FCC septique mais pourrait soutenir Katumbi
Pour la famille politique de l’ancien Chef de l’Etat et actuel Sénateur à vie, Joseph Kabila Kabange, le Front commun pour le Congo (FCC), les « élections prévues pour le 20 décembre 2023, sans convaincre techniquement qu’elles auront honnêtement lieu le 20 décembre 2023, en étant sincèrement crédibles, transparentes et apaisées », elle affirme comprendre que « le président Félix Tshisekedi n’a point organisé des élections pour qu’elles puissent avoir lieu le 20 décembre 2023, mais plutôt dictatorialement, même après 2 ans, c’est-à-dire en 2025 ».
Cette lecture du FCC, résulterait entre autre de la sortie de l’ancien président de la CENI, Corneille Naanga, qui a affirmé que « techniquement parlant, il est impossible que ces élections présidentielles, législatives et municipales trop mal organisées par le président Denis Kadima de la CENI, elles puissent avoir lieu le 20 décembre 2023 ». L’on peut ainsi comprendre aisément la non-participation ‘officielle’ du FCC aux élections de 20213.
Mais, à en croire le Révérend Barthélémy Luhuyunga, président international de l’ONG CAEPICO, si « jamais par un miracle incroyable ces élections organisées par le président Denis Kadima de la CENI (…) réussissent à avoir lieu le 20 décembre 2023, l’ancien président Joseph Kabila et sa famille politique, soutiendraient honnêtement le no 3, Moïse Katumbi Chapwe ».
Willy Makumi Motosia