Tribune libre: Parité homme-femme à l’heure du bilan

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Mme Charlotte Buimpe Diombelayi, Présidente nationale de la Ligue des Femmes de l’UDS (LIFUDS)

La Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 Février 2006 a inscrit la parité homme-femme à son article 14 : « L’Etat garantit la mise en œuvre de la parité homme-femme dans les institutions».

Cette parité qui est un instrument au service de l’égalité, consiste à assurer l’accès des femmes et des hommes aux mêmes opportunités, mêmes droits, mêmes occasions de choix, mêmes conditions matérielles tout en respectant leurs spécificités.

C’est un avantage économique et stratégique. Elle influe sur l’environnement de travail, offre une diversité des points de vue, un surcroit d’innovation et améliore l’image de marque de l’employeur. Si l’on veut, en effet, que notre pays sorte de la pauvreté, il faudra parvenir à l’égalité entre les sexes et à repousser les frontières des chances.

Pour ce faire, il faut investir dans l’instruction des filles et lever tous les obstacles juridiques qui empêchent les femmes à réaliser leurs potentiels. Nous constatons aujourd’hui que les femmes deviennent une grande force de changement.

Depuis l’instauration de la parité homme-femme en République Démocratique du Congo, quel bilan faut-il en tirer ?

Notre voyage à travers nos institutions à la lumière de tous les processus électoraux passés nous pousse à constater la faible participation aussi bien en tant que candidates qu’élues.

Présidence de la République

Aucune femme n’a jusqu’à présent été élue Cheffe de l’Etat en République Démocratique du Congo.

La première élection présidentielle de 2006 a connu 33 candidats à la présidentielle dont 4 femmes. Elles ont obtenu 1,35% des suffrages exprimés pour l’ensemble des candidats à cette élection présidentielle.

Lors de l’élection présidentielle de 2011, il n’y a eu aucune femme sur les 11 concurrents. En 2018, seule une femme sur les 21 candidats. Elle avait joué le rôle de figurante.

Gouvernement central

Il est intéressant de retenir que les gouvernements Gizenga n’ont compté que 5 femmes sur 44 membres soit 15,54%.

Les gouvernements Muzito avec 55 membres n’avaient aligné que 5 femmes soit 10,4%. Les gouvernements Matata Ponyo avec 36 ministres avaient fait appel seulement à 7 femmes.

Le gouvernement Samy Badibanga n’avait que 7 femmes sur 67 ministres soit 11,9%. Le gouvernement Bruno Tshibala n’avait également que 6 femmes sur 59 membres soit 10,1%.

Le gouvernement Ilunga Ilunkamba était composé de 65 membres dont 12 femmes soit 10%. Quant au premier gouvernement Sama Lukonde I, il comptait 56 membres dont 15 femmes soit 27%, une augmentation de plus de 10%. Par contre, le gouvernement Sama Lukonde II a aligné 16 femmes sur 57 membres soit 28%.

3. Parlement

a) Assemblée Nationale (500 membres)

2006

Hommes : 465 (91,6%)

Femmes : 44 (8,4%)

2011

Hommes : 457 (91,9%)

Femmes : 43 (8,1%)

2018

Hommes : 450 (89,7%)

Femmes : 50 (10,3%)

b) Sénat (108 membres)

2006

Hommes : 103 (95,4%)

Femmes : 5 (4,6%)

2011

Hommes : 100 (92,6%)

Femmes : 8 (7,4%)

2018

Hommes : 90 (82,6%)

Femmes : (17,4%)

Au regard de ces résultats, l’organisation internationale des parlements nationaux a classé la République Démocratique du Congo à la 154me place mondiale.

Gouverneurs de province

A ce jour, la République Démocratique du Congo n’a enregistré aucune femme Gouverneure de province élue. Sur les 23 des 26 Gouverneurs de province qui ont été élus en avril 2019 par les membres des Assemblées Provinciales de 2018, seules deux femmes ont été élues Vice-Gouverneur au Lualaba et au Kasaï-Oriental. Madame Fifi Masuka du Lualaba assume jusqu’à ce jour l’intérim de son titulaire.

En 2006, il n’y avait ni Gouverneur ni Vice-Gouverneur femme dans les 11 provinces de l’époque. En mars 2016, le passage de 11 à 26 provinces n’a pas permis aux Assemblées des provinces démembrées soit 15 nouvelles provinces d’élire une femme au poste de Gouverneur de province.

CENI

La nouvelle équipe dirigeante de la CENI qui a procédé à la remise et reprise le 27 Octobre 2021, il y avait 4 (33%) sur les 12 de 15 membres investis après une cérémonie de prestation de serment devant les juges de la Cour Constitutionnelle.

Importance de l’électorat féminin

En effet, la proportion des femmes enrôlées comme électrices varie de 52,2% en 2006, de 49,8% en 2011 et de 50,6% en 2018.

Dans notre pays, tout montre que nous sommes encore loin d’atteindre la parité homme-femme. Il suffit de faire une étude dans les institutions publiques pour se rendre compte de la faible présence de la femme congolaise là ou se prennent les décisions.

Nous constatons que, depuis 2006, la République Démocratique du Congo n’a pas encore atteint la barre de 30% des femmes dans les institutions publiques.

Une petite augmentation de pourcentage des femmes est enregistrée mais le chemin est encore très long mais pas impossible.

Au regard de ce tableau très sombre, je lance un appel en direction de la femme congolaise : femme, on peut et doit faire mieux ! Car, quand les femmes réussissent, elles apportent de la diversité dans l’élaboration des politiques publiques et l’inclusivité dans l’action publique.

Les femmes sont des puissants moteurs de la croissance et de la lutte contre la pauvreté. Elles sont une force encore largement sous-représentée dans les processus décisionnels.

Pour que ce rêve devienne réalité, la femme doit éviter d’être un blocage pour elle-même. Elle doit prendre conscience de son apport dans les institutions

Les résultats susmentionnés ne reflètent pas l’importance de l’électorat féminin dans notre pays. Ils sont en deçà. Car, en parcourant le nombre d’électrices enrôlées par la CENI en 2006, 2011 et 2018, il saute aux yeux que les femmes sont plus nombreuses que les hommes.

Je vous remercie

Fait à Kinshasa, le 30 Mars 2023.

Camarade Charlotte BUIMPE DIOMBELAYI

Première Vice-Présidente Nationale de l’UDS

Présidente Nationale de la Ligue des Femmes de l’UDS

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